Magazine Culture

Clair de femme de Romain GARY

Par Lecturissime

Clair de femme de Romain GARY

♥ ♥ ♥

"Vous êtes là, il y a clair de femme, et le malheur cesse d'être une qualité de la vie."

Ce que j'ai aimé :

Un soir de désuétude, deux êtres vont se frôler, pour ompre un instant leur solitude et leur souffrance. Michel aurait dû être dans un avion en partance pour Caracas, loin de sa femme Yannik qui met fin volontairement à une maladie qui la ronge dans un apparement tout proche, mais il n'a pas pu partir, pas voulu, alors il erre dans cette ville qui porte les débris de son amour. Lydia lutte pour retrouver un amour perdu depuis un tragique accident de voiture qui a rendu son mari infirme. Yannik voulait que Michel rencontre une autre femme pour que l'amour qui les liait perdure avec une autre. Cette autre sera-t-elle Lydia ? 

La beauté du texte et des dialogues prend à la gorge et inonde le lecteur d'émotions diverses. 

"L'éphémère vit d'éclairs  et je ne demande aps au bonheur une rente."

"Le sens de la vie a un goût de lèvres."

Detrès belles réflexions sur le couple illuminent cette liaison entre deux délaissés de la vie :

"Comment veux-tu distinguer le faux du vrai, quand on crève de solitude ? On reconntre un type, on essaie de le rendre intéressant, on l'invente complètement, on l'habille de qualités des pieds à la tête, on ferme les yeux pour mieux le voir, il essaie de donner le change, vous aussi, s'il est beau et con on le trouve intelligent, s'il vous trouve conne, il se sent intelligent, s'il remarque que vous avez les seins qui tombent, il vous trouve de la personnalité, si vous commencez à sentir que c'est un plouc, vous vous dites qu'il faut l'aider, s'il est inculte, vous en savez assez pour deux, s'il veut faire ça tout le temps, vous vous dites qu'il vous aime, s'il n'est pas très porté là-dessus, vous vous dites que ce n'est pas ça qui compte, s'il est radin, c'est parce qu'il a eu une enfance pauvre, s'il est mufle, vous vous dites qu'il est nature, et vous continuez ainsi à faire des pieds et des mains pour nier l'évidence, alors que ça crève les yeux et c'est ce qu'on appelle les problèmes de couple, le problème du couple, quand il n'est plus possible de s'inventer, l'un l'autre, et alors, c'est le chagrin, la rancune, la haine, les débris que l'on essaie de faire tenir ensemble à cause des enfants ou tout simplement parce qu'on préfère encore être dans la merde que de se retrouver seule."

Durant cette nuit d'errance Michel croise aussi la route du Senor Galba, dresseur de chiens émérite, qui attend la mort la "smrt" comme il préfère l'appeler parce que ces sonorités sont davantage en accord avec ce qu'elle est. 

Un très beau texte que je vous recommande en ce jour qui célèbre le 100ème anniversaire de la naissance de Romain Gary !

« Deux désespoirs qui se rencontrent cela peut bien faire un espoir ».

Ce que j'ai moins aimé :

- Rien, j'en réclame encore !

Premières phrases :

"Je descendais du taxi et la heurtai, avec ses paquets, en ouvrant la portière : pain, oeufs, lait se répandirent sur le trottoir - et c'est ainsi que nous nous sommes rencontrés, sous la petite pluie fine qui s'ennuyait." 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La promesse de l'aube

Clair de femme, Romain Gary, Folio, avril 1982, 180 p., 6.20 euros


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lecturissime 4403 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines