ATTENTION !
Cette chronique contient de nombreux SPOILERS sur le film.
Figure emblématique de la culture nippone depuis 1954, Godzilla (Gojira, en japonais) est sans conteste le kaijû ("monstres") le plus connu de tous. Sa carrière cinématographique comprend pas moins de trente films, dont 15 apparitions dans les salles obscures. La dernière en date, signée Gareth Edwards, remet l’icone sur le devant de la scène dans une version moderne explosive.
L’attente autour de ce Godzilla 2014 était grande. Trop, peut-être. Visuellement bluffant, doté de scènes d’anthologies, le film de Gareth Edwards oublie un élément essentiel : inclure le spectateur dans son propos. Malgré la mise en scène inspirée du réalisateur de Monsters, Godzilla souffre d’un scénario bien trop timide pour se sublimer. Une erreur lui a été fatale : celle de supprimer le personnage de Joseph Brody (Bryan Cranston) lors de la première heure. Le culot des scénaristes Max Borenstein et Dave Callaham, de tuer si tôt l’un des personnages principaux du film, est à saluer. Mais cela devient un problème lorsque aucun autre personnage n’est capable de prendre la relève durant la seconde moitié du film. Ni le lieutenant Ford Brody (Aaron Taylor-Johnson), manquant clairement d’héroïsme, ni le Docteur Ichiro Serizawa (Ken Watanabe), mono-expressif à souhait, ne parviendront à recréer le peu d’attachement que le public avait avec Joseph Brody. Le spectateur se retrouve ainsi exclu de l’histoire, et c’est en toute logique qu’il délaisse, involontairement, la destinée des personnages.
Même Godzilla ne parvient pas à prendre les devants – la faute à une arrivée tardive et à une faible présence à l’écran. Le choix de focaliser l’histoire sur un couple de kaijû n’est pas inintéressant en soit, mais cela relègue au second plan les apparitions d’un Godzilla rétro – fervent hommage aux premières heures de gloire du monstre – forçant le respect, tant dans la destruction de masse que dans son charisme. Gareth Edwards réalise un film sérieux, impressionnant dans la forme (scènes de combats magistrales) mais imparfait dans le fond. Car même s’ils sont traités intelligemment pour la plupart, Godzilla n’échappe pas aux clichés du blockbuster estival. C’est d’ailleurs ce que l’on retiendra (à regret) de cette version 2014 : un blockbuster efficace, tout simplement.