A propos de Cannes, une belle bourde de Libé (belle, au sens propre : "Et pour la première foi, Jean-Luc Godard obtient un prix à Cannes"). Et, écoutant vaguement Le masque et la plume, j'entends que, en 2014, Godard fait polémique, son film passionne ou ennuie. Roulez jeunesse. Je voulais voir Adieu au langage cet après-midi, mais le temps maussade, comme le visage d'une fille très belle qui fait la gueule, m'a renvoyé dans mon lit pour une sieste solitaire. Je serais allé au Cinéma du Panthéon, pratique d'accès pour moi, sachant que le film, le dernier film de Jean-Luc Godard (je répète, le dernier film de Jean-Luc Godard) un des cinéastes et peut-être surtout, penseur, théoricien du cinéma, philosophe iconoclaste et libre, indépendant de tout, ce dernier film sort à Paris dans DEUX salles. DEUX. Le mec qui, d'A bout de souffle à Alphaville, sans oublier Masculin-Féminin et Pierrot le Fou, a réinventé la grammaire cinématographique et l'imagerie romantique du ciné. Deux salles. Il y a, dans la filmographie de Godard, des films qui nous ont définitivement changés, modifiés. Il y a des périodes contestables, mais putain, il y a chez JLG une VIE dans le cinéma. Un parcours qui donne le vertige. Et JLG nous parle du monde hors cinéma et nous incite à réfléchir sur ce que nous sommes, ce que nous disons.
Je n'ai rien contre Nuri Bilge Ceylan, Palme d'or. Je me suis passionné pour ses films précédents, mais il faut être cohérent. Le Bonello n'a rien, si j'ai bien compris et ce n'est pas possible. Kagan, des inrocks, a dit de Godard, que c'était la Palme d'Or ou rien. Imagine Orson Welles ou Jean Renoir revenant et ayant le prix de la meilleure photo. Heureusement pour les jurés, le ridicule ne tue pas. En fait tous ces concours à la con ne valent pas tripette, selon une vieille expression.
Adieu au Langage