Magazine Culture

Here comes the man in black: ouverture du Musée Pierre Soulages dans l’Aveyron

Publié le 26 mai 2014 par Jsbg @JSBGblog

Here comes the man in black: ouverture du Musée Pierre Soulages dans l’Aveyron

Si vous songez au sud de la France pour ces prochains week-ends prolongés, pensez à l’Aveyron : ne manquez pas sa célèbre abbatiale de Conques, centre spirituel majeur d’Occident et étape de tout temps très fréquentée des pèlerins sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, véritable joyau de l’art roman , mais surtout abbatiale pour laquelle Pierre Soulages conçoit dans la première moitié des années 1990 d’incroyables verrières en verre non coloré, translucide qui modèle la lumière naturelle offrant une fascinante continuité avec l’architecture du lieu. Et c’est justement à l’ouverture du musée de l’artiste que je vous invite aujourd’hui : une collection de quelque 250 œuvres (et 250 documents) sur 1700 mètres carrés d’exposition permanente et une salle d’exposition temporaire de 500 mètres carrés, qui, après l’exposition inaugurale consacrée aux « Outrenoirs » de Soulages, permettra d’ouvrir le dialogue avec d’autres artistes contemporains – condition sine qua non imposée par l’artiste pour un musée portant son nom.

Here comes the man in black: ouverture du Musée Pierre Soulages dans l’Aveyron

Pierre Soulages (*1919) est enfant de Rodez (Aveyron), qu’il a tôt quitté pour Montpellier et les études aux Beaux-Arts, avant de s’établir à Paris après la guerre. De l’Aveyron et de sa géomorphologie, il a gardé les grands plateaux déserts du Causse et du Ségala, les branches dépouillées dès la fin de l’automne (ses premiers dessins). « Dépouillé », le mot est lâché : volonté de laisser parler la forme, ses « qualités physionomiques », sans rechercher à représenter, dialogue avec la peinture, la matière qui toujours permet à l’artiste d’aller plus loin que ce qu’il imagine, dialogue au-delà de la surface et des apparences. « Pour moi, une œuvre d’art est quelque chose qui crée une dynamique de l’émotion et de la pensée », déclarait Soulages dans un entretien au Figaro en janvier 2014.

Here comes the man in black: ouverture du Musée Pierre Soulages dans l’Aveyron

L’art d’après-guerre affirme le dépassement de l’opposition abstraction-figuration, revendiquant la valeur de la non-figuration comme principe de compréhension et de connaissance de la réalité qui nous entoure et de sa dimension universelle, et finalement tant en France qu’outre-Atlantique. Soulages se consacre entièrement à la peinture depuis les années 1946. Ses « brous de noix » des années 1946-1948 s’inscrivent directement dans ce contexte : la trace du geste plutôt que la recherche d’une forme, la puissance créative plutôt que la représentation. Dans les années 1950, il figure aux côtés de Hans Hartung, Serge Poliakoff, Maria Elena Vieira da Silva, Pierre Tal Coat notamment dans d’importantes expositions collectives itinérantes aux États-Unis, représentatives des « Young European Artists ». Aux Etats-Unis, il se lie d’amitié avec Mark Rothko, figure dans les collections du Museum of Modern Art ou du Salomon R. Guggenheim à New York. Le catalogue de l’exposition « Younger European painters : a selection » (décembre 1953 – février 1954) au Salomon R. Guggenheim Museum montre déjà l’ampleur de la réception de son œuvre sur la scène internationale:

«Born 1919, Rodez ( Aveyron), France. After completing Lycee studies devoted himself exclusively to painting. 1946 to Paris. Since 1947 included in many exhibitions in France. Germany. Belgium. Denmark. Great Britain. Italy. Sweden. Switzerland: Brazil. 1948-53; Japan. 1951- 1953; Australia. 1952. 1953; New York. Betty Parsons. 1949; Sidney Janis Gallery. 1950: « Advancing French Art » (circulating exhibition. U.S.A.). Louis Carré. 1951. Sao Paulo Bienal. 1953. Stage sets for ballet and theatre since 1949, among others « La Puissance et la Gloire » in 1951 for Louis Jouvet’s production based on Graham Greene’s The Power and The Glory.»

Here comes the man in black: ouverture du Musée Pierre Soulages dans l’Aveyron

Et ce n’est que le début, car dès les années 1960, des rétrospectives lui sont consacrées à Hanovre, Essen, Zurich, la Haye…et pour les plus récentes, on peut surtout citer la grande exposition du Centre Pompidou en 2009 pour ses 90 ans qui, pour la chronique, attira plus de 500’000 visiteurs.

La couleur de Soulages, c’est le noir. Encre, goudron, brou de noix, gouache, huile, acrylique…ce sont ses noirs. Et c’est ici, dans le noir, que commence sa quête de la lumière, par contraste ou transparence, par jeu des surfaces brillantes ou mates comme dans ses « Outrenoirs » auxquels il travaille depuis 1979. Pourquoi le noir ? parce qu’ « il amène une intériorité et un degré d’abstraction supérieurs à toutes les autres [couleurs] ». C’est justement ces « Outrenoirs » qui occupent les cimaises de l’espace d’exposition temporaire du Musée Soulages jusqu’au 5 octobre, retraçant ainsi ses derniers 35 ans de créativité.

Vous en voulez plus: visitez le site documentaire Pierre Soulages pour l’exhaustivité ou écoutez sa récente interview sur France Info.

 - Carole Haensler Huguet

Watch this video on YouTube.

*********

Informations pratiques:

Musée Soulages

Avenue Victor Hugo, 12000 Rodez, France

www.musee-soulages.grand-rodez.com

Fête d’ouverture : 30 mai 2014 dès 18h30

Exposition inaugurale: « Outrenoir en Europe. Musées et Fondations », du 31 mai au 5 octobre 2014.

**********

Here comes the man in black: ouverture du Musée Pierre Soulages dans l’Aveyron

Here comes the man in black: ouverture du Musée Pierre Soulages dans l’Aveyron

Illustrations et légendes :

1. Portrait de Soulages, 2012, photo Joël Philippon 

2. Dessin du projet Musée Soulages

3. Musée Soulages

4. Pierre Soulages dans son atelier, 1968, photo Fritz Pitz

5. Pierre Soulages, Brou de noix sur papier, 1948

6. Les « Outrenoirs »: Pierre Soulages, Peinture 30.03.84, 1984, photo Auriol Gineste


Retour à La Une de Logo Paperblog