
Genre: gore, trash, harcore (interdit aux -18 ans)
Année: 1999
Durée: 1h05
L'histoire: Une journaliste enquête sur la mystérieuse disparition d'une actrice porno. Après avoir interrogé plusieurs témoins, l'un d'entre eux lui remet une cassette contenant un véritable snuff movie. Au fil de ses investigations et aidée par son équipe, elle remontera la filière et intégrera les milieux underground au point d'assister à des tournages interdits. Mais elle va payer très cher son incursion dans un monde secret et interdit.
La critique d'Inthemoodforgore:
A la base, je souhaitais vous proposer une "trilogie" de l'underground japonais avec Tumbling Doll of Flesh, Mu Zan E et Concrete-encased High School Girl Murder Case. Ce dernier m'ayant (pour l'instant) filé entre les doigts, la chronique sera assurée dans quelques temps par le big boss himself. Je me contenterai donc d'une "duologie", pas très français tout ça.
Vous n'avez pas été assez traumatisés par Tumbling Doll of Flesh ? Pas de problème, je reviens passer la deuxième couche et je vous propose de faire la connaissance de Mu Zan E. Du pur hardcore nippon propre à déstabiliser l'imaginaire des plus endurcis. Mais tout d'abord, que sont les muzan-e ? Et bien, il s'agit d'estampes représentant des viols, supplices et autres actes de torture.
Ces gravures réalisées sur bois ou sur métal appartiennent depuis la nuit des temps à la culture du pays du soleil levant. Il est à noter qu'elles ont grandement influencé les mangas actuels.
Le réalisateur Daisuke Yamanouchi reprend à son compte le pan de cette culture pour nous proposer un film bien glauque de derrière les fagots. Pas de doute, question trash Mu Zan E envoie méchamment le matos. Ceux qui lu ma chronique sur Tumbling Doll of Flesh ressentiront peut être un air de déjà vu. Cependant, malgré leurs thèmes communs du snuff et de la pornographie, les deux films n'ont vraiment rien en commun. Autant Niku Daruma est une oeuvre quasi expérimentale, proposant une seule unité de lieu et très peu de protagonistes, autant Mu Zan E ressemble plus à un vrai film.
Attention spoilers: Une journaliste enquête sur les milieux de la pornographie et la mystérieuse disparition d'une actrice. Face caméra, elle propose aux téléspectateurs de suivre son reportage. Elle commence ses recherches en visitant les sex shops puis elle est amenée à rencontrer plusieurs témoins, acteurs ou producteurs, de cette industrie bien particulière. Comme dans un vrai reportage, le visage des intervenants est souvent flouté ou plongé dans l'obscurité, le ton est sur dramatisé et les images sont filmées caméra à l'épaule.

Le récit de la journaliste est fréquemment interrompu par des images hardcore, à la faveur des cassettes qu'elles regarde et qu'elle fait partager aux spectateurs. Une première étape est franchie lorsqu'elle assiste à un tournage terriblement choquant où une femme est humiliée par deux hommes qui la force à déguster son tampon hygiénique encore sanguinolent.
Au fur et à mesure de ses investigations, elle est contactée par un témoin anonyme qui lui fait remettre une vhs. Lorsqu'elle la visionne, la journaliste constate avec effroi qu'il ne s'agit plus de pornographie mais de scènes où les tortures infligées sont bel et bien réelles. Dans sa quête de sensationnalisme, la journaliste et son équipe remontent peu à peu la filière, sortent de la ville et arrivent devant une maison isolée en pleine forêt. A peine arrivée, la journaliste est agressée par des hommes masqués qui la ligotent et la baillonnent. Elle se retrouvera à son tour torturée puis tuée à coup de cutter tandis que son équipe semblait s'être raliée aux tortionnaires.
Déjà coupable des débordements outranciers du dyptique Red Room, Yamanouchi enfonce le clou avec ce film d'une rare barbarie qu'est Mu Zan E. Sous couvert d'enquête journalistique, le réalisateur nous balance tout de même quelques scènes à la limite du soutenable: arrachage de téton avec les dents, excision au cutter avec gavage forcé du clitoris, broutage de minou avec recrachage de sang menstruel, évisceration d'organes génitaux etc.
La violence de Mu Zan E est avant tout une violence sexuelle, ce qui compte tenu de la thématique de l'oeuvre est somme toute assez logique. Il est dommage que nous soyons privés de sous titres car le film est assez bavard. A noter aussi pas mal de temps morts entre deux scènes chocs. Le manque évident de moyens (qui ont tous dû passer dans les effets spéciaux) se fait également sentir lors d'une fin conclue un peu à la hâte. Un fin curieuse d'ailleurs qui voit la journaliste, alors qu'elle se retrouve atrocement torturée, obligée de fumer une cigarette tout en "discutant" avec ses bourreaux.

Je soupçonne le réalisateur d'avoir voulu intégrer une note (un peu) légère pour dédramatiser l'ambiance glauquissime de la scène et du film en général. Celui ci n'est pas pour autant dénué de qualités et Yamanouchi se révèle être même assez bon derrière la caméra. Le postulat de départ, avec un documentaire en filigrane, était intéressant mais le côté répétitif des interventions de la journaliste devient vite lassant. L'histoire aurait mérité un meilleur traitement et la fin aurait pu être mieux travaillée. Au final, un sentiment étrange se dégage de cette oeuvre.
Cependant, ne vous méprenez pas sur mon analyse mitigée. S'il se situe un cran en dessous de Tumbling Doll of Flesh, le film de Daisuke Yamanouchi reste choquant, ignoble et d'une perversité très rarement vue à l'écran. Situé à l'extrême limite de la pornographie décadente pimentée d'un gore répulsif, Mu Zan E fera le bonheur des amateurs d'un cinéma sans concession et fera fuir tous les autres.
Quoiqu'il en soit, force est de constater que depuis une vingtaine d'années, les réalisateurs nippons règnent en maîtres sur le cinéma trash. Miike, Anaru, Sato, Matsumura repoussent à chaque fois un peu plus les frontières de l'intolérable. Avec Mu Zan E, Daisuke Yamanouchi n'est pas passé loin de les franchir. Jusqu'où donc s'arrêtera la surenchère ?
Note: ?
