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Par Flopinours @flopinours

Yay, le 30 avril dernier a vu la sortie sur grand écran d’un nouveau film portant sur les aventure de l’homme araignée, un des super-héros les plus emblématiques de la maison des idées. Malheureusement pour lui, comme pour nous, ce cher Spider-man est toujours pris dans la toile de Sony et ce nouveau volet intitulé The amazing Spider-man 2 tend encore une fois à prouver qu’il n’y a vraiment plus que Marvel qui sait faire des films Marvel.

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On aurait pourtant pu penser que cette nouvelle trilogie portée par Marc Webb rapporterait au monte-en-l’air quelques lettres de noblesse, après un premier essai peu concluant de la part de Sam Raimi et surtout une arrivée fracassante de Marvel Studios qui aura redéfini les standards du genre pour les dix prochaines années. Et très franchement, l’espace d’un film, j’y ai cru. Ce qui n’est plus vraiment le cas après voir sa suite, aujourd’hui au centre de notre attention.

Vous l’aurez compris, le résultat est décevant et plus le temps passe, plus mon avis se fait négatif. Je m’y étais pourtant préparé, les trop nombreuses bande-annonces avaient déjà de quoi mettre la puce à l’oreille mais le contenu dévoilé dedans ne faisait qu’enfoncer le clou, je m’attendais donc déjà à en ressortir frustré et passablement énervé. Ce qui, magie du cinéma ou résultat d’une attente pas bien haute, ne fut pas le cas. A vrai dire, j’avais les idées plutôt embrumées et j’étais bien incapable d’émettre un avis constructif. Ce n’est qu’avec les idées claires que je me rend compte que cette incompréhension était liée à son défaut le plus évident : sa très grosse inégalité.

La réalisation n’est déjà pas particulièrement brillante mais le gap qualitatif entre deux scènes est assez impressionnant, jusque dans une scène finale en deux temps avec une séquence plutôt anecdotique suivie tout simplement du meilleur moment du film. Un petit coté bipolaire qui semble s’appliquer à quasiment tout le film. Tout y est soit très médiocre, soit particulièrement brillant. Malheureusement, si l’on garde  bon souvenir de certains faits marquants, tout le reste est dilué, noyé, par une multitudes de petites choses que l’on souhaite finalement oublier au plus vite. Ce qui est dommage parce que tout le coté "Spider-man" est plutôt bien retranscrit mais, d’un autre coté, le trop plein de supers-vilains et les multiples sous-intrigues relatives à Peter nuisent vraiment au bon déroulement de l’histoire. Ce qui nous mène à l’autre gros point noir dans le scénar.

Pour le coup, il va s’agir d’un avis beaucoup plus personnel et donc très naturellement soumis à une part de subjectivité, ce qui pourra vous en toucher l’une sans faire bouger l’autre. Si pour moi le film propose un spider-man très à propos, il passe aussi son temps à renier tout ce qui apporte normalement de la profondeur au personnage et ça se traduit par un Peter Parker à milles lieux de ce qu’il devrait être. Voir, pire, peut-être même de ce qu’il était dans l’itération précédente. Je vous avoue que, faute d’avoir pu revoir le film en question, je ne saurais trop dire si j’étais simplement aveugle, si j’ai sciemment choisi de fermer les yeux sur cet aspect ou si ce n’était tout simplement pas le cas. Toujours est-il que le trait me semble, au mieux, beaucoup plus forcé ici.

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Par conséquent, ce que je m’apprête à dire va peut-être vous sembler terriblement terre-à-terre ou un peu trop souvent rabâcher (la répétition fixe la notion, copain) mais ce que je valorise le plus dans une adaptation, quelle qu’elle soit, c’est avant tout sa capacité à respecter le matériel de base. Et d’autant plus quand on commence à toucher à ces monuments de la pop-culture que sont les comics de super-héros. Du moment que l’on emprunte des éléments déjà biens caractérisés par l’oeuvre originale, des éléments qui font partie d’un tout et, surtout, d’une continuité vieille de plusieurs dizaines d’années et lourde de plusieurs milliers de publications, on se doit alors d’y rester le plus fidèle possible. Quitte à viser un public précis en s’assurant que le film le fasse revenir la bouche en cœur pour le prochain volet, je préfère largement qu’ils introduisent de nouveaux éléments et déçoivent les fans au lieu de voir un des canons du genre complètement dépourvu de son identité.

L’adaptation cinématographique d’un personnage pré-existant se doit donc d’être un minimum cohérente avec les codes et la psychologie pré-établis. Superman n’en fini pas de ses ennemis grâce à un bon vieux coup de rayon laser entre les deux yeux, tout comme Peter Parker n’est pas un mec cool qui vanne à tour de bras et qui passe son temps libre à faire du skate. Je veux bien passer sur certaines choses, comme une Oscorp au centre de l’attention et visiblement à l’origine de chaque super-vilain opposés à l’homme araignée, ou sur des ficelles scénaristiques un peu trop évidentes pour être vraiment crédibles, mais il s’agirait peut-être d’arrêter de merder avec le personnage principal.

Si Spider-man est un personnage intéressant c’est pas seulement parce qu’il peut lancer des toiles et se balancer de buildings en buildings. C’est aussi parce qu’il n’agit pas de la même façon selon s’il porte le masque ou pas. Et c’est justement cette dualité qui le rend plus profond et plus humain. Parce que Peter est aussi important que Spidey. Si l’on prend le cas de Batman, Bruce Wayne n’est qu’un écran de fumée qui lui permet, en gros, de faire son job sans trop de problèmes. Et d’ailleurs, il est bien moins souvent confronté aux questionnements sur sa réelle identité, Bruce en viendra même à être remplacé sous le costume par le premier Robin pendant un certain temps, démontrant bien que Batman est un symbole et que l’homme dessous importe peu. Mais Spidey est unique et incarne la volonté d’un seul homme : celui sous le masque.
Et là où The amazing Spider-man 2 se vautre vraiment, c’est justement dans son traitement du personnage, qu’il s’évertue à uniformiser – la faute à un humour de plus en plus central dans les films de super-héros. Il n’y a plus une seule once de différence entre les deux facettes de Peter. Il reste ce personnage sûr de lui et un peu trop farceur au quotidien, qu’il soit face à Electro ou en train de faire sa lessive.

Et ça, ça s’appelle chier sur une licence.


Après un premier essai plutôt concluant, le second volet s’avère donc être une belle déception. La faute à un personnage principal perdant en profondeur et devenant par la même assez vite énervant mais aussi à une histoire complètement décousue, tiraillée d’un côté par la multitudes de personnages à introduire pour le prochain film de Sony et, de l’autre, par les trop nombreuses storylines gravitant autour de Peter. Enfin, si le film s’en sort étonnamment bien sur les passages les plus compliqués, il trébuche quand même lamentablement sur le b.a.-ba.
En résumé, je vous conseillerai plutôt de vous tourner vers votre oncle d’Amérique si vous avez l’intention de le voir. Dans l’espoir que Sony réagisse un peu ou que la licence reparte enfin dans le giron de Marvel Studios. Et ce, Même si ça nous coûte de devoir attendre plusieurs années avant d’enfin voir une adaptation à la hauteur du Web-slinger.



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