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L’abbé Fanfreluche, ou l’histoire du mec qui se maquille

Par Marine @Rmlhistoire

N’en déplaise à certains, jusqu’au XIXème siècle, les garçonnets portaient des robes jusqu’à l’arrivée de leurs premiers poils. BOUH. Et oui, c’était comme ça. Aussi, je vous prépare un article là-dessus, mais pour plus tard. Je fais ce que je veux. Aujourd’hui, je vous parle de l’abbé Fanfreluche. Un garçon du XVIIème siècle qui se maquille et porte des robes.

L’abbé Fanfreluche, ou l’histoire du mec qui se maquille

Une enfance dorée

Nous sommes en 1644, lorsque François-Timoléon Choisy vient au monde dans la grande noblesse. Le cadet d’une bonne lignée, Le petit François est chouchouté et élevé au plus près de Louis XIV, qui est, en quelque sorte son protecteur. Rien que ça. Faut dire que sa mère, Madame de Choisy, est copine avec Anne d’Autriche, la mère de Louis XIV, donc François Tim est super copain de Monsieur le frère du Roi, Gaston d’Orléans.

Bon, par contre le garçon, il a une mère poule, genre vraiment. « Oh mon p’tit, qu’est-ce-que t’es beau ! Oh, non, ne grandit pas, reste avec ta Môman. ». Afin que son fils ne prenne pas trop vite son envol et surtout que jamais ne lui vienne l’idée d’aller trousser une petite meuf, elle décide de l’habiller en robe jusqu’aux environs de ses 18ans. Un peu comme Gaston d’Orléans finalement. Sachant que le futur Louis XIV allait prendre la couronne, il fallait un maximum éloigner le cadet de l’idée même d’accéder au pouvoir. Alors on le maquille, on le pouponne, on le tient très éloigné des affaires et de la politique. Il en est pas tout à fait de même pour notre François-Timoléon qui va s’émanciper un petit peu de sa famille.

L’abbé Fanfreluche, ou l’histoire du mec qui se maquille

L’entrée en religion, enfin, un peu…

François va alors faire des études de théologie à la Sorbonne, et bim. Il est frappé par la grâce divine, enfin, un peu. Et finalement, il devient abbé en Bourgogne. Cependant, il va garder le goût pour les robes, les mouches et les dentelles. Faut pas déconner. L’abnégation a ses limites.

Vu que la religion, c’est parfois un peu chiant, le jeune homme devient comédien. Il joue des rôles féminins au théâtre et prend finalement l’identité d’une comtesse. Trankil. Le mec, il passe de Monsieur tout le monde l’Abbé de Choisy, à Madame la Comtesse des Barres, veuve, riche et comédienne. On s’emmerde pas.

François va quelques fois changer d’identité, aussi, après la Comtesse des Barres, il devient Mademoiselle de Regny. Avec tout ça, le mec il choppe des meufs. Et en plus, il les engrosse… C’est le cas de Roselie, qui devra se marier à la hâte pour éviter la honte.

A la mort de sa mère en 1669, alors que certains se déchirent pour récupérer les grandes propriétés, François-Tim n’est pas relou. Il veut juste les bijoux, dont une paire de boucles d’oreilles. Bon, elles valent la modique somme de 10 000 francs quand même. Et puis il y a quelques diamants quand même. Et puis, il va dilapider le reste de l’argent dans des robes et autres parures.

L’abbé d’Olivet dit de lui « une coquette qui avait mille fois plus de goût pour les mouches et les rubans, mille fois plus de désir de plaire que les coquettes de professions, de sorte qu’on pourrait croire que la nature s’était trompée, et qu’elle en avait voulu faire une femme. »

Le grand départ

Sa famille en a un peu assez des frasques du petit frère, du coup, François-Tim va cesser de se travestir et va partir à Venise pendant plusieurs années. Il va jouer, picoler, baiser, et puis il va être ruiné. En 1685, alors qu’il a 41 ans, le seul moyen d’échapper à ses dettes est d’accepter le job de coadjuteur du chevalier de Chaumont qui est ambassadeur auprès du roi de Siam (la Thaïlande, en gros). Deux ans plus tard, en 1687, François-Timoléon entre à l’Académie Française, faut dire qu’il a écrit des livres canons sur son expérience au Royaume de Siam, mais aussi sur l’histoire de France et particulièrement Louis XIV.

L’abbé avoue dans ses mémoires «  Quand je me suis trouvé à des bals et à des comédies avec de belles robes de chambre, des diamants et des mouches et que j’ai entendu dire tout bas près de moi : Voila une belle personne ! J’ai gouté en moi même un plaisir qui ne peut etre comparé à rien, tant il est grand. L’ambition, les richesses, l’amour ne l’égalent pas, parce que nous nous aimons toujours mieux que nous n’aimons les autres. »

L’abbé Fanfreluche, ou l’histoire du mec qui se maquille

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