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La fontaine de contes, par Danièle Berry…

Publié le 26 mai 2014 par Chatquilouche @chatquilouche

 À Françoise, que le vent n’oublie pas, avec toute mon amitié.

 Pourquoi était-elle née dans le désert ? Que faisait-elle à cet endroit aussi incongru pour une fleur ? Que

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s’était-il passé pour qu’elle soit aussi desséchée ? Le vent qui la frôlait encore de temps en temps, seul visiteur encore fidèle, le savait. Et, comme il aimait cette fleur, tellement il la trouvait touchante, il décida de transporter des nouvelles d’elle à travers le désert, au-dessus des océans, à l’intérieur des villes et des villages, partout où quelqu’un pourrait entendre sa complainte.

 « Je suis le vent, je veux vous faire connaître la vie de la fleur du désert. Doucement, elle se meurt. Elle a soif, car là où elle vit, l’eau est si rare qu’il n’y en a plus pour elle. Mais surtout elle a besoin d’amour, de tendresse et de joie. Venez avec moi, suivez le son de ma voix et je vous guiderai jusqu’à elle pour la sauver. »

 Sur son passage, les animaux levaient la tête, tendaient leurs oreilles pour entendre ce chant étrange, ouvraient les yeux pour tenter d’apercevoir le souffle qui le portait. Mais seuls les mots résonnaient.

 Sur son passage, les humains tournaient la tête pour voir ce qui se passait, tant ils étaient étonnés d’entendre ces paroles sans personne de tangible. Ils tentaient de réfléchir, mais leur pensée trop rationnelle les empêchait de se laisser porter par cet appel.

 Le vent, désespéré de ne pas être compris, continuait sa route inlassablement pour trouver âme qui vive, prête à l’écouter, lui faire confiance et le suivre. Il savait que le temps était compté, que la fleur de seconde en seconde dépérissait et que bientôt elle allait mourir.

 Il souffla de plus en plus fort, se mit à gronder de colère, et pour enfin attirer ceux qui se portaient bien, ceux qui ne souffraient pas, il se transforma en tempête.

Il faisait voltiger tout ce qui se trouvait sur son passage, bousculait les voitures qui circulaient librement, comme si rien ne pouvait changer leur itinéraire, poussait les piétons dans le dos, activant leur marche jusqu’à les faire courir.

Personne ne comprenait d’où venait ce vent, alors qu’il faisait si beau, et d’ailleurs la météo n’avait rien annoncé de tel. Une tempête ? Mais comment cela était-il possible ?

Et le vent, furieux de ne pouvoir sensibiliser ces humains, se déchaînait de plus en plus, et la situation devint catastrophique. Tout le monde s’était réfugié dans les maisons, même les animaux avaient peur.

Mais rien n’y fit, personne ne comprenait, et le vent, épuisé, cessa tout à coup de souffler.

Peu à peu la vie reprit son cours, tous oublièrent ce vent qui rendait fou …

 Quelque part dans le désert, une fleur avait presque disparu. Elle n’avait plus d’eau, elle n’avait plus son ami, le vent, elle n’avait plus de raison de vivre.

 Le vent, déçu de n’avoir pu remplir sa mission, décida de retourner dans le désert et de retrouver celle qu’il voulait sauver. Lorsqu’il la découvrit, presque morte, il la caressa légèrement, comme pour lui dire adieu. Il était triste, car en voulant convaincre d’autres que lui de s’occuper d’elle, il l’avait abandonnée. Il se mit à culpabiliser et versa des larmes.

 La fleur, caressée, choyée et inondée par les gouttes d’eau qui ruisselaient maintenant sur elle, se redressa, reprit son éclat peu à peu et retrouva le goût de vivre.

 Le vent, heureux de voir que la fleur vivait grâce à lui, ne la quitta plus jamais et devint le protecteur du désert.

(C’est avec plaisir et fierté que nous publions ce texte d’une nouvelle chroniqueuse du Chat Qui Louche, Madame Danièle Berry. A.G.)

 Notice biographique

Originaire de la région parisienne, Danièle Berry a exercé en tant qu’institutrice de 1976 à 1988 dans

Danièle Berry
l’enseignement primaire. Puis elle a déménagé pour s’installer dans le Gers. Elle a enseigné dans un IME de 1988 à 2009 et parallèlement a exercé en tant que formatrice en Gestion Mentale dans le centre qu’elle a créé.  En 2009, elle a cessé ses activités professionnelles et s’est tournée vers l’écriture.

Peu à peu, elle s’est spécialisée dans les contes dont la visée est pédagogique et philosophique, puisque ses sources essentielles proviennent de la Gestion Mentale. Son imagination créatrice a pris progressivement le dessus et elle écrit désormais comme en « lévitation », absorbée par un monde de sons, d’images et de couleurs qui la submerge et qu’elle confie à son ordinateur.


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