Voilà des mois que nous n'étions pas allés voir une exposition à Paris ! On a donc un peu l'impression d'être des touristes en reprenant le chemin des expositions. Nous sommes allés voir l’exposition « Clémenceau, le Tigre et l’Asie » au musée Guimet, et nous avons découvert que le grand homme d’Etat était un passionné d’Asie et qu’il avait effectué, à 79 ans, un voyage de plusieurs mois en Asie et en Inde.
Surnommé «le Tigre» ou «le Tombeur de Ministère», statufié en Père la Victoire, Georges Clemenceau s’inscrit dans l’histoire et la mémoire nationale comme l’une des figures politiques les plus importantes de son temps. Ce qui est moins connu est qu’il nourrissait une véritable passion pour l’Asie, ses arts, ses civilisations, ses religions. L’exposition présentée au musée national des arts asiatiques-Guimet est consacrée à cet aspect méconnu de Clémenceau.
Il effectue un voyage de septembre 1920 à mars 1921 en Asie du Sud et du Sud-Est, alors qu’il est âgé de soixante-dix-neuf ans. Si l’Asie l’attire beaucoup, la chasse au tigre est aussi une des raisons de ce voyage. En effet cette invitation à partir en Inde pour chasser le Tigre lui fut proposée par le Maharaja de Bîkaner lors de la conférence de la Paix à Paris en 1919. Il répliqua de même à un journaliste du quotidien Anglais The Pionner après sa défaite politique « qu’il allait en Inde pour chasser le Tigre dans la jungle, ce qui serait moins dangereux que les politiciens Français ! ».
Bien que Clemenceau n’ait pu se rendre en Chine et au Japon en raison de la situation politique, il a traversé Ceylan, la Birmanie, la Malaisie et Singapour avant de gagner l’Inde où, fasciné par le Bouddha, il s’est rendu sur les lieux saints du bouddhisme. De nombreuses photographies de ce voyage sont présentées dans cette exposition.
Au-delà de la chasse au tigre, l’exposition rappelle le contexte du colonialisme de l’époque, incarné par Jules Ferry auquel Clémenceau s’opposera à de nombreuses reprises dans des discours restés célèbres :
« Race inférieure, les Hindous ! Avec cette civilisation raffinée qui se perd dans la nuit des temps ! Avec cette religion bouddhiste qui a quitté l’Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons encore aujourd’hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure, les Chinois ! Avec cette civilisation dont les origines sont inconnues et qui paraît avoir été poussée tout d’abord jusqu’aux extrêmes limites. Inférieur Confucius ! »
La tentation de l’Asie de Clémenceau n’est pas sans nous rappeler celle d’un autre agnostique célèbre, André Malraux.
Jusqu’au 16 juin 2014
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