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Ne dites pas à ma mère que je suis artiste

Publié le 20 mai 2014 par Edelit @TransacEDHEC

Keen V, Sexion d’Assaut, Colonel Reyel, Maitre Gims et tant d’autres… cet article ne fera pas que des heureux et disons le tout de suite, ceci est l’expression d’un ras le bol et d’un appel à l’aide. Nul besoin de dire au monde de la musique française qu’il est en crise, il le sait déjà…

Quelques chiffres

Après un recul du chiffre d’affaires de l’industrie du disque de 62% en 11 ans, le marché de l’industrie de la musique enregistrée s’est enfin redressé en 2013. Mais cela n’est pas sans conséquence, le spectacle vivant en a pris un coup. Le chiffre d’affaires du disque représentait plus de deux fois celui de la scène et les artistes tiraient l’essentiel de leurs revenus des CDs. Aujourd’hui, la musique enregistrée dans son acception large (disque, numérique, droits voisins, musique à l’image) ne pèse plus que 950 millions d’euros de chiffre d’affaires en France, contre 1,4 milliard pour le spectacle musical et de variété. Pire encore, les concerts en tout genre ont pour but de renforcer le lien entre l’artiste et son public et représentent donc un investissement marketing considérable. La crise de l’industrie du disque a balayé ce modèle avec des conséquences désastreuses pour toutes les PME spécialisées dans l’événementiel. Confrontée au désinvestissement et à la suppression des aides de l’industrie phonographique, la dépense nécessaire au lancement d’un artiste a plus que doublé en six ans. Si on ajoute à cela le fait qu’il faut environ 3 ans pour installer un artiste, la question du renouvellement des artistes se pose alors. Est-ce rentable ? Cela explique donc le retour sur scène des « vieux de la vieille » ou alors de cette engeance qui s’est faite connaître grâce à un seul hit et qui reste là car « le nom fait vendre » quitte à ce qu’on resserve sans cesse la même soupe sans la moindre once de travail ou de créativité. On ne citera personne.

La crise accélère donc la concentration vers ces « têtes d’affiche» capables de générer une billetterie chère et massive. La situation serait moins grave si une cohabitation entre ces « artistes » et les nouveaux talents était possible mais pas du tout. Dans les faits, un nombre très limité d’artistes bénéficient d’une exposition médiatique. Ainsi, sur 1000 titres francophones envoyés à 36 radios en 2013, 50 morceaux seulement représentaient la moitié des diffusions de nouveautés. Seul le web et particulièrement Youtube joue aujourd’hui le rôle de découvreur de talents, rôle qui devrait être joué par les maisons de disques qui aujourd’hui s’embourbent dans la facilité.

Les grands sont-ils vraiment français ?

A qui la faute ? La crise du disque est elle seulement due aux maisons de disques ? Absolument pas. Nous sommes tous fautifs ; des artistes qui se reposent sur leurs lauriers, à nous qui n’hésitons pas à écouter encore et encore des titres insipides en passant par les critiques journalistiques qui ont fait de l’échange de bons procédés leur spécialité ou encore à l’enseignement qui ne fait pas de l’éducation musicale, une véritable éducation de l’oreille ou une découverte des genres (la flûte on en parle ?).

D’autres, plus optimistes lèveront haut dans le ciel l’étendard de ces artistes que seule la France revendique comme français pour défendre l’image de la musique française : Daft Punk, Woodkid, Shaka Ponk, Skip the Use… Nous sommes prêts à parier que beaucoup ne savaient pas que les derniers cités étaient français avant la lecture de cet article. Ces gens ont du talent mais n’ont manifestement pas la reconnaissance et l’exposition qu’ils méritent. Pire encore, à l’image de Guetta ou de Sinclar, tous ces artistes s’exilent aux Etats-Unis ; les raisons ne sont peut-être pas nobles mais en tout cas c’est mieux que de rester en France.

Si vous n’êtes pas convaincus du mauvais goût français, souvenez vous que René la Taupe a déjà été en tête des ventes et que le titre « Quand il pète il troue son slip » est passé en tête des ventes devant DAFT PUNK récompensé de 6 Grammy awards.

La crise du disque est donc notre faute à tous, dont nous qui promouvons des titres sans intérêt en les écoutant puis en les achetant. C’est l’expression du capitalisme dans l’art. Caton disait « achetez ce qui est nécessaire et non ce qui est utile » là où le capitalisme dit tout simplement « vendez ce qui s’achète ». Les instruments du marché ne sont plus accordés, faisons silence et reprenons à nouveau. Le silence est d’or et c’est bien lui la véritable musique, toutes les notes ne font que l’encadrer.


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