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This Is Not A Love Song - Paloma (Nïmes) - 29/01/14

Publié le 30 mai 2014 par Oreilles
This Is Not A Love Song - Paloma (Nïmes)  - 29/01/14This Is Not A Love Song - An II
Ayé, nous voilà à nouveau dans la place pour la deuxième saison consécutive. Pour cette nouvelle édition, le festival nïmois a vu les choses en grand, qu'on en juge : concerts gratuits démarrant dès 14H, ateliers divers dont un de sérigraphie, stands bouffe décuplés, transats à disposition, programmation largement étoffée en terme de "noms", et surtout un site singulièrement agrandi en raison de la nouvelle scène en plein air qui accueillira moult sets et non des moindres.
Pour mémoire, c'est au jeune groupe londonien Filthy Boy, que revient l'honneur d'ouvrir les festivités cette année devant un public forcément clairsemé ; leur pop est efficace et nullement désagréable, voilà ce qu'on peut en dire. Néanmoins le véritable lancement du festival est à venir.
Miroir, mon beau miroir..........
This Is Not A Love Song - Paloma (Nïmes)  - 29/01/14Pour faire les choses bien, le Paloma a pris soin de programmer l'un des gros buzz du moment en tête de gondole gratuite à 17H. Affluence donc conséquente pour les anglais de Temples, qui ont donc la rude tâche d'ouvrir les hostilités en plein soleil, heure peu propice aux grands débordements live.Et effectivement, c'est une attention polie que recueille le quatuor qui offre un set d'une heure plutôt carré et qui fait la part belle à son unique LP sorti en début d'année. Les mises en pli sont parfaites, l'exécution des morceaux est plutôt une heureuse surprise, tant l'écoute  de Sun Structures nous avait laissé une impression mitigée. Il y a en fait deux catégories de personnes pour  ne pas s'esbaudir devant ces jeunes brits au teint pâle et au torse glabre.Celle des groupes usinant ce même genre de pop psyché (ô combien) tendance qui n'ont de cesse de se lamenter devant le succès de Temples ("Pourquoi eux et pas nous ?"), et les autres simples musicologues qui se disent que Temples, c'est agréable à l'écoute, ça joue bien mais qu'on a  juste entendu ça vingt millions de fois, en parfois moins bien il est vrai.
Après avoir pris la température de la grande salle et de son avenant balcon pour les vétérans américains de Man or Astro-Man ? dont la noise instrumentale sur fond de diapos lasse vite, retour dehors là où des choses sérieuses se préparent.
 What else....?
This Is Not A Love Song - Paloma (Nïmes)  - 29/01/14
En congés de Sonic Youth, mais toujours flanqué du fidèle Steve Shelley, admirable batteur (pas d'objection ?) et des deux autres superbes musiciens de The Dust (ah, cette basse aux sons medium, ah cette guitare lead sans cesse surprenante), Lee Ranaldo de l'avis de beaucoup, assène la première grosse claque de ce millésime 2014. Place au parti-pris plus pop et folk de l'autre figure de proue de Sonic Youth, qui tout en ne dédaignant pas l'expérimentation - un archet sur un titre, une ou deux jams - confirme si besoin était qu'il était bien le dépositaire du versant le plus mélodique de son ancien groupe.
Jouant de larges extraits de Last Night on Earth, son impeccable dernier disque sorti l'an passé et de plus anciens titres solo -ceux du  son superbe debut (Between the Times and the Tides), Lee chante remarquablement, ne fait pas d'esbroufe (ce qu'on pouvait reprocher à ses anciens comparses) et se révèle invariablement passionnant, affable avec les fans (l'ami Yonicsouth se verra ainsi dédicacer sur le stand de merchandising ses baskets),  part dans de longues chevauchées électriques façon the Loner jamais ennuyeuses (la magnifique "The Rising Tide"), parfaitement en phase avec son alter ego de SY qui à la batterie assure le tempo sans coup férir. Si ce n'est pas la classe, ça y ressemble.
Et votre serviteur de se flageller mais un peu tard, pour ne pas avoir amené de baskets blanches.
Pas trop eu le temps -ni l'envie, soyons honnêtes - d'en découdre plus longtemps dans la grande salle avec les revenants shoegaze de Slowdive (bâillements), car il fallait au plus vite rejoindre le dehors pour relever les compteurs d'une autre légende indé.
Chiqué Chiqué
Le nouveau personnel de l'atrabilaire Mark E Smith alias The Fall rentre en scène : deux batteurs (gasp !), guitare, basse et une jeune femme en poncho et sac à main au Korg. Alors qu'on se demande au cours d'une trop longue intro si on aura l'heur de voir la légende, IL arrive ! Titubant, mastiquant, vitupérant, Mark E Smith nous offre une heure d'un show euh.....erratique, et émaillé de péripéties relativement drôles au début, mais qui inévitablement finissent par lasser.
Entouré d'un groupe manifestement rompu aux humeurs de son leader, notre homme entre deux grognements et harangues à la foule s'en va s'assoir dans un coin de la scène - quand il ne la quitte pas carrément ! - tripote les potards des amplis, enlève le jack de son guitariste, manque se casser la gueule en s'appuyant sur les cymbales, et surtout conduit un ballet hilarant car très désordonné avec les pieds de micro.
Smith réussira néanmoins en lisant certains de ses textes (comme Daniel Johnston l'année dernière) à tenir quelques reprises in extenso, et notamment la plus réussie de son répertoire ("Mr Pharmacist' de The Other Half), mais c'est pour mieux saper derrière le show, en offrant parfois l'impression attendrie mais légèrement malaisée d'assister comme voyeur  à la décrépitude d'une légende.
Car n'en déplaise à certains, si un set de The Fall reste  un événement incertain et chaotique, et que le groupe pionnier de Manchester demeure plus expérimental que musical, il demeure dans sa touffue discographie des moments mélodiques, des chansons de grande qualité - l'un n'empêchant pas l'autre évidemment, car on n'est pas non plus chez Crass ou The Red Crayola !
Donc c'est vaguement déçu qu'on se dit qu'on a sans doute vu  la légende avinée pour la première et dernière fois. Dont acte.
Dis-moi combien vous êtes sur scène.........................
This Is Not A Love Song - Paloma (Nïmes)  - 29/01/14
Retour à la grande salle pour le show attendu de The Brian Jonestown Massacre. Forts d'un nouvel album ("Revelation") moins versé dans l'auto-indulgence des derniers efforts chiants de la bande  à Newcombe, notre octuor (avec l'inénarrable Joel Gion aux maracas et tambourin !) assure un gig sans temps mort, auquel manque sans doute une touche de fantaisie : les musiciens demeurant par trop statiques, et les chansons reposant un peu trop sur les mêmes motifs et accords.
Il y a aussi ce gimmick des 4 guitares dont au moins une douze-cordes, dont on se demande ce qu'elles font là, vu que la musique de TBJM pourrait sans problème être exécutée par deux fois moins de musiciens.
Nonobstant, bon set malgré l'aspect lisse et l'uniforme de l'ensemble.
Petit détour vers la petite salle pour vérifier vite fait les dispositions rock'n'roll des quatre jeunots de Southern. Heureusement qu'ils ne sont pas ricains, avec un patronyme pareil - c'est d'ailleurs vaguement désappointé que j'apprends qu'ils viennent de Liverpool ; car là eût été l'audace !
Peu de temps passé en leur compagnie, mais ces jeunes gens véhiculent un rock frais, enlevé, ça dépote bien. A suivre.
Après avoir entendu de suffisamment loin (près du bar) la bouillie sonore de Suuns pour ne pas trop la subir, tout en débattant avec DJ Masculine Feminine et quelques acolytes des mérites comparés de The Fall et Slowdive, il devenait opportun de rebrousser chemin vers la grande salle pour la clôture de cette première soirée.
We're the Blues Explosion !
This Is Not A Love Song - Paloma (Nïmes)  - 29/01/14 
Si vous êtes arrivés en retard au concert de The John Blues Spencer Explosion, ou que vous êtes trop imbibé pour vous rappeler ce que vous êtes venus voir, Jon Spencer est là pour vous le rappeler.
Quand il ne rend pas hommage à sa beauté toujours intacte (!) ainsi qu'à celle de son double Judah Bauer, Jon Spencer martèle à peu près toutes les deux minutes, soit la durée moyenne des chansons qu'" ils" sont le Blues Explosion. Les guitares sont au rasoir, Russell Simins est en grande(s) forme(s) et assène un beat hallucinant au rock le plus primitif et le plus moite qui soit.No bullshit, les morceaux se suivent à un rythme effréné, puisant dans un vaste répertoire de 20 ans d'âge. Devant telle sauvagerie, nous reviennent les fantômes de feu Dr Feelgood ou Cramps où celui encore vivace de The Tiger Man. Ici, l'absence de basse n'a jamais posé de problème et aucune concession ne lui sera jamais faite on s'en doute. C'est dans le binaire le plus sexuel, celui de Link Wray, des pionniers blues rock US que le Blues Explosion conduira l'affaire jusqu'à son terme, lorsque les guitares auront cessé d'exister et que Pro Tools aura définitivement pris le powa.
Quel dommage qu'un light show polychrome et très sombre nous empêche de mieux distinguer le tribut sexué de nos trois bûcherons, là où une lumière blanche très crue aurait sans doute mieux rendu hommage à leur set riche en litre de sueurs déversée.
C'est forcément pantelants et de légères crampes aux guiboles que nous mettons ainsi terme à cette première endiablée du This is not a Love Song 2014 !
A.......tout à l'heure pour la suite !

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