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[World Tour] Algérie: "Le mentorat et l’accompagnement des startups font défaut"

Publié le 21 mai 2014 par Pnordey @latelier

Contrairement à ses voisins, l’Algérie peine à réaliser sa transition numérique. L’esprit entrepreneurial est encore timide mais les choses évoluent.

Entretien dans le cadre de l’émission L'Atelier numérique sur BFM Business avec Aline Mayard, rédactrice de Wamda, un site de référence sur les startups du monde arabe.

L’Atelier : Que pouvez-vous nous dire sur la façon dont l’Algérie réalise sa transition numérique ? Si tant est qu’elle la réalise.

Aline Mayard: Je ne suis pas tout à fait sûre qu’il y ait une transition numérique pour l’instant. Il y a une volonté comme dans tous les pays et le gouvernement parle de faciliter la transition numérique. Cela fait pratiquement 10 ans qu’on en parle et cette transition est toute récente puisqu’elle date de décembre dernier seulement. Le taux de pénétration Internet est particulièrement bas en Algérie. En règle générale, les Algériens utilisent Internet pour regarder des sites de foot ou des sites de petites annonces pour voiture. Il n’y a pas grand chose d’autre.

Existe-t-il quand même un écosystème autour de l’innovation et des startups en dépit du retard que le pays accuse dans le domaine numérique?

Le terme écosystème est peut-être un peu fort mais il se passe des choses. On voit qu’il y a des jeunes avec des profils de développeurs et d’ingénieurs motivés avec des velléités d’entreprendre des projets. Des événements comme les « startups week-end » ont déjà été organisés en Algérie depuis deux ou trois ans grâce à des étudiants qui ont été moteurs. Aujourd’hui, il y en a énormément comparé effectivement au développement réel d’Internet. Mais cela est plutôt bon signe. Mais tout prend beaucoup de temps car le pays manque de moyens et d’infrastructures. Il y a également un manque de connaissances en communication et ont du mal à présenter leurs projets de façon claire. C’est dommage car les idées existent mais n’aboutissent pas à des “success stories" comme dans d’autres pays.

Y a-t-il quand même quelques incubateurs ou accélérateurs pour aider les quelques startups à se développer et à émerger ?

Il y a eu une très bonne initiative du gouvernement il y a quelques années, en 2006 je crois. Celle-ci s’appelle « L’incubateur » tout simplement. Le seul problème c'est que L’incubateur est contrôlé par l’État mais il n’y a pas vraiment cette mentalité de mentorat et d’accompagnement que l’on voit ailleurs. L’autre grande initiative du gouvernement a été de vouloir créer un centre technologique aux environs d’Alger. Mais le projet a cessé en plein milieu pour diverses raisons politiques. Mais le mouvement est en marche. Des incubateurs voient le jour dans d’autres grandes villes d’Algérie et prennent leur quartier dans les universités.

Les startups peuvent-elle compter sur des aides publiques ?

Déjà il n'y a aucun investissement privé. Les entrepreneurs ne peuvent pas compter non plus sur leur famille ou leurs amis comme mise de départ. Et du côté du gouvernement, il y a assez peu d’aides. Et quand il y a des aides, ce sont plutôt des aides pour les PME de la part d’entités qui ne comprennent pas vraiment le fonctionnement d’une startup. Sans compter que les délais sont longs. On peut attendre parfois un an avant de récupérer une mise vraiment très petite. Donc c'est un an de paperasse, de travail, d’explications. Et quand on touche cette somme censée être une mise de départ pour la commercialisation, le produit il est déjà pratiquement caduc. Donc, il y a un vrai problème de réactivité.

Cela n’aide pas vraiment à avoir un esprit très entrepreneurial ?

Non. D’autant plus que l’esprit entrepreneurial n’est pas vraiment non plus quelque chose ancrée dans la culture algérienne. On peut sentir vraiment une culture de l’entreprenariat très forte en Tunisie et une culture du commerce très forte au Maroc. Deux choses qu’on ne voit pas dans la culture algérienne. C'est un pays très étatique, très contrôlé par l’État. Personne n’est habitué ni encouragé à avoir l’esprit entrepreneurial. Ça fait toujours assez peur aux gens quand ils entendent que leurs enfants veulent devenir entrepreneurs. Mais cela change en même temps que l’essor d’internet. Bien que la diaspora soit encore très légère en matière de nouvelles technologies, les jeunes voient ce qui se passe ailleurs grâce au retour d’expérience d’autres jeunes venant de France ou d’autres pays. Preuve de cette absence d’esprit entrepreneurial, les évènements comme les startups week-end n’aboutissent sur aucune créations de startups. Il y a plein de petits projets ici et là mais aucun n’est lancé.

 

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