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Côte d’Ivoire: "Les start-ups s’autofinancent en développant d’abord des services pour d’autres sociétés"

Publié le 09 mai 2014 par Pnordey @latelier

Les start-ups peinent encore à se développer en Côte d’Ivoire, par manque de financement et un Internet pas assez performant. Mais l’optimisme est de mise puisque le marché des télécoms progresse avec des ventes de smartphone et d’applications en progression.

Entretien dans le cadre de l’émission L’Atelier numérique sur BFM Business avec Régis Bamba, ingénieur de formation. Il est le fondateur d’une start-up spécialisée dans le cloud et la création de solutions et applications mobiles.

L’Atelier: La Côte d'Ivoire est-elle un terreau intéressant dans le domaine des nouvelles technologies et de l’innovation?

Régis Bamba : Absolument parce que tout d'abord les ventes de smartphones augmentent. De plus, l’accès à Internet devient plus facile et un peu moins cher. Le marché rend donc possible des applications télécoms haut débit.

Est-ce plutôt du prépayé ou les gens paient- ils un abonnement mensuel comme nous en France ?

C’est un système de pré-paiement. Vous avez environ 10 Go pour 20-22€ en moyenne. Ca fait cher pour les Ivoiriens mais les opérateurs proposent aussi un système de forfait à l’heure, ou à la journée. Donc c'est un peu plus abordable pour les utilisateurs. Mais quand vous êtes une start-up avec cinq développeurs qui ont des logiciels à télécharger, le débit n'est pas suffisant.

Mais quelles sont les solutions pour que les prix évoluent dans un sens favorable pour le consommateur?

Je pense qu’en plus il y a de la concurrence, plus les prix vont baisser. Là on a un nouvel opérateur qui est arrivé. Du coup, un autre opérateur a lancé une offre beaucoup plus abordable. Je ne sais pas si c’est lié à l’arrivée du nouvel opérateur ou si c'est autre chose. Mais en tout cas je pense que plus il y a de la concurrence, plus les prix vont baisser.

Qu’en est-il du développement des start-ups en Côte d’Ivoire ? L’écosystème est-il assez stimulant ?

Il y a plusieurs soucis pour les start-ups. Ce n'est pas évident pour les start-ups de trouver à se financer auprès des banques. Il n'y a pas eu de success story dans ce domaine donc les banques sont un peu réticentes à prêter de l’argent. Il y a aussi un souci de ressources humaines. C’est difficile de trouver par exemple un développeur compétent pour pouvoir mener à bien les projets. Et puis, Internet, bien qu’en progrès n’est pas toujours performant.

Mais alors, comment font les start-ups pour se financer et pour lever des fonds ?

La plupart du temps c'est de l’autofinancement. La start-up va chercher à fournir les services à d’autres clients pour se constituer un fonds et trouver le bon business model.

C’est d’ailleurs ainsi que vous avez autofinancé votre application "Taxi Tracker" ? En quoi consiste-t-elle ?

Oui, je l’ai développée avec mes fonds propres. Taxi Tracker est une application simple qui répond à d’importants problèmes d’insécurité en Côte d’Ivoire. Il s’agit d’indiquer à vos proches où vous vous trouvez lorsque vous vous déplacez en taxi en notant la plaque d’immatriculation du chauffeur. Il s’agit de dire à ses proches "Ok, je suis dans tel taxi. Je me trouve ici. Je vais là. Et voilà je suis arrivé en toute sécurité". Cela répond à un besoin local lié à l’insécurité. Elle a déjà été téléchargée environ 5 000 fois en trois semaines.

Cela signifie-t-il que les start-ups ivoiriennes doivent créer des applications à usage local plutôt qu’international ?

Absolument. Tout d'abord parce qu’il n'y a aucun marché d’applications en Côte d'Ivoire, le marché est vraiment vierge. Donc il y a beaucoup de choses à faire en local si bien que la plupart des start-ups essaient de résoudre les problèmes locaux avant de s’attaquer à des problèmes internationaux.

 

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