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François Morellet « Rigoureux, Rigolard »

Publié le 07 mai 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

morellet vitrineLe point d'interrogation qui ponctue le titre de l'exposition "François Morellet, c'est n'importe quoi ?" à la galerie Kamel Mennour à Paris apparait comme un garde-fou superflu pour préserver l'intérêt que l'on peut porter, toutes recherches confondues, à cet artiste indocile, enfant terrible de quatre-vingt huit ans à l’œuvre insaisissable. Aujourd'hui encore, l'artiste permet de vérifier cette aptitude à prendre à contrepied celui qui croirait  pourvoir définir sans coup férir sa démarche.

« Rigoureux, Rigolard »

Il y a bien longtemps en effet que François Morellet déjoue en toute liberté les tentatives de cloisonnement. A l’époque de l’art cinétique triomphant, il participe, dans les années soixante, au «G.R.A.V.» qu’il fonde avec Hugo De Marco, Horacio Garcia-Rossi, Julio Le Parc, Francisco Sobrino, Joël Stein et Yvaral. Ce groupe expérimental, dans la mouvance de l’art cinétique, explore des voies novatrices qui restent très actuelles aujourd’hui dans l’optique d’un «art relationnel». Mais le chemin de Morellet s’éloigne de ces rives pour creuser sa recherche dans un art concret où le recours au hasard est déterminant. En cela il se singularise par rapport à ses amis de l’art cinétique.
Le rencontrant dans les années quatre vingt dix, je garde en mémoire l’œil pétillant d'un artiste  qui mettait un point d'orgueil à se définir comme  « Rigoureux, Rigolard ».

Less is more

morellet mennour
Aujourd'hui, l’œuvre de François Morellet  atteint, avec ces œuvres récentes, un point minimaliste que les artistes du l'art concret revendiquent dans un "Less is more" chauffé à blanc. Mais aussitôt cette affirmation faite, il faut se résoudre à accepter une lecture réaliste  des "Entre deux mers n°2 & n°3 " se renvoyant  d'un tableau au suivant la ligne d'horizon sur une mer indéfinie.  Pour autant, les œuvres minimalistes exposées ici, mises en perspective avec des tableaux de Morellet datant de .... 1949 ( inspirées par les arts premiers et plus particulièrement par les œuvres aborigènes exposées en 1950 à la galerie Raymond Creuze)  permettent de mesurer le cheminement implacable de François Morellet vers ce dépouillement absolu qui n'a pourtant rien de sévère. Nous ne sommes pas dans l'univers austère d'Aurélie Nemours mais dans celui d'un artiste toujours prêt à regarder son travail au second degré.
A la Défense, près de Paris, Morellet se voit offrir, en 1990, la possibilité de réaliser une œuvre liée aux bâtiments du Fonds national d’art contemporain. Comment rivaliser avec la Grande Arche toute proche ? La réponse de l'artiste : on ne rivalise pas !
Morellet n’aime pas cette réalisation massive qu’il estime rappeler le temps d’une architecture que n’auraient pas désavoué les staliniens ou les fascistes. Sa volonté est donc de jouer « contre » avec une structure qui « se casse la gueule » m’explique-t-il. Et face à la Défense son œuvre devient « La Défonce ».
Dans le second espace de la galerie, rue du Pont de Lodi, c'est son travail sur les néons qui est de retour dans cette installation occupant l'ensemble de la salle en sous-sol. Un programme gérant l'allumage des néons perturbe les repères du spectateur juché sur une passerelle conçue par Tadashi Kawamata.
Depuis plus de soixante ans qu'il expose, François Morellet garde cette fraicheur d'enfant qui, devenu jeune homme, s'employait à concevoir de nouveaux modèles dans l'usine de jouets familiale.

Photo: galerie Kamel Mennour

François Morellet, C'est n'importe quoi ?
En collaboration avec Tadashi Kawamata
Galerie Kamel Mennour
Du 29/03/2014 au 17/05/201
47 rue Saint-André des arts
& 6 rue du Pont de Lodi -
75006 Paris


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