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The Roots "…and then you shoot your cousin" @@@@

Publié le 19 mai 2014 par Sagittariushh @SagittariusHH

The Roots "…and then you shoot your cousin" @@@@

/ Il y a 2 semaines 19 mai 2014

Qui a dit que Def Jam ne laissait aucune liberté artistique à ses artistes? Questionnez ?uestlove et sa bande, il vous prouvera du contraire avec le succès critique de ce petit chef d’oeuvre qu’est Undun, paru durant les Fêtes de fin d’Année en 2011. …and then you shoot your cousin, leur 11e opus, est un nouvel épisode dramatique au format très court (une grosse demie-heure, pas plus) et conceptuel suivant un schéma similaire à son prédécesseur mais dans une configuration toute différente.

La première piste n’est pas un morceau des Roots, mais une chanson de la grande, très grande Nina Simone, "Theme From the Middle of the Night". Déconcertant comme choix mais à l’écoute de ce qui va suivre, cette ouverture prend son sens. "Never" débute religieusement quand la voix enfantine de Patty Crash nous emmène dans un monde onirique, avant des choeurs fantomatiques transforment le rêve en cauchemar, laissant la place à un couplet tourmenté de Black Thought. Au réveil, avec la super mélodie de piano de "When the People Cheer" (qui convie Greg Porn), un jour comme un autre pour un afro-américain du ghetto de Philly, ou d’autre part, avec les ennuis qui s’attachent à sa jambe comme un boulet.

Vous l’aurez compris, les Roots n’ont pas terminé de mettre en abime le drame des quidams en marge de la société, subissant discriminations et injustices, serpentant entre le chemin de la rédemption et celui l’Enfer. D’où l’idée de faire revivre des voix du passé comme Nina Simone, la chorale de la pianiste Jazz Mary Lou Williams sur "The Devil", comme pour essayer de soigner le mal à sa racine? C’est une hypothèse. Sampler Black Rock sur le morceau du même nom de Dice Raw va dans ce sens. La présence du compositeur français Michel Chion semble toutefois plus énigmatique. Comme toujours, les Roots incitent à la réflexion, aussi bien sur les textes de Black Thought et consorts (Dice Raw et Greg Porn qui font presque partie intégrante du groupe, Mercedez Martinez, etc…) que sur la façon dont est conçu cet "album". À ce niveau-là, on n’est plus dans la production mais la réalisation tant le disque est scénarisé, avec une vraie mise en scène, comme ce fut pour Undun.

Les orgues de "Understand" emphase davantage ces rapports entre les personnages des récits (réels ou fictifs, il n’y a aucune différence) et l’église, de ces gens qui s’éloignent de la bonne voie et qui s’en remettent à Dieu pour trouver réponses à leurs questions, les textes très introspectifs (au 3e degré j’entends) et transpirant de colère des rappeurs faisant office de prières. Et alors qu’on s’accroche à un fil invisible, on sombre dans la  beauté dans la noirceur de "Dark (The Trinity)". Black Thought se met à nouveau en retrait vers la fin de l’album pour laisser à la parole à monsieur Raheem DeVaughn pour les deux derniers titres,le chanteur  arrivant emprisonné dans ce désespoir qui ne laisse aucune visibilité d’un avenir ("The Unraveling"). Pourtant le onzième et dernier morceau très gospel dans l’âme redonne le sourire, comme c’est souvent le cas avec les Roots pour achever leurs disques sur une note positive, avec cet instrument omniprésent qu’est le piano.

Expérience incroyable, une fois encore, quel fabuleux travail. La faible durée d’écoute n’est pas un défaut en soi, pourtant il y a deux regrets que je peux formuler. Le premier, un manque de profondeur par rapport à Undun dont l’histoire était fort bien décrite, alors que …and then you shoot your cousin garde un oeil plus neutre, où les lyrics servent de témoignage, comme un documentaire où l’on suit la vie de personnes très modestes qui marchent de leur pas de porte vers l’église la plus proche pour essayer de trouver la force de continuer de vivre. La seconde critique est l’effacement de Black Thought au profit de morceaux instrumentaux ou des couplets d’autres rappeurs, très doués, mais pas autant que Tariq Trotter.


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