Notre escapade ne s'est pas limitée aux paysages ... La Picardie constitue en effet un écrin incomparable pour les cathédrales gothiques. On imagine mal aujourd'hui les ressources humaines et économiques nécessaires – et donc les surplus agricoles - à l’édification d’un tel patrimoine architectural.
La collégiale Saint-Wulfran d’Abbeville est un merveilleux édifice dont la façade flamboyante et les tours ont miraculeusement échappé aux bombes allemandes de 1940. Elle fut commencée en 1488 mais, faute d’argent, le chantier est interrompu en 1539. La collégiale devra attendre 1661 pour que se termine la nef et le chœur.
Dentelle de pierre éblouissante, élégants gâbles, tambours aux lignes élancées, statuaire préservée en très grande partie, on remarque plus particulièrement sur la façade l’évocation de Marie Salomé accompagnée de ses deux fils : Jacques le Majeur et Jean l’évangéliste. Malheureusement, l’église est fermée le matin et nous n’avons pas pu en admirer l’intérieur, et en particulier les vitraux de William Einstein, artiste de l’Ecole de Paris.
Comme c’était dimanche, nous avons poussé dix kilomètres plus au nord, dans l’antique Centule (la ville aux cent tours), aujourd’hui Saint-Riquier, pour admirer sa monumentale abbaye.
Juste à temps pour une belle messe dans une nef éclatante, pur joyau de ce même style gothique tardif à la limite de la renaissance, où l’on reconnait des tambours d’escaliers très semblables à ceux de Saint Wulfran. L’abbatiale n’a qu’une seule tour centrale, massive et haute de 50 mètres.
On mesure aussi, aux bâtiments conventuels de style classique, l’opulence de la communauté qui y prospérait. Un beau beffroi est le symbole du pouvoir civil …