Deux Jours, Une Nuit // De Jean Pierre Dardenne et Luc Dardenne. Avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione et Pili Groyne.
Deux fois palmés, les frères Dardenne vont-ils faire un triplé ? On dit bien jamais deux sans trois. En tout cas, c’est bien partie à mes yeux mais il y a énormément de films de
la sélection cannoise que je n’ai pas vu donc je ne préfère pas trop m’avancer sur le sujet. Ce que j’ai adoré dans Deux Jours, Une Nuit c’est le fait que cette histoire nous
plonger au coeur d’un sujet actuel : la crise, le chômage, les fins de mois difficile, etc. Les deux frères prennent donc pour raconter leur histoire un personnage de la vie de tous les jours,
Sandra, qui du jour au lendemain apprend qu’elle va être licenciée à cause d’un vote qui aura permis aux autres employés de se voir octroyés une prime. Il ne faut pas être un dépressif chronique
pour oser aller voir ce film c’est certain mais en tout cas il fonctionne terriblement bien. Les émotions sont omniprésentes, surtout au début du film où je me suis transformé en une vraie
fontaine. Je n’y peux rien, je suis un peu trop émotif. Mais aussi car le film dépeint à merveille un environnement réaliste, une cause louable et un personnage en lequel on peut se retrouver.
Car si un jour cela vous arrivait, n’auriez vous pas envie de changer les choses ?
Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.
Certes, dans la réalité cela ne pourrait pas se dérouler de cette façon dans le sens où c’est impossible mais peu importe, le film emporte son spectacle du début à la fin dans une histoire assez
sensationnelle. La vraie étoile de Deux Jours, Une Nuit je pense que c’est celle de Marion Cotillard (De Rouille et d’Os). Cette dernière
délivre ici une performance étonnante. Je sens déjà certains railler le petit accent belge qu’elle tente de prendre. Il n’a rien de honteux et ne se ressent même pas dans le film. Bien au
contraire, tout ce qui attrait au personnage qu’elle incarne se fond très bien dans le film et nous permet de s’imprégner un peu plus de tout ce qui l’entoure. Car Sandra a beau être l’héroïne de
ce film, il y a aussi des personnages qui vont venir l’épauler (son mari par exemple) et puis la rencontre avec les autres employés qui va parfois s’avérée être beaucoup plus violente qu’autre
chose. Les frères Dardenne s’attarde sur le côté lumineux du film malgré le côté très sombre de l’histoire.
On a donc énormément de soleil, de lumière, d’espoir tout simplement. On sent que tout le monde est ici impliqué dans son rôle et dans cette quête pour sauver l’emploi d’une femme qui n’avait
rien demandé. Petit à petit Sandra devient une vraie combattante, une sorte de super-héros qui a la lourde tâche de sauver son boulot. Cela ne va pas être facile, elle le sait, nous le savons et
le spectateur également. Le film porte donc en lui un véritable constat sur la société d’aujourd’hui. Une société en crise qui n’arrive plus à prendre soin de ses emplois et qui préfère donc
donner des primes plutôt que de conserver des emplois, simplement car l’emploi peut se faire à un nombre restreint. Je suis persuadé que ce genre de réalité existe (même si ce n’est jamais
explicité aux salariés dont les contrats ne sont pas renouvelés). Deux Jours, Une Nuit gère aussi un suspense assez étonnant qui ne laisse donc pas de place à l’ennui du
spectateur. J’en attendais pas moins de la part de Marion Cotillard qui est à mon humble avis la grande favorite pour la Palme d’interprétation féminine (ce serait en tout cas
dommage de ne pas la lui donner).
Note : 10/10. En bref, constat social violent et portait de femme combative étonnant.