Sunny Sunday everywhere in France. Sun in Cannes despite the disappointing Saint Laurent by Bertrand Bonello but thanks to the black humour of the excellent Relatos Salvajes by Damian Szifron. Sun also outside the (Strauss) Khan VOD buzz with the short films Butter Lamp by Wei Hu (Grand Prix in the National Competition, Clermont-Ferrand International Short Film Festival 2014) and An Exercise in Discipline - Peel by Jane Campion (Palme d'Or of Best Short Film, Cannes Film Festival 1986) both broadcasted by Arte and conveniently available online for a few days. Have a good week!More in English >>(Translation in progress, come back later)
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>> SAINT-LAURENT (2014, en compétition officielle)
Annoncé comme le combat de l’année, Saint-Laurent de Bertrand Bonello Vs Yves Saint Laurent de Jalil Lespert sont deux biopics sur la vie du couturier Saint-Laurent. Si les deux projets étaient en concurrence lors de la conception, ils n’ont au final rien à voir à l’écran.
Cette seconde version, vivement attaquée par Pierre Bergé
Cette seconde version, vivement attaquée par Pierre Bergé, mécène et compagnon du styliste, donne un aspect luxuriant au monde de la mode. Entre parties échangistes et jalousies, le spectateur est introduit dans un univers déjà construit, qui ne revient ni sur la montée en puissance du jeune prodige de la mode, ni sur la genèse de la société Saint-Laurent, période qui faisait la part belle du film de Jalil Lespert. Du coup, c’est la relation amoureuse entre les deux amants, en danger dès le début du film, qui est mise en avant. Pour ce faire, Louis Garell incarne le rôle du trouble fête, Jacques de Bascher, dont va tomber amoureux le styliste. L’acteur livre une interprétation sans surprise avec son caractère habituel de dandy désinvolte qui s’éloigne peu de ses rôles antérieurs. À l’opposé, Gaspard Ulliel dans le rôle-titre est plus convaincant avec notamment un travail remarqué sur sa voix pour reprendre les expressions de son personnage, même si les festivaliers ne parlent que de l’anatomie hors-norme de celui-ci depuis la projection officielle…
Une deuxième partie plus attrayante
Cependant, à l’instar de Grace de Monaco, on reste pantois sur l’aspect véridique de certaines scènes tant elles paraissent excentriques. On pense notamment au moment où Yves Saint-Laurent se réveille avec un boa dans son lit où lorsque le chien de Jacques avale une boite de drogues.
C’est seulement en deuxième partie que le film commence à prendre de l’attrait. En opérant des sauts dans le temps, un parallèle se créé entre le jeu de Gaspard Ulliel et celui de Helmut Berger, en Saint-Laurent âgé. Ce dernier s’impose comme la figure imposante de ce Bonello bien au-dessus du jeu agaçant d’une Léa Seydoux, toujours en manque de charisme.
Un accueil très froid lors de la séance de gala
Au final, on attendait plus que du simple esthétisme de la part du réalisateur qui reste ancré dans son confort visuel après L'Apollonide - souvenirs de la maison close (2011). L’accueil a d’ailleurs été très froid lors de la séance de gala.
>> RELATOS SALVAJES (2014, en compétition officielle)
Au contraire, Les nouveaux sauvages (Relatos Salvajes) est le premier coup de cœur de ce festival. L’effet provient sûrement que ce film argentin, produit par Pedro Almodóvar, est une vraie comédie, genre rare en compétition officielle. Le réalisateur, Damian Szifron, offre une vraie proposition scénaristique en optant pour le film à sketches avec six histoires différentes. Cependant, loin d’être une agrégation de courts-métrages, le point de rencontre résulte de la thématique portée sur la justice personnelle, cette fameuse loi du talion.
Un humour noir à faire grincer les dents
On aura certes une appréhension différente selon les histoires. Cependant, elles sont toutes insérées d’un même ton avec un humour noir à faire grincer les dents. Aussi, lors de la présentation officielle, les rires ont été nombreux, surtout dans les moments les plus tragico-comique : tortures à tout va, hémoglobine à souhait et autres meurtres en série…En cela, l’univers inspire une comparaison avec celui du diptyque Grindhouse (Quentin Tarantino/ Robert Rodriguez).
Notre préférence revient plus particulièrement à l’histoire des deux automobilistes. En milieu désertique, une simple incivilité au volant va prendre des proportions burlesques donnant lieu notamment à une course poursuite maitrisée.
Une longue ovation
Au niveau scénaristique, il est étonnant de voir que le réalisateur maitrise ses arcs narratifs sans aucune fausse note. Il sait pour cela instaurer un rythme particulier en réussissant à boucler chaque acte par un cliffhanger, dont les rouages sont minutieusement préparés.
Aussi, Relatos Salvajes a su faire sensation parmi les festivaliers qui ne s’attendaient pas à découvrir un tel ovni. En conséquence, la longue ovation ne signifie peut-être pas qu’il mérite la Palme d’or mais au moins il aura réveillé les spectateurs cannois, pour qui la fatigue commencent à se faire sentir…
Antoine Corte
-> #CANNES2014, BULLES OUT <-
Un excellent court-métrage est en ligne pendant quelques jours sur le site ARTE+7. Foncez voir ce petit bijou franco-chinois de Wei Hu : La Lampe au beurre de yak (2013). Ce court-métrage était à la Semaine Internationale de la Critique à Cannes en 2013 et a obtenu plusieurs prix dont le Grand Prix de la compétition nationale de Clermont-Ferrand en 2014.
Le film commence par un magnifique plan sur une photo de la place Tian'anmen plein cadre. Une famille tibétaine (de la grand-mère à l'arrière petite fille) entre dans le champ en silence et se tourne vers nous. La voix off d'un photographe lance alors un compte à rebours et on entend le clic d'un appareil photo. La toile du fond change et on passe à la famille suivante. La caméra ne bougera pas de tout le film et de simples fondus au noir vont séparer les scènes. Les villageois entrent et sortent du champ de la caméra-appareil photo et se font photographier dans leurs plus beaux atours.
Cette mise en scène minimaliste crée une perméabilité entre la fiction et le documentaire, une tension entre le champ et le hors-champ, un contraste entre les villageois (habillés en costumes traditionnels) et les différents arrière-plans qui sont les symboles de la culture dominante du pays (Disneyland, stade des Jeux Olympiques, etc.). Hu Wei se permet même un petit clin d’œil aux débuts du cinéma, à la fascination des premiers spectateurs : dans une scène, une grand-mère se prosterne devant la photo d'un magnifique palais tibétain.
Cette caméra fixe nous déconnecte de la réalité du lieu où se passe l'action et ce n'est qu'à la fin du film, au moment où la toile se lève que nous situons enfin ce que nous avons vu et que... le cinéaste termine par son film par le seul et unique mouvement de caméra (un lent travelling avant) sur une image interrogeant le devenir de ces populations minoritaires dans un pays en pleine mutation.
La Lampe au beurre de yak est un petit bijou de 15 minutes à découvrir au plus vite !
jici
En savoir plus :
- http://www.arte.tv/guide/fr/043991-000/la-lampe-au-beurre-de-yak
- http://www.unifrance.org/film/36095/la-lampe-au-beurre-de-yak
- http://web.cnc.fr/c/document_library/get_file?uuid=a7156a6d-7095-49a9-9b74-88de773bf031&groupId=18 (dossier CNC du film)
Deux autres court-métrages sont également à découvrir grâce à ARTE+7 et l'émission Court-circuit n° 691 spécial Festival de Cannes :
- Peel - Exercice de discipline (1982), le premier court-métrage australien de la Présidente du Festival de Cannes de cette année, Jane Campion, Palme d'or du court métrage au Festival de Cannes en 1986 - http://www.arte.tv/guide/fr/008515-000/peel
- Celluloidiva (2008), un collage-hommage de grandes actrices du cinéma (Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Audrey Hebpurn, Ingrid Bergman, Lauren Bacall, etc.) de l'allemand Harald Schleicher - http://www.arte.tv/guide/fr/050847-000/celluloidiva