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Critique Ciné : Maps to the Stars, les dessous des stars

Publié le 22 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Maps to the Stars // De David Cronenberg. Avec Julianne Moore, Mia Wasikowska et Olivia Williams.


Après sa critique de la société moderne en pleine apocalypse, David Cronenberg fait revenir Robert Pattinson en chauffeur mais cette fois-ci dans un rôle plus mineur afin de mettre en lumière les dessus d’Hollywood. Vous avez toujours rêvé de voir à quoi ressemble Hollywood ? C’est ce que tente de nous raconter Maps to the Stars. Le réalisateur a confié bien avant la sortie du film que malgré les excès, il n’était pas si éloigné que ça de la vérité. C’est ce qui rend ce spectacle aussi jouissif finalement. Le fait de se faire voler la vedette, l’inceste, la jalousie, l’argent, etc. Le film a pourtant énormément de mal à se libérer et à creuser la psychologie des personnages en dehors des hallucinations qu’il prolifère tout au long du film. Il y a énormément de personnages aussi, entre la famille Weiss, une famille très étrange dont la relation avec la fille, Agatha, est bien plus compliquée que l’on ne pourrait le penser. David Cronenberg cherche donc à raconter comment Hollywood détruit tout ces gens, simplement par volonté d’être célèbres (c’est le cas de Sanford Weiss par exemple qui se cache derrière le succès de son fils et accessoirement le côté froid et accusateur de sa femme).
A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.
Je pense que Maps to the Stars est le genre de film incompris du cinéma, prouvant aussi qu’au fond David Cronenberg a une vision très large de notre société. Il porte un regard acerbe sur Hollywood et la manière dont ce bout des Etats-Unis a détruit tant de mondes. Que cela soit dans le passé (les références au passé des personnages) ou dans le présent (avec toutes les péripéties terribles qui arrivent), on sent à quel point la starification fait des dégâts. Cela passe par une femme obsédée par son envie de retourner à l’écran (cela m’a énormément rappelé Sunset Boulevard de Billy Wilder), un enfant tombé dans la drogue (je sens ici le parallèle avec Drew Barrymore qui est tombée dans l’alcool et la drogue très tôt), etc. Il y a énormément de choses qui ressemblent à la réalité même si l’on ne l’a jamais vu de près. Ce qui fait aussi de cette oeuvre quelque chose de singulier c’est la manière dont l’humour noir est utilisé. Il sert à merveille cette satire d’un monde que David Cronenberg connait finalement bien pour le côtoyer tous les jours. Le film est aussi très sombre. Par moment on se demande même si ce côté sombre n’est pas un peu trop sombre.
David Cronenberg utilise par ailleurs une réalisation très lumineuse, très pailletée. Il cherche donc à reproduire l’image que l’on a d’Hollywood à l’extérieur tout en brossant des portraits édifiants à l’intérieur. David Cronenberg séduira probablement ici Sofia Coppola (qui est dans le jury du Festival de Cannes) qui avait déjà réalisé Somewhere il y a quelques années de ça qui était là aussi une critique du milieu hollywoodien. Maps to the Stars se permet plus ou moins toutes les folies avec un casting étonnant. Julianne Moore (Non Stop) est saisissante dans le rôle de cette actrice qui a envie de faire ce qu’elle veut au cinéma même si ce n’est pas du tout ce qu’elle devrait faire, Mia Wasikowska (Alice au Pays des Merveilles) qui nous plonge dans un personnage trouble dont on ne sait pas grand chose mais qui va petit à petit nous révéler ses névroses et aussi Olivia Williams (Dollhouse), une actrice que j’admire énormément et que l’on ne voit pas suffisamment au cinéma à mon goût. Cette dernière incarne une femme perdue qui tente de s’accrocher aux branches qui restent de sa propre vie.
Note : 7/10. En bref, un pamphlet intelligent du star-système hollywoodien.


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