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Le stress...

Publié le 17 mai 2014 par Dubruel

UN LÂCHE (d'après Maupassant)

Le vicomte Gontran de Vidame

Plaisait aux femmes.

Il se battait à l’épée

Et tirait au pistolet.

Il avait de l’allure et du tempérament.

Un jour, il déjeunait au restaurant

Avec une de ses amies, Jeanne Cassin.

Celle-ci s’aperçut qu’un voisin

La regardait avec obstination :

-« Un homme me dévisage, Gontran.

Il a sûrement une mauvaise intention.

C’est fort contrariant. »

Le vicomte se leva et alla gifler l’importun :

-« Votre carte, monsieur, s’il vous plait ! »

-« Fichez-moi la paix. »

-« Nous règlerons demain matin

Cette affaire sur le pré. »

Gontran se sentant prêt

Pour le duel

Prit par le bras son amie,

La raccompagna chez elle

Et rentra chez lui.

‘‘J’ai jusqu’à ce soir

Pour m’occuper de cette affaire.’’

Ayant

Cependant

La bouche desséchée, il alla boire.

‘’ Je suis brave, que diable ! Du nerf !

Si je me montre ferme, il aura peur.

Moi, ai-je peur ? ‘’

Si sa volonté semblait arrêtée,

Son cœur battait.

Il demeurait oppressé

Et pensait :

‘’Pourquoi trembler ? ‘’

Mais il se sentait de plus en plus troublé.

Avait-il peur malgré lui ?

Ce doute l’envahit.

Qu’arrivera-t-il ? Il se sentait pâlir.

Il songea à sa situation

À son nom, à sa réputation :

‘’Demain, peut-être,…je vais mourir ! ‘’

Il passa dans son fumoir,

Alluma nerveusement un cigare.

Il avait froid. Il fit du feu.

Ses mains tremblaient un peu.

Sa tête s’égarait.

Tout son corps vibrait

De tressaillements saccadés.

Sans cesse il se demandait :

‘’Que vais-je faire ? Que vais-je devenir ?’’

Un espoir pourtant se mit à l’envahir.

Il était fou de se laisser

Par la crainte ainsi terrasser.

Alors il partit discuter des conditions

Avec ses témoins, le marquis de Mossion,

Et le colonel Rieux,

L’un grand seigneur, l’autre, brave soldat.

Mossion lui demanda :

-« Vous voulez un duel sérieux ? »

-« Oui. »

-« Et vous tenez au pistolet ? »

-« Oui. »

-« Le reste, comment voulez-vous le régler ? »

Le vicomte articula :

-« Bon. Vingt pas.

Tir jusqu’à blessure sérieuse.

Comme je suis adroit au pistolet

Cette mesure me semble avantageuse. »

Sur ces mots, le vicomte retourna chez lui.

Mais il n’arrivait ni à rester assis

Ni à tenir debout tant il était agité.

Il voulut cependant

Rédiger son testament.

Mais il se sentit incapable

D’unir deux idées convenables.

Puis, il ouvrit sa boite de Gastine-Renette,

Y prit un pistolet mais il tremblait

Des pieds à la tête.

Il se mit à penser :

‘’Je ne puis

Me battre ainsi.’’

Il songea de nouveau à l’infamie,

Aux chuchotements dans la société,

Aux rires de ses amis

Au mépris dans son foyer.

Il le sentait ; il le savait.

Alors il enfonça le canon du pistolet

Dans sa gorge et appuya sur la détente.

Il fut trouvé mort par sa servante.


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