Samedi 24 mai, de 14 H 00 à 15 H00, sur France Culture, l’émission de Jean de Loisy « Les Regardeurs » sera consacrée à L’Origine du monde, de Gustave Courbet. J’aurai le plaisir de dialoguer sur ce tableau avec le grand artiste plasticien Jean-Jacques Lebel, qui apporte à cette œuvre, qu’il vit chez Jacques Lacan, un regard original, tout à fait passionnant.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, et notamment à partir de son entrée au musée d’Orsay en 1995, L’Origine du monde a inspiré de nombreux créateurs français et étrangers. L’un d’entre eux, qui n’est pas le moins singulier, le moins inattendu, est Hans Ruedi Giger, disparu la semaine dernière.
Cet artiste, qui fut le créateur du monstre qui occupe la place centrale d’Alien (le film de Ridley Scott, 1979), joue un rôle très particulier dans l’art contemporain. Son univers, entre fantastique et surréalisme, se révèle inquiétant, dérangeant, en tout cas fantasmatique - un univers de cauchemar qui joue en permanence sur la perméabilité des frontière qui séparent généralement le minéral, le biologique et la machine.
Cette approche caractéristique est clairement présente dans un ensemble de peintures et de sérigraphies intitulées Erotomechanics (1979/1980), directement inspirées d’Alien, mais aussi de sa propre femme, qui allient érotisme et machineries futuristes. L’une d’elles, Erotomechanics VIII, reprend sans ambigüité le cadrage et les contours de la toile de Courbet, preuve que près d’un siècle et demi après sa réalisation, ce tableau reste une référence de la modernité.
Illustration : Hans Ruedi Giger, Erotomechanics VIII, photo D.R.