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« Van Gogh/Artaud. Le suicide de la société », exposition au Musée d’Orsay

Publié le 12 mai 2014 par Regardscurieux

Et voilà bien un titre d'exposition qu'on ne pourrait pas accuser d'être faussement accrocheur. Le contraire même: il s'en dégage quelque chose d'assez déprimant et morose. Ma visite, en cette matinée dominicale grise et ventée, est quasiment due au hasard d'un réveil incontrôlé qui me propulse sur les quais de la Seine.

Le Musée d'Orsay allait ouvrir, la file d'attente était raisonnable et Van Gogh une valeur sûre. Me voilà dans ce musée que j'aime tant. Un instant d'hésitation, l'entrée de l'expo n'est pas à sa place " habituelle" mais bien au milieu du rez de chaussée à gauche en remontant. La première étape, devenue quasiment incontournable ces derniers temps dans l'orchestration de toute exposition:  une expérience sensorielle. Sur les murs noirs d'un espace rond défilent des bouts de phrases curieuses ( "la petite langue noire" continue de trotter dans la tête) et on baigne dans les cris rituels d'une tribu lointaine.

La suite lève l'énigme du nom de l'exposition, car il se réfère à l'ouvrage d'Artaud sur Van Gogh, dont des extraits choisis nous accompagnent tout au long. J'en retient une fabuleuse sensibilité, des formulations lapidaires  et des observations justes qui saisissent.

Oui, en effet, les toiles de Van Gogh ne racontent quasiment jamais une histoire. Elles sont fixes, souvent avares de personnages. Mais Van Gogh réussit à imprimer une convulsion et à transformer le paysage, d'apparence paisible, en un orage de mouvements.

Vincent van Gogh,Arbres dans le jardin de l’hôpital Saint-Paul, Saint-Rémy-de-Provence,© The Hammer Museum. Photo: Brian Forrest

Superbes toiles, venues de partout, groupées en grands ensembles cohérents et (relativement) classiques: portraits, paysages de Provence, natures mortes, encore paysages . Comme toujours, des moments de fascination devant ses couleurs explosives.

Finalement on retrouve, au milieu du parcours, des salles consacrées à Artaud, à son histoire, ses dessins et sa folie. Les parallèles sont troublants, la sensibilité similaire. Je découvre avec curiosité sa carrière au cinéma, les extraits des films des années  20 et 30, cette aube de représentations audacieuses et surréalistes. Mais Artaud demeure quand même au deuxième plan, juste une ellipse, une sorte commentateur perspicace de Van Gogh, mais pas tout à fait sujet de l'expo.

J'en ressors baignée de lumière et de couleur. La société court certainement à sa perte, mais les toiles réunies transmettent une pulsion de vie.

Musée d'Orsay

Jusqu'au 6 Juillet 2014

Ouverture de 9h30 à 18h
le mardi, le mercredi, le vendredi, le samedi et le dimanche

Accès jusqu'à 17h (21h le jeudi) avec le billet du musée, dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée.


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