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Interview coming soon │«dialoguer avec le hasard»

Publié le 15 mai 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Trois ans après la sortie de leur demi-album comme ils aiment l’appeler, les membres de Coming Soon ont repris le chemin du studio avec une vision très différente de la composition. C’est autour des quelques bières qu’ils sont venus nous raconter l’histoire de ce nouvel album qui s’annonce musclé. On en profite pour vous conseiller de lire ou relire, et peut-être même re-re-re-lire notre interview de The Pirouettes, side-project de Léo et sa girlfriend Vickie.

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ATD. On va commencer par un classique : Votre rencontre ?

Léo. A la base on était trois dans la formation. Mon frère Ben, Guillaume qui était au lycée avec lui, et moi. Ils m’ont pris parce qu’ils ne connaissaient pas de batteur de leur âge. J’étais vraiment jeune, j’étais en CM1 à l’époque et voilà, petit à petit les membres se sont rajoutés. Alex puis Howard. On a eu deux filles avec nous pour le premier et le deuxième album et elles sont parties depuis donc on est à nouveau cinq, à l’origine du groupe en fait. Tout ça c’était à Annecy parce que les cinq garçons viennent d’Annecy. Mais ça faisait longtemps qu’on s’était dit qu’après mon bac on déménagerait tous à Paris. Howard et BJ y habitaient déjà, Alex et Ben étaient à Lyon et moi j’étais encore à Annecy mais une fois mon bac passé, on s’est tous retrouvé là et aujourd’hui on peut faire de la musique tous les jours dans un local et c’est ça qui est cool et qui change d’avant. Jusqu’à maintenant on ne répétait presque pas pour les concerts. On se retrouvait vraiment pour jouer dans une ville en France mais aujourd’hui on a vraiment le temps de travailler notre son !

« Annecy chez nos parents, c’était pas vraiment la jungle »

ATD. Cet album, vous êtes allés l’enregistrer dans la jungle ? Il sonne très tropical !

Ben. On l’a pas tout à fait enregistré dans la jungle. On aurait bien aimé ! On y a beaucoup pensé, on a beaucoup pensé à des atmosphères comme ça, effectivement de jungle ou en tous cas des milieux un peu fourmillant et donc il y a vraiment ce feeling là dans l’album. Après on l’a enregistré assez tranquille en fait. On était à Carpentras dans le sud et un peu à Annecy chez nos parents, donc c’était pas vraiment une jungle finalement mais c’était un peu ce qu’on visait.

Howard. Mais c’est vrai que l’image de la jungle on l’a eu très vite. On a toujours travaillé comme ça. On aime bien avoir des images ou des visuels et on a commencé à penser aux collages et à quelque chose d’assez riche au niveau des textures. Il fallait que le son suive et donc la jungle on l’avait un peu dans la tête dès l’enregistrement  de cet EP et de cet album.

ATD. Vous avez travaillé avec Scott Colburn (producteur notamment d’Animal Collective et Arcade Fire). Comment ça s’est passé ? C’est lui qui est venu vous chercher ?

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Howard. On cherchait un producteur pour notre album et on a fait une liste de gens avec qui on rêverait de travailler et Scott était dans les plus « haut » et on l’a contacté par internet. On a trouvé son contact sur Facebook et tout de suite il nous a répondu. On a eu d’autres producteurs qui nous ont répondus mais c’était des réponses beaucoup plus pros, ils parlaient tout de suite d’argent ou de conditions. Avec Scott ça a tout de suite été une discussion autour du son. Il avait écouté notre deuxième album et demi, Dark Spring et il avait beaucoup aimé. Ca a vraiment été une piste parce qu’on s’est dit « Ca y est on trouve quelqu’un qui a écouté vraiment ce qu’on vient de faire de plus récent ». C’était notre disque préféré à l’époque et Scott avait l’air de savoir ou on allait. Pour lui c’était pas du tout un virage, c’était une évolution assez naturelle et on a très vite envie de travailler avec lui. Ca s’est fait vraiment naturellement.

ATD. Aujourd’hui, et surtout avec ce nouvel album, vous êtes un peu nos Animal Collective français. Ca vous plairait de jouer avec eux ?

Alex. Animal Collective ça a toujours été une influence pour nous parce qu’ils ont un peu le même parcours que nous finalement. Ils sont partis d’un truc un peu folk avec des guitares acoustiques mais avec une façon de voir la musique folk un peu particulière et super moderne et ils ont toujours essayé d’innover. Donc c’est un peu un modèle de parcours pour nous, on est super fan du son et c’est aussi pour ça qu’on s’est tourné vers Scott Colburn. Il y avait cette idée de texture qu’on voulait vraiment travailler et puis, faire une première partie d’Animal Collective ouais, ce serait le rêve.

ATD. Tiger Meets Lion, c’est à la fois le nom de votre album et celui de votre chanson d’ouverture. C’est votre manière de dire que vous entrez dans la cour des grands ? Parce les lions sont les rois de la jungle…

Howard. En fait on a beaucoup travaillé avec des improvisations sur cet album, autant pour les textes que pour la musique et c’est une des premières chanson de cette nouvelle génération de chanson qui est arrivée et le refrain s’est imposé comme ça. On chantait et puis il y a eu ce « Tiger Meets Lion ». On savait pas encore si on parlait de deux équipes de basket qui se rencontrent ou d’animaux. Mais ça a été un guide. On s’est dit que c’était possible d’improviser des textes ou de dialoguer avec le hasard. Autant sur l’écriture des textes que sur la musique. Mais c’est vrai que ces deux figures nous ont un peu guidé et on savait dès l’EP qu’on appellerait l’album comme ça et on savait aussi que c’était pas forcément la chanson single mais que c’était une très bonne ouverture. D’ailleurs on ouvre quasiment tous nos concerts avec cette chanson. C’est un bon guide.

ATD. La chanson single alors c’est laquelle ?

Howard. Le single c’est des discussions qu’on a bien après, une fois que c’est produit, avec la presse. Mais il y a une chanson qui s’est distinguée un peu tout de suite parce qu’elle était très riche et assez dansante et qui nous paraissait en même temps très étrange c’était Vermilion Sands. Nous il y a une chanson qu’on aime beaucoup depuis le début et qu’on va défendre maintenant comme nouveau single de l’album c’est LWL.

ATD. Alors justement, qu’est ce qu’elles veulent dire ces trois lettres ?

Howard. Ca veut dire Life in a White Light et c’est une chanson un peu mystique sur la vie de tournée.

ATD. Et alors pourquoi l’avoir composée en deux parties ?

Howard. On a fait une première version en studio et après on a eu envie de la re-questionner un petit peu avec du temps. On a eu la chance de pouvoir le faire et on a commencé à la bricoler un peu sur l’ordinateur. C’est entre un remix et un radio edit et l’idée c’était vraiment de continuer à travailler cette chanson. Et on va continuer, on en fera peut être une troisième, une quatrième, on verra.

Léo. D’ailleurs nous on l’envisageait pas comme une Partie I et une Partie II, c’est iTunes qui nous a imposé ça !

Howard. C’est encore un hasard qu’on a gardé. C’est peut être la suite d’une histoire mais comme c’est exactement les mêmes paroles c’est un peu étrange de faire Part I et Part II, mais sur l’album en tous cas ça s’appelle II.

« On commence à raconter une histoire »

ATD. Vous avez écrit deux chansons pour la BO de Juno et réalisé la BO d’une pièce de théâtre. Vous avez d’autres projets un peu fous comme ça ?

Guillaume. Ouais c’est un truc qu’on aime beaucoup faire, composer pour d’autres gens ou pour des choses qui n’ont rien à voir avec un album et ça détend vachement aussi par rapport à ces idées de single. Là tu peux faire de la musique juste pour faire de la musique et c’est vraiment agréable. Du coup oui on a d’autres projets. On a un projet de théâtre, Hollywood 72, qui commence au 104 avec un metteur en scène qui s’appelle Pierre Maillet et ce sera début 2015. On a également un deuxième projet, on écrit de la musique pour un jeune réalisateur qui s’appelle Guillaume Gouix et qui vient de terminer son court métrage qui s’appelle Mademoiselle.

ATD. Quelle rétrospective vous pourriez faire sur votre parcours ?

Howard. Tous les groupes ont de jolis parcours. C’est très rare de tomber sur un groupe qui n’a fait que des albums, il y a toujours des choses annexes, des maquettes, des b-sides. Mais c’est vrai que nous, on a toujours eu des projets parallèles en plus du groupe et ça a toujours beaucoup nourri le projet principal. Et c’est vrai que maintenant avec trois albums et cette BO plus tous les projets autours, on commence à raconter une histoire qu’on peut regarder avec un peu de recule. Mais tout cela reste toujours très intuitif. Il y a toujours beaucoup de hasard et de chance. Je pense que notre grande force c’est d’être resté soudés. Je crois que beaucoup de groupe qui arrêtent, se séparent ou changent de nom c’est le plus souvent parce qu’il y a un membre du groupe qui part. Et ce qui fait que l’on commence vraiment à dessiner une carrière c’est ce noyau des cinq.

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ATD. On a déjà un peu parlé de l’influence d’Animal Collective,  mais il y a eu d’autres influences dans l’écriture de cet album ?

Léo. Je pense à un groupe en particulier, c’est Phoenix, dont on s’est un peu inspiré dans la manière de composer. On avait eu la chance de rencontrer Branco, de prendre un petit déjeuner avec lui et c’est lui qui nous a donné l’idée de composer vraiment de manière différente. C’est à dire de travailler sur des morceaux de chansons et de pas hésiter à les assembler après, à tout questionner de nouveau.

ATD. C’est comme ça qu’ils composent les Phoenix ?

Léo. C’est comme ça qu’ils composent en général. C’est d’ailleurs le cas pour leur dernier album.

Howard. Il y a pleins d’influences ponctuelles. Je pense que Rihanna c’est une influence, Justin Timberlake c’est une influence. Tu parlais d’Animal Collective… Il y en a tellement ! Il y a autant d’influences que de membre du groupe et chacun a ramené une dizaine d’albums. On écoute tous beaucoup de musique dont l’album de Jay-Z et Kanye West, Watch The Throne. On a écouté tellement de chose pendant ces trois années de création, mais après c’est très dur de voir ce que ça a concrètement apporté à l’album. Finalement, il y a tellement d’influences qu’on a fini par oublier et on a pu se concentrer sur notre musique.

Ben. Il y a tellement d’influences que ça en devient difficile et bizarre d’en citer. Je crois surtout qu’on était tous d’accord sur une humeur générale, sur des couleurs ou des choses comme ça. On avait des lignes directrices qui étaient très visuelles. C’était une direction, ce truc un peu bouillonnant qu’on cherchait depuis le début, plus dansant, plus rythmé.

Howard. Et au tout début, quand on a commencé à composer, il y a un groupe auquel on pensait beaucoup c’est Talking Heads. Ca nous a donné beaucoup envie de danser et ça a vraiment inspiré les parties rythmiques. C’était un point de départ.

ATD. Comment vous expliquez justement c’est trois années de composition ? Parce qu’entre Dark Spring et Tiger Meets Lion on vous a attendu !

Howard. On a fait nos deux premiers albums très vite, on a beaucoup tourné et après on a eu envi de re-questionner un peu le live, les fondations de notre musique et de repenser la manière de composer. Avant on travaillait vraiment sur des chansons pré-écrites qu’on arrangeait. Il a fallu pas mal de temps et le projet Dark Spring a beaucoup aidé à nous amener vers cette nouvelle manière de composer. A un moment donné, on s’est vu comme si on travaillait dans un bureau. On allait tous les jours travailler et chercher notre son. L’album est né comme ça, de bribes et de morceaux, mais on ne s’est jamais perdu. Assez vite on a eu une direction et on savait quand ça faisait partie de l’album ou quand on allait vraiment ailleurs.

« Quelque chose d’assez musculeux »

ATD. Le titre de l’album évoque un combat de fauves ! Personne n’a été blessé ?

Guillaume. Les deux fauves c’est vraiment arrivé par hasard en répète et c’était plus pour évoquer ce mélange d’influences. On a donné du sens à ça avec le temps mais c’est vraiment arrivé par hasard. Après du coup on a eu un article dans Magic et ils ont marqué en énorme « La vie FAUVE » mais c’est sans lien avec le groupe Fauve je précise !

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Howard. On avait un tableau qui nous a inspiré pour la pochette de l’album qui s’appelle La Chasse Au Tigre de Rubens. On a repris certains motifs et on voit des fauves justement. C’est quelque chose d’assez musculeux, de très tendu. Et c’est vrai qu’on pense de plus en plus la musique comme des parties qui entrent en tension. Et donc quelque chose d’assez tendu dans cet album qui est très très bien rendu par le travail qu’à fait notre graphiste Quentin Deronzier sur la pochette. C’est vraiment une illustration parfaite de ce qu’on entend. On était vraiment content quand on l’a vu, ça a vraiment été la fin de cet album.

ATD. Donc si je comprends bien la pochette a été la dernière création sur cet album ?

Howard. Si tu regardes ce tableau de Rubens, tu te rends compte que c’est vraiment pas loin du visuel final. Ca a été un guide au début. Mais la pochette en version définitive est arrivée quand l’album était mixé voir masterisé. Quand elle est arrivée, on s’est dit « ça y est on est prêt à sortir ».

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ATD. Pourquoi avoir choisi de reprendre Diamonds de Rihanna ? (Reprise sublime soit dit en passant)

Ben. Nous on l’a choisi parce que justement on aime l’originale. Comme on a pas mal écouté de R’n’B américain on s’est dit que ce serait bien de reprendre une chanson pour voir un peu comment ça marche. Au début dans la composition on s’est posé pas mal de questions, pour savoir comment ça fonctionnait, comment les mélodies étaient fabriquées. Et puis on a toujours repris des chansons qu’on aimait bien, pour le live. Avant de partir en tournée c’est Howard qui est venu avec cette chanson pour nous la proposer et on s’est dit « ouais allez on y va ». Il n’y avait pas du tout de calcul ou d’ironie au début. On était même pas sûr de l’enregistrer et au final il nous restait un peu de temps en studio donc on s’est lancé.

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ATD. Bon et cet été on écoute quoi ? A part votre album ?

Alex. Pour cet été je conseille la chanson Chamber of Reflection de Mac Demarco. Elle est sur le dernier album qui est vachement bien et qui sent l’été aussi !

Léo. Je conseille Retiens mon désir de Cléa Vincent. C’est sympa, très sympa même.

Ben. Je conseille Hortensia Summer des Pirouettes

Howard. L’album de Rodrigo Amarente qui s’appelle Cavalo. C’est vraiment un coup de foudre. On l’a découvert sur scène à la maroquinerie puis j’ai écouté l’album et c’est vraiment une merveille.

Guillaume. Bon je trouve plus le nom de la chanson mais comme on a pas mal parlé d’Animal Collective, je vais dire Little Fang d’Avey Tare le chanteur d’Animal Collective et qui vient de sortir un album solo.

ATD. Pour parler de solo, vous avez des projets chacun à côté. Vous nous en parlez ?

Howard. Y’a un truc avec Coming Soon, c’est que les projets parallèles ont existé avant le groupe. Et le groupe s’est structuré parce qu’on passait notre vie ensemble à jouer les uns avec les autres sur les projets des uns et des autres. A l’époque, nos projets parallèles étaient vraiment très proches les uns des autres, c’était le même genre de musique et avec le temps on s’est vraiment tous centré autour de Coming Soon et petit à petit les projets parallèles on pris un envol et une identité beaucoup plus forte. Et c’est ça qui est chouette maintenant dans l’histoire du groupe. Chaque projet commence à ouvrir des pistes. Les Pirouettes, c’est en français, c’est pop. Mount Analogue c’est plus électronique voir complètement instrumental. Et moi j’ai un projet qui s’appelle Arkadin qui est aussi en français, plus R’n’B. Mais ce qui est beau c’est que chacun de ces projets nourrit énormément le groupe à plein de niveau différent. Les Pirouettes il y a un aspect très mélodique qui a beaucoup nourri la composition du groupe. On s’est remis à écouter de la musique en français, ce qu’on faisait plus tellement avant. Et Mount Analogue ils ont été les premiers dans le groupe à utiliser des machines, à mettre des samplers.

Alex. Avec Ben, l’autre guitariste de Coming Soon, on a un projet qui s’appelle Mount Analogue. C’est essentiellement un projet de musique électronique, instrumental. C’est des longues plages progressives. C’est inspiré du roman de René Daumal, Le Mont Analogue. Et je sors un album tout seul aussi, sous le nom de Van Pelt. Mais ça n’a pas encore de nom et ça sortira en mai.

https://soundcloud.com/mountanalogue/sets/kwaidan

ATD. On vous souhaite quoi pour la suite à part beaucoup de succès ?

Howard. On a envie de refaire un album assez vite. Ca a été assez long de trouver cette dynamique de composition mais là on a des festivals qui arrivent, on sort notre disque en Allemagne en septembre et en plus de ça on va déjà se remettre au travail assez vite ! Pour l’instant on est en train de réfléchir à l’endroit ou l’on va enregistrer et les idées fusent !

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