N'oublier jamais est le dernier roman de l'universitaire et politologue Michel Bussi publié le 7 mai 2014 aux Presses de la Cité.
Jamal n'a qu'une jambe mais un rêve plutôt fou : participer à l'Ultra-Trail du Mont-Blanc. Pour cet éducateur de la Courneuve, aller s'entraîner à Yport, en Normandie, est une véritable chance. Mais cette semaine de congés va faire basculer sa vie.
Alors qu'il s'entraîne sur la plus haute falaise d'Europe, Jamal tombe sur une jeune femme désespérée qui menace de sauter dans le vide. Jamal panique, essaye de la sauver. En vain. Traumatisé par ce suicide, il devient vite le suspect numéro un, le dernier à avoir vu la victime vivante. Et les enveloppes anonymes qu'il reçoit dans les jours qui suivent et qui établissent un parallèle entre cet accident et deux meurtres classés sans suite ne font rien pour le rassurer.
Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un roman policier avec autant de plaisir. Michel Bussi est un maître dans l'art de ficeler une intrigue des plus retorses et bien malin qui saura en démêler les écheveaux.
Dès le commencement, le doute s'insinue dans l'esprit du lecteur pour ne plus le quitter. Le récit est à la première personne, pris en charge par le personnage de Jamal et ce dernier affirme, au bout de quelques pages, qu'il est innocent, que les six jours qui ont suivi l'incident de la falaise ont été une véritable chasse à l'homme contre lui mais que tout se termine bien. Intriguant, ce début. Très intriguant même
Habituée aux romans policiers et ayant en tête un célèbre titre d'Agatha Christie qui déjoue les codes du genre pour mieux endormir son lecteur, je me suis tenue sur mes gardes dès le début. J'ai douté de la parole de Jamal, douté de son honnêteté mais aussi de sa santé mentale. Et s'il était fou, comme il le craint tout au long du roman ? Et si sa parole n'avait aucune valeur parce que Jamal s'est perdu dans ses souvenirs, perdu dans ce qu'il croit avoir vu ? Comment savoir ?
Et c'est là que c'est brillant ! Cette narration à la première personne n'offre qu'une vue particulière sur cette histoire - celle de Jamal - et pas une seule fois le lecteur ne peut réellement lui faire confiance. Les événements s'enchaînent sans que Jamal, anti-héros par excellence, n'y puisse quoi que ce soit. L'étau se resserre, les personnages secondaires gagnent en opacité et le lecteur est aussi perdu que le personnage. Et ce, jusqu'à un dénouement des plus intéressants !Dévoré en trois jours, N'oublier jamais est un roman policier comme on aimerait en lire plus souvent. Loin des clichés habituels et s'affranchissant des codes du genre, il fait partie de ces romans qui estomaquent autant qu'ils troublent.
D'autres avis : Enna, Kathel, Mara, Sandrine, etc.
Un grand merci aux Éditions Presses de la Cité et à Babelio pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.