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Château de Cadillac: Un lieu, plusieurs histoires

Par Carole Thiery @carole29t

De Cadillac, commune située à environ 35km de Bordeaux, je ne connaissais malheureusement que le célèbre centre de détention pour malades mentaux très dangereux… mais cette visite au château, qui appartient désormais aux’"Monuments Nationaux’", nous a fait passer une après-midi agréable et instructive.

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A notre arrivée, nous regardons de dehors les douves, totalement dévouées à la végétation de nos jours. Nous entrons dans un petit local qui sert à la fois d’accueil, de caisse et de boutique. La demoiselle qui s’occupe de ce lieu est avenante, et elle nous propose une visite guidée, ce qui normalement ne s’effectue que sur réservation. Il faut dire qu’à part ma soeur, mon mari et moi-même, seules 3 jeunes filles se joindront au groupe, l’affluence en cette fin du mois d’août n’est pas au zénith.

Nous acquittons un prix d’entrée de 5€ par personne, la visite guidée étant gratuite, ainsi qu’un petit livret d’accompagnement.

On nous prie de patienter un petit quart d’heure dans une salle ouverte, où l’on peut voir sur les murs les"‘arbres généalogiques"‘des familles liées à l’histoire de ce château.

Le guide arrive, nous serons donc 6. Il est simple, sympathique, très érudit et … finistérien!

Le guide commence ses explications par la’"cour d’honneur"‘: dès l’entrée dans cette cour, on constate à l’oeil même non averti la juxtaposition des deux histoires du château. Les ailes du château et la conciergerie sont très différentes de la partie principale, car elles ont été reconstruites au XIXème siècle pour servir aux besoins de l’administration pénitentiaire et aussi pour fermer la cour d’honneur, à l’époque plantée d’arbres, et où les détenues effectuaient leurs promenades quotidiennes et obligatoires, d’où la nécessité de fermer la cour pour éviter les tentatives d’évasion.

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(http://patrimoinecarceral.blogspot.fr)

Le corps principal du château et l’amorce des ailes reste donc la seule partie originale du château du duc d’Epernon.

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Le rez de chaussée du château est consacré à la période du Duc d’Epernon. Les salles sont simples et en profondeur, vides de meubles à quelques exceptions près, à gauche du grand escalier ce sont les appartements de la duchesse, à gauche du duc. Chaque appartement se compose d’une salle qui sert de vestibule et de salle de réception, puis d’une antichambre pour recevoir les hôtes importants, au décor plus soigné, et enfin d’une chambre, avec parfois une garde-robe et un cabinet. Dans chaque pièce trônent d""immenses cheminées d’époque"‘et des’"tapisseries"‘de style Aubusson, que le guide nous décrit fort bien. A l’époque pénitentiaire, les appartements de la duchesse servirent d’infirmerie de la prison avec 23 lits, seule pièce chauffée du château et donc très prisée. Quant aux appartements du duc, ils servirent de dortoir pour les convalescentes et on peut toujours y admirer un’"plafond magnifique"‘, à l’italienne.

Dans l’appartement de la reine, une salle fut également transformée en chapelle pour les 2 prières quotidiennes et obligatoires des détenues, dont on essayait de sauver l’âme perdue… la salle d’à côté servait de réfectoire pour les religieuses et de sacristie. Hélas, un incendie en 1928, allumé par des détenues rebelles, détruisit tous les décors de ces appartements royaux, à l’exception des cheminées de marbre.

A l’étage se trouvait l’appartement du roi. On revit l’époque très récente où le château fut utilisé comme prison pour femmes. Il accueillait des femmes coupables de vol, de meurtre ou d’infanticide, dans des conditions difficiles. Le guide nous fait visiter ce qui était leur dortoir, 200 lits se serraient dans une pièce certes grande, mais tout de même on imagine la promiscuité insupportable… une exposition de photos et de documents retrace le quotidien de ces femmes, le lever aux aurores, la prière, la toilette à l’eau froide, le seau dans la cheminée pour les besoins nocturnes de 200 femmes, le travail, l’interdiction absolue de parler… c’est assez impressionnant. Le parquet porte encore les traces des cloisons installées entre les lits pour éviter la communication et les

agressions pendant la nuit.

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(Cimetière de prisonnières – source: franceculture.fr)

Nous terminons la visite par un tour dans le jardin. C’est une reconstitution récente du jardin tel qu’il était au temps du duc d’Epernon, avec des fleurs, une grottes et des’"malices"‘(jets d’eau cachés qui se déclenchaient au passage d’un visiteur), un potager et un puits où les détenues allaient chercher l’eau, et où plusieurs noyèrent leur désespoir de manière définitive.

Ce château n’est certainement pas le plus magnifique des châteaux français, mais sa variété historique lui confère un intérêt à part.

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