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Innovation dans le remplacement de la valve aortique (TAVI)

Publié le 16 mai 2014 par Edelit @TransacEDHEC

Le rétrécissement aortique de la personne âgée est une maladie dont la fréquence va augmenter dans les prochaines années. C’est une maladie qui, sans traitement, conduit à des décès prématurés. Jusqu’à quelques années auparavant, le seul traitement était le remplacement de la valve aortique par ouverture du thorax. Récemment, une nouvelle approche thérapeutique, le TAVI (Transcatheter Aortic Valve Implantation), consiste à introduire une valve par voix endovasculaire (à l’intérieur des vaisseaux). Ainsi, elle permet chez certains patients d’éviter la chirurgie. Nous avons à ce sujet interviewé le Docteur Ismail Bouhout, résident en chirurgie cardiaque à l’Université de Montréal et chercheur dans le domaine de la valve aortique.

H.D. : Qu’est ce qu’un rétrécissement aortique ?

Dr I.B. : La valve aortique se situe à la sortie du cœur. Elle empêche le sang de refluer dans le ventricule lors de la fin de la contraction cardiaque. Elle permet donc un flot sanguin unidirectionnel, ce qui assure une bonne circulation sanguine. Certains patients peuvent développer un rétrécissement de cette valve, par exemple par calcification de cette dernière. Dans ce cas, il y’a une obstruction à la circulation du sang vers l’aorte et donc vers la circulation corporelle. Les patients touchés par cette maladie finissent par développer des symptômes qui vont de l’essoufflement, la douleur thoracique et la perte de connaissance lors d’effort physique, à la défaillance cardiaque et le décès.

H.D. : En quoi consiste l’innovation derrière cette nouvelle approche ?

Dr I.B. : Tout d’abord, le seul traitement efficace du rétrécissement aortique est le remplacement de la valve malade. La nouvelle procédure consiste en l’introduction d’une valve fabriquée à partir d’une valve porcine et repliée sur elle-même, par une artère de l’organisme. Cette dernière est remontée jusqu’à l’aorte (vaisseau principal) par un guide. Elle est alors déployée à la place de la valve malade et s’attache aux parois de l’aorte par un « maillage ».

H.D. : Quels sont les avantages pour le patient ?

Dr I.B. : Le standard actuel demeure la chirurgie ouverte. Cependant avec le vieillissement de la population, certains patients doivent être opérés à des âges plus avancés avec plusieurs maladies concomitantes (diabète, insuffisance rénale, etc.)  qui rendent l’opération impossible à cause d’un trop haut risque opératoire. Cette innovation a donc permis de traiter des patients qui étaient auparavant inopérables.  La qualité de vie et la survie de ces patients ont donc été grandement améliorés.

H.D. : Est ce qu’on peut s’attendre à une nouvelle évolution dans le domaine ?

Dr I.B. : D’abord, il s’agit des premières expériences avec ce type d’interventions. La recherche du point de vue bio-ingénierie continue et on pourrait s’attendre à une amélioration de ce type de prothèses. D’autres substituts de la valve aortique sont aussi disponibles depuis quelques années pour le patient à haut risque opératoire. Par exemple, les prothèses sans suture sont implantées par chirurgie ouverte et diminuent le temps où le patient est sous circulation extracorporelle (pendant que le cœur est arrêté). Les risques de complications post-opératoires seraient alors moindres. On peut donc s’attendre à de nouvelles évolutions des recherches dans ce domaine. Il reste aussi à définir plus en détail quels patients pourraient bénéficier de cette nouvelle procédure et lesquels auraient plus avantage à être opérer par chirurgie ouverte.

Article e-Délit - Interview,  Innovation dans le remplacement de la valve aortique -Hicham 3

Après cet interview fort en informations, il est temps de se poser la question des conséquences économiques de cette innovation. Menons notre petite enquête…

Tout d’abord, il faut savoir que les maladies cardiaques constituent une des plus grandes causes de décès et devrait toucher de plus en plus de personnes à l’avenir. Les recherches pour le traitement du rétrécissement aortique ont commencées aux Etats-Unis et les premières opérations du type TAVI ont eu lieu au début des années 2000. Deux entreprises clefs ont été précurseurs dans le domaine : Edwards Lifesciences Corporation et Medtronic Inc (qui existe aussi en France). Ces deux sociétés, cotées en bourse, ont connu un grand enthousiasme des investisseurs autour de leur nouvelle découverte.

Seulement, pour un réel développement de ce marché, l’abandon des méthodes traditionnelles (opérations à cœur ouvert) est nécessaire. Or, ce processus d’avancée médico-technologique prend un certain temps à être lancé. Temps qui a suscité un désintérêt de certains investisseurs et une évolution du cours de l’action inférieure à ce qui était attendu. Cela n’a pas empêché Edwards de faire une augmentation de 20% de son chiffre d’affaires depuis le lancement du TAVI.

En tout, 48% des patients souffrant de rétrécissement aortique sont considérés comme inopérables pour différentes raisons (âge avancé, trop haut risque opératoire) et ont le TAVI pour seule issue de guérison. A ce titre, Edwards, tout comme comme Medtronic, vise aujourd’hui un développement à l’international afin de toucher un marché bien plus ample.

Selon différentes études, si les deux entreprises réussissaient à développer leurs ventes de valves à l’échelle internationale, ils pourraient conquérir un marché qui leur apporterait potentiellement 4,5 milliards de dollars en ventes annuelles uniquement grâce au TAVI, contre actuellement 1,7 milliards de dollars en chiffre d’affaires pour Edwards. On peut donc considérer qu’à moyen-terme, ces deux entreprises restent enclin  à d’importantes expansions et pourraient apporter beaucoup aux investisseurs qui leur font confiance.


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