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Le musée insolite de Simul Goma, Hautes oeuvres, Petit traité d'humanisme à la Française - Simon Hureau

Par Belzaran

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Titre : Le musée insolite de Simul Goma, Hautes oeuvres, Petit traité d'humanisme à la Française
Scénariste : Simon Hureau
Dessinateur : Simon Hureau
Parution : Octobre 2013


De Simon Hureau, je ne connais que « Filandreux », une bande-dessinée caustique sur le personnage du même nom. En découvrant ce « Petit traité d’humanisme à la Française », j’ai eu le plaisir de retrouver le trait dynamique de l’auteur. Ni une, ni deux, j’embarquais l’ouvrage. Ce dernier fait partie de la série du « Musée insolite de Limul Goma ». Ce curieux collectionneur va donc nous narrer une histoire. Le tout est publié à La Boîte à Bulles, dans un format comics pour une petite cinquantaine de pages.

Nous sommes en 1757. Le Roi Louis XV manque de se faire poignarder par un certain Damiens. Le geste envoie le régicide à la mort. Mais une mort lente, douloureuse et en public… C’est cette exécution ratée que nous narre Limul Goma. Rien ne semble vouloir se passer comme il faut. Et a travers ce spectacle Simon Hureau nous montre l’impact qu’aura ce terrible spectacle sur les décennies suivantes.

Une barbarie d'un autre temps

Nous sommes donc en plein siècle des Lumières. La barbarie à laquelle nous avons droit (âmes sensibles s’abstenir, vraiment) paraît d’un autre temps. Et pourtant, la foule est nombreuse à se masser pendant plusieurs heures autour de la potence. Nous suivons l’exécution selon le point de vue de nombreuses personnes, parmi certaines sommités actuelles (le Marquis de Sade) ou futures (Guillotin). Mais c’est évidemment le point de vue du bourreau, dont la responsabilité de l’exécution est engagée qui est la plus intéressante. Malgré tout, voir un enfant raconter à sa mère la torture de Damiens avec enthousiasme est particulièrement perturbant. Surtout lorsque sa mère lui rétorque en colère qu’elle aurait bien aimé y aller aussi !

Pour faire passer la pilule, Simon Hureau sait également ménager son lecture en y apportant à la fois des moments de légèreté ou de cynisme. Toutes les scènes en périphérie de l'exécution proprement dite permettent de souffler un peu avant un peu plus d'horreur.

La multiplication des points de vue permet ainsi de balayer toutes les sphères de la société. On retrouve donc le bas peuple au plus proche de l’estrade, qui vomissent et urinent tant le spectacle est long et affreux, mais aussi la haute société perchée dans les immeubles bourgeois de la place qui regarde cela de loin tout en copulant joyeusement, la vision de la mort d’un homme les mettant en appétit. Et en touchant plusieurs personnages, Simon Hureau montre les impacts dans toutes les franges de la société. Une belle performance.

Le dessin est vraiment à la hauteur. Le trait dynamique et relâché de l’auteur fait des merveilles. Adoptant une mise en page sans case, il s’approprie réellement l’espace et propose des découpages variés et d’une efficacité à toute épreuve. Quant à la souffrance qu’il montre, il sait rester suffisamment pudique et ne fait pas de surenchère. Un peu à l’image de cette couverture qui suggère plus qu’elle ne montre.

Ce « Petit traité d’humanisme à la Française » possède certainement quelques libertés et il ne faut pas forcément prendre chaque passage à la lettre (même si l’exécution s’est bien passée ainsi). Cependant, à travers une journée et un événement, Simon Hureau parvient à capter l’essence d’un siècle prêt à basculer de la barbarie vers un peu plus d’humanisme. Une belle performance !

par Belzaran

Note : 16/20


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