De : Harriet Beecher-Stowe
Quatrième de couverture des Éditions Le Livre de Poche: Un revers de fortune oblige le propriétaire d’une manufacture du Kentucky à vendre son plus fidèle esclave, le vieux Tom. L’oncle Tom, sensible et pieux, se soumet à l’inhumaine condition des esclaves noirs. Il connaît quelque temps la sécurité auprès de la jeune Evangéline et de son père, mais un cruel destin s’acharne sur ses protecteurs et il doit suivre dans sa plantation de coton le féroce Simon Legree…. »
MA CRITIQUE
La quatrième de couverture annonçait « une œuvre émouvante et pathétique…et qui illustre la condition des esclaves noirs aux États Unis ».Émouvant oui car il est difficile de rester insensible face à la condition des Hommes noirs durant l’esclavage.Mais,je ne dirais pas que ce livre illustre parfaitement et objectivement cette période sombre de l’histoire.Donc,si vous voulez un roman partial et historique passez votre chemin;vous voilà prévenus.
Ce n’est pas que ce roman soit mauvais ou mal écrit mais à mon sens,il ne reflète pas le tragique destin des esclaves.De plus, La case de l’oncle Tom reste bien clémente à l’égard des propriétaires blancs.Bien entendu,il est probable(et je l’espère en tout cas)que des Mr Shelby ou des Mr Bird ou encore des St Clare ont vraiment existé mais bien peu je le crains. Je ne pense pas également que des personnes d’une rare bonté se présentent deux fois dans la vie d’un esclave.En ce sens,ce roman manque de réalisme et d’authenticité aussi peut-être.
A mon avis,il existait plus de maitres dans la trempe d’Haley qui pensait qu’un noir n’était qu’un bon à rien,un malhonnête condamné à l’esclavage.Et bizarrement ici,des blancs comme lui on en trouve pas des tonnes à part Legree.En lisant ce livre,je m’attendais à voir plus de violence,de maltraitance et d’injustice.Bien sûr,je ne dirai pas non plus que Tom a connu une vie heureuse mais elle a plutôt bien commencé chez les Shelby puis chez les Clarke.Mais histoire de compliquer le récit,l’auteure décide à la fin de mettre Tom aux mains d’un cruel propriétaire blanc prénommé Legree.Elle donne ainsi l’impression de vouloir compenser le bonheur du pauvre esclave par une dose de malheur.En parallèle de Tom,le lecteur suit l’histoire d’une autre esclave,celle d’Elisa.L’issue de son histoire ne nous apparait qu’à la fin du roman;ce qui a une fâcheuse tendance à casser le rythme général.En outre,l’aspect chrétien m’a quelque peu dérangé;en effet,la foi peut-elle réellement tout pardonner?Peut-on tout accepter tout supporter au nom de Dieu?J’en doute mais je ne suis pas très objective sur ce point là.Tout dépend des croyances ou des non croyances de chacun.Il me faut ajouter que l’auteure était elle-même pasteur d’où cette vision des choses et son extrême indulgence.
Légèrement déçue par ma lecture,j’avais besoin de replacer ce livre dans son contexte et d’ainsi avoir toutes les cartes en main.Après quelques recherches,j’ai appris que livre était sorti aux États-Unis en 1857 soit quelques années avant la Guerre de Sécession.L’auteure était contre l’esclavage et son roman fut un des premiers à en parler ouvertement.Je me dis qu’à l’époque,ce livre a du faire vraiment sensation et même créer la polémique.Peut-être qu’Harriet n’a pas tout dit ou pas aussi franchement qu’il aurait fallu mais peut-être que l’Amérique n’était pas prête à accepter le fait que l’esclavage était une abomination.Pas prête non plus de reconnaitre ses erreurs.Imaginez juste le courage qu’il a fallu à cette femme pour publier cette histoire.Alors oui ça n’a pas arrêté l’esclavage,certains diront que c’est une aiguille dans une botte de foin.Mais,je reste persuadée que cette aiguille a réveillé certains esprits et certaines consciences,et que ça a fait bouger les choses.Quatre ans plus tard,le Nord et le Sud s’entretuaient sur la question de l’esclavage.Abraham Lincoln (qui abolira en 1863 l’esclavage)a rencontré Harriet Beecher-Stowe.En la voyant,il aurait dit ceci:« C’est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre Sécession ».
La Case de l’Oncle Tom mérite d’être lu même si la vie des esclaves nous apparait édulcorée.Il faut certainement voir cette histoire non pas comme une fin en soi mais un début,une reconnaissance des noirs en tant qu’humain en tant qu’Homme.