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Critique Ciné : La Voie de l'Ennemi, western union

Publié le 07 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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La Voie de l’Ennemi // De Rachid Bouchared. Avec Forest Whitaker et Harvey Keitel.


Je crois que ces derniers temps Forest Whitaker aime bien les cinéastes français. Après Zulu de Jérôme Salle, on le retrouve dans le tout nouveau film de Rachid Bouchareb (L’Attentat, Hors la Loi). La Voie de l’Ennemi est un film assez efficace, notamment dans sa manière de déconstruire la vie d’un homme qui voulait recommencer à zéro et tenter de vivre une vie normale après dix-huit années derrière les barreaux. Rachid Bouchareb met tout cela en scène dans un décor propice qu’est celui du Nouveau Mexique. Sans jamais réussir à nous plonger dans la torpeur du héros, le film parvient malgré tout à dessiner quelque chose d’intelligent autour de Garnett. On se passionne pour toutes ces choses qui vont l’empêcher de vivre une vie normale alors que d’un coup d’un seul il avait réussi à réunir tout ce qu’il faut pour qu’un homme comme lui, sortant de prison, puisse enfin vivre en paix. C’est sans compter sur le shérif Agati, toujours là quand il ne faut pas pour lui mettre des battons dans les roues ou encore son ancien patron toujours là pour le tenter afin qu’il raccrocher.
Garnett, ancien membre d’un gang du Nouveau Mexique vient de passer 18 ans en prison pour meurtre. Avec l’aide d’Emily Smith, agent de probation chargée de sa mise à l’épreuve, il tente de se réinsérer et de reprendre une vie normale. Mais Garnett est vite rattrapé par son passé. Le Sherif Bill Agati veut lui faire payer très cher la mort de son adjoint.
Le film n’est pas parfait, notamment car l’histoire donne parfois l’impression qu’elle part dans tous les sens. En effet, en voulant donner de l’importance à tous les personnages du récit (ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise idée), La Voie de l’Ennemi va à droite et à gauche. Au final on retrouve tout de même quelque chose d’assez efficace mais qui est un peu dur à suivre par moment. Car tout est brasser sans que l’on ait l’impression qu’il y ait une vraie cohérence entre les destins de tout le monde. On a notamment un meurtre qui va amener le shérif à pleurer. Si l’on peut se douter du parallèle que le film tente de faire, cette histoire n’aura aucun lien avec le reste et surtout aucune résolution. Dans de sublimes décors, Rachid Bouchareb s’amuse. On sent qu’il utilise ces grandes plaines, ces paysages désertiques mais également ces splendides couchés de soleil. C’est tout ce que l’on peut attendre d’un tel film et cela fonctionne. D’un point de vue purement visuel, c’est beau mais pas suffisamment rugueux. J’aurais aimé que l’on ressente au travers des décors le côté pensant et oppressant de l’univers dans lequel tente d’évoluer le héros.
Forest Whitaker (Le Majordome, Zulu) est brillant comme à son habitude. Cet acteur n’a pas d’égal et j’adore toujours le voir dans de nouveaux films. Surtout des films de ce genre là où l’on tente de le mettre au fond du gouffre (Zulu était un peu pareil au fond). Il y a donc des scènes particulièrement efficaces mais la violence est plus suggérée que réellement infligée (sauf à deux reprises où cela dénote vraiment dans le récit). La Voie de l’Ennemi manque parfois de rythme mais cette adaptation de Deux hommes dans la ville reste suffisamment attrayante pour attirer l’oeil du spectateur que je suis. J’aurais bien aimé que le film aille encore plus loin, notamment car il y avait largement de quoi faire mais bon, en près de deux heures, La Voie de l’Ennemi balaye tout ce qu’il avait à dire dans ce polar à l’ambiance sombre mais aussi teintée d’espoir (il y a cette volonté de s’en sortir tout de même qui rend le film optimiste malgré son destin). J’ai déjà hâte de voir ce que Forest Whitaker va bien pouvoir incarner prochainement tant cet acteur a vraiment le vent en poupe.
Note : 7.5/10. En bref, un récit parfois long et facile mais brillamment mis en scène et interprété.


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