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Pourquoi le bénévolat?

Publié le 31 mai 2014 par Laroberouge @hocinisophia

Par un paisible après-midi d’automne, entre la digestion d’un Ciabbata tomates/mozza et l’envie de rentrer chez soi, deux jeunes filles sont venues troubler le cours de littérature comparée.

Elles étaient envoyées par une association et venaient nous proposer de nous expliquer en quoi elle consistait. Elles cherchaient à recruter des bénévoles et nous ont donc expliqué que la mission était d’accorder deux heures de sa semaines pour accompagner un jeune entre 5 et 17 ans issu de zones urbaines sensibles, ZUS dans leur jargon; l’idée étant de contribuer (à sa modeste mesure), la fracture sociale mais également de faire se rencontrer deux personnes qui, a priori, n’auraient eu aucun lien dans la vie de tous les jours

Sans aucune hésitation, à la fin du cours, j’ai téléphoné au numéro indiqué le siège de l’association, qui venait tout juste de déménager au bas de la rue où se trouve ma fac. Un rendez-vous de présentation a très vite été fixé, et au début de la semaine suivante, je m’y suis rendue. 

La réunion  a été très convaincante, puisque c’est tout de suite que j’ai signé mon formulaire d’inscription. Quelques jours plus tard, Elsa, qui allait être ma future référente, m’a rappelée pour convenir d’un rendez-vous, j’allais rencontrer ma jeune et sa famille. J’ai été enchantée par la rapidité de la procédure et je me languissais de rencontrer cette famille ainsi que ma jeune.

Elsa m’a donc accompagnée et m’a présentée Rachida, 11 ans, qui vient d’entrer en sixième, mes également ses parents, son frère ainsi que sa soeur. La famille m’a tout de suite apprivoisée et le courant est très vite passé entre nous. La semaine suivante, nous avons organisé notre première sortie. Moi qui m’attendait à une petite fille réservée et timide, j’ai découvert une personnalité vive et extravertie qui ne demandait qu’a être révélée et écoutée. Un vrai bonheur pour moi. C’est donc avec grand plaisir que je retrouvais toutes les semaines ma petite acolyte pour des sorties diverses et variées, au musée, à la bibliothèque, dans des expos ou encore au cinéma.

Brillante élève, je n’ai rien eu à lui apporter au niveau de sa scolarité. Cette fillette avait seulement besoin de voir le monde et de s’ouvrir à l’univers de la culture, de prendre l’air et de voir autre chose que sa barre d’immeubles. Elle d’origine comorienne et moi d’origine kabyle, nous avons pu créer un véritable échange culturel et l’une comme l’autre avons pu apprendre des choses. l’une de mes sorties préférées, d’ailleurs, c’est lorsque je l’ai emmenée fêter le Yennayer, le Nouvel An Berbère et qu’elle a eu l’occasion de découvrir les chants, la cuisine et les traditions. J’ai vraiment eu le sentiment de la transporter vers un ailleurs, de la faire voyager alors que nous étions toujours dans le même pays, dans la même ville et dans le même quartier.

Par le biais de l’AFEV et de mon accompagnement, j’ai également eu l’occasion de rencontrer d’autres bénévoles tous plus motivés les uns que les autres, avec lesquelles nous avons régulièrement organisé des sorties collectives, l’occasion que bénévoles et enfants se retrouvent tous, mais également d’une autre enfant qui se trouve être la voisine et camarade de classe de ma jeune. Nous nous sommes très vite entendues et elle allait bientôt nous accompagner elle aussi à chacun de nos rendez-vous avec Rachida. J’ai alors essayé de leur montrer qu’il est possible de faire des choses sympathiques et intéressantes à Marseille, sans avoir à débourser un seul euro.

Puis j’ai eu l’honneur d’être désignée pour représenter l’AFEV dans le réseau des ambassadeurs et ambassadrices de l’AFEV à travers la France afin de promouvoir, soutenir et prolonger l’action de l’association, mais également harmoniser les les actions et en mettre en place de nouvelles.

Mon accompagnement touchant à sa fin, l’heure du bilan sonne. Je m’étais posée beaucoup de question, sur mon impact, ce que j’avais pu apporter, et j’ai été rassurée par les salariées qui me disaient que l’accompagnement va bien au-delà et que même si je ne le voyais pas, j’avais forcément apporté quelque choses à ces jeunes filles.
Cette association reconnue d’utilité publique par le Ministère de l’Éducation Nationale permet véritablement de se réaliser en tant qu’individu. Une remise en question de soi mais également de la société est rendue possible en ayant la possibilité de voir de près les inégalités et de les mesurer. On prend alors conscience de la misère humaine, celle qui ne se manifeste pas, et de cette fracture sociale qui est une réalité et qui s’est opérée dans la ville par la politique municipale et urbaine désastreuse menée ces dernières décennies, ici mais également ailleurs.

J’ai notamment réalisé à quel point il était nécessaire (bien que pas encore suffisant), de se rendre utile à la société et de mener des actions qui la font avancer et qui permettent de pratiquer de la politique active.

Cette action bénévole menée régulièrement, m’a donné de vivre pleinement mon humanité et d’avoir véritablement crée du lien social.
Comme j’ai coutume de dire, ce n’est pas un hasard si nous avons été doués de la faculté de langage et qu’autant d’outils linguistiques sont mis à notre disposition. Il s’agit en effet de les exploiter au maximum afin d’échanger, discuter, partager et surtout découvrir l’autre dans ce qui nous différencie de lui et ce qui nous en rapproche. L’autre est un continent, il faut simplement prendre la peine de le connaître et d’apprendre de lui.

L’AFEV a été un prisme formidable sur la société et huit mois après mon engagement, je sors grandie et enrichie de l’aventure.



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