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Les politiciens, les routes, les ponts

Publié le 12 mai 2014 par Jclauded
La Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, la commission Charbonneau, a mis en évidence cette semaine l’ex-ministre péquiste Guy Chevrette qui a été longtemps ministre de différents ministères du gouvernement du Québec, dont celui du Transport. Il a été accusé, au début des séances publiques que tient la Commission, par un organisateur politique d’avoir reçu un montant de 100 000$ pour la construction d’une route, la 125 nord, au coût de 23 millions de $ dans son comté.
Chevrette a défendu férocement sa probité, son intégrité et a tout nié en rapport avec le présumé montant reçu. On ne pouvait s’attendre à autre chose. Mais ce qui a été plus révélateur, c’est son affirmation à l’effet que « le choix de la réalisation de grand projets routiers au Québec est politique ».
La 125 nord est une route (de qualité autoroute), en pleine forêt et montagnes, longue de plus de 40 de km. Depuis son ouverture au public, elle est très peu fréquentée. Je l’ai parcourue hier pour vérifier la véracité de cette affirmation et je n’ai croisé que trois automobiles qui venaient en sens contraire et des dizaines de cyclistes. J’ai compris pourquoi elle a le surnom « de la plus belle route cycliste au Québec ». C’est Chevrette qui a décidé de la construire supposément, dit-il, « pour des raisons de développement touristique de sa région de Lanaudière ». Les spécialistes du ministère du Transport, responsables de l’analyse des besoins routiers au Québec, sont venus témoigner à la Commission pour affirmer qu’ils n’étaient pas en accord avec la construction de cette nouvelle route 125 nord puisqu’ils ne pouvaient en démontrer la nécessité.
Pour justifier son raisonnement, Chevrette a donné cinq exemples de cas similaires de routes construites durant les dernières années, dont l’autoroute qui mène de la ville de Québec au Saguenay et l’autoroute 55 qui s’étend de la frontière canado-américaine (route de Boston) à la transcanadienne. Je connais ces deux autoroutes. Elles sont somptueuses et se déroulent dans un décor naturel de toute beauté. Mais elles sont peu achalandées et leur réalisation a coûté très cher.
Il me semble clair que les projets mentionnés plus haut font la preuve que la réalisation de grands projets routiers doit être basée sur des études de circulation sérieuses et qu’aucun projet de cette nature ne peut être accepté par les élus sans la recommandation des hauts fonctionnaires experts du ministère. Ce n’est pas à un député-ministre, qui ne s’y connaît pas en la matière, de décider et d’imposer une telle dépense à l’ensemble des Québécois, pour accroître sa popularité locale.
Le Québec fait face à des déficits importants et à un surendettement qui dépasse ses moyens. Cela est dû au laisser-aller politicien des dernières années durant lesquelles la manne a été distribuée aux Québécois qui en demandaient toujours davantage. Malheureusement, elle n’était pas providentielle ni miraculeuse mais générée par nos emprunts. Et aujourd’hui, le nouveau gouvernement Couillard se voit obligé de proposer de prendre des bouchées doubles de coupures budgétaires pour resolidifier d’urgence les finances du Québec. Ça va faire mal !
Du côté du gouvernement fédéral, la situation financière se présente mieux. Le gouvernement conservateur du PM Stephen Harper a vite reconnu le danger qui l'affrontait. Il a eu le courage de prendre les grands moyens et de réduire appréciablement les dépenses gouvernementales. Au point que l’an prochain, le Canada aura un surplus budgétaire et sera en mesure de commencer à rembourser sa dette et de diminuer les impôts des Canadiens.
Cela n’a pas été réalisé facilement. Plusieurs restrictions budgétaires ont été critiquées vivement lorsqu’elles se sont faites sentir, dont certaines avec raison, comme celles qui affectent l’émancipation de la langue française au pays. Je ne suis pas un grand « fan » du PM Harper. Je le trouve insensible face aux demandes du Québec et considère que cette attitude nuit à l’unité canadienne. Mais il faut reconnaître qu’il a réussi à mettre les finances du Canada en ordre et qu’aujourd’hui cela est à notre avantage. Lorsque nous nous comparons aux USA, à la France, à la Grande Bretagne, à l'Italie, à l'Espagne, à la Grèce et à très grand nombre d’autres pays, nous pouvons dire à Harper : Bravo!
La question du jour dans la région métropolitaine de Montréal est la construction d’un nouveau pont pour remplacer l’important pont Champlain tombé en désuétude. Infrastructure fédérale, Harper a décidé qu’elle sera payée grâce aux revenus d’un système électronique intelligent de péage pour chaque véhicule traversant le pont, ce qui ne nécessitera aucun arrêt et n’alourdira pas la circulation.
Devant cette proposition, la voix des utilisateurs s’est aussitôt élevée et la complainte a été reprise fortement par tous les politiciens québécois dont les commettants sont touchés par cette décision. En chœur, ils critiquent vertement la décision du gouvernement d’Ottawa et réclament la gratuité pour le passage sur le pont. Pourtant, on parle d’un investissement qui dépasse quelques milliards de $.
Les deux derniers ponts construits à Laval et à Beauharnois sont à péage, avec le même genre de système, et personne n’a vraiment critiqué ces décisions. Le grand pont de la Confédération dans les maritimes est payant. Partout au monde de nouveaux ponts et des autoroutes sont payants. En Écosse, par exemple, c’est payant et on peut payer le passage, contrôlé électroniquement, dans tout dépanneur si on n’est pas abonné.
Si nous voulons un gouvernement qui vit selon ses moyens, on ne peut ajouter cette dépense, comme d’autres, à celles de l’état fédéral. Certains disent que les autres ponts qui traversent le fleuve aux extrémités de l’île de Montréal seront surchargés d’automobiles puisqu’ils seront sans péage. C’est un argument gratuit qui n’est pas prouvé et pour lequel certains experts disent le contraire. D’autres estiment que le fardeau monétaire annuel du péage pour les propriétaires de véhicules qui quotidiennement entrent et sortent de Montréal sera trop fort. Ils oublient qu’il y a à peine quelques années, nous n’avions pas de charges d’internet et de cellulaire et qu’aujourd’hui presque tout le monde paye de 60 à 100$ par mois pour ces services. Nous nous sommes adaptés. C’est ce qu’on appelle le progrès.
Nous aurons besoin de plus en plus de rénover nos grandes infrastructures et d’en construire de nouvelles dans le futur et les usagers devront les payer. Notre population est vieillissante, nos besoins sociaux et autres grandissants et pour rencontrer leurs obligations nos gouvernements devront en avoir les moyens. On ne peut continuellement s’endetter et laisser cette charge pesante aux générations futures.
Que les politiciens locaux prennent leur responsabilité et cessent de ne penser qu’à leur niveau de popularité et à leur réélection ! Qu’ils laissent la fonction publique faire son boulot ! Qu’ils réalisent la difficile situation financière dans laquelle nous sommes plongés et qu’ils agissent avec responsabilité !
Le Québec et le Canada doivent être financièrement solides pour faire face aux besoins de demain de leurs populations et aux défis d’avenir. Le seul vrai moyen est que chacun fasse sa part, tous les jours.
Claude Dupras

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