L'éducation n'est pas un service d'État usuel. La fréquentation scolaire est une obligation en vertu de la loi sur l'instruction publique. Le parent d'enfants, qu'il soit riche, pauvre ou sans emploi, n'a pas le choix et doit nécessairement envoyer son enfant à l'école. Sinon la DPJ, cognera à votre porte.
Et si il y a résistance, la police.
Il doit aussi assumer les frais scolaires, aussi ridicules certains de ceux-ci soient-ils.
Le bal des finissants, déboulonnons une partie du mythe tout de suite, est généralement assez nul. Il s,agit de la réunion de pleins de moitiés d'hommes et de moitiés de femmes qui ont des envies et des attentes pas complètement claires face à cette soirée (voire face à leur vie future) et c'est normal, ils ont 16-17 ans, c'est de leur âge. La soirée du bal en soi, bien souvent, comble très peu d'attentes, attentes souvent démesurées.
"Toutes mes amies y seront, je les verrai peut-être pour la dernière fois, ils/elles seront toutes beaux (belles)"
dit l'adolescente.
Toutes mes amies y seront
Oui.
je les verrai peut-être pour la dernière fois.
Oui.
ils/elles seront toutes beaux (belles).
Enfin...
Si je prends mon expérience personnelle, les filles jugées belles pendant 5 ans au secondaire, sont, ce soir-là devenues laides le temps du bal. Trop maquillées, trop arrangées, trop artificielles, trop pressées de porter une peau de madame. Superficielle et c'était bien avant les selfies. Franchement pas jolie. Élizabeth Rancourt (oui celle de TVA Sports) en robe? alors qu'elle portait une coupe militaire êxtrêmement courte, en brosse, de garçon et s'habillait comme un garçon? Non, ça ne pouvait être la même qu'on avait connue (Elle a en revanche beaucoup changée depuis) Il y en avait une qui avait même une robe en or, assortie d'une grosse boucle dans le dos qui lui donnait l'air d'un gros bonbon. Et comme elle présentait des niaiseries sur scène de temps à autre, on la voyait beaucoup trop nous rappelant le côté excessivement sucré de la soirée.
Cette soirée, c'est passer la langue dans le sucre.
Cette soirée est généralement trop "trop". Trop: adverbe excessif propre à l'ado. Ça parait négatif tout ça mais c'est tout à fait dans l'ordre. Les ados sont par définition en recherche de quelque chose, principalement eux-mêmes, certains le resteront toute leur vie. Cette soirée est la leur et ils doivent commencer à apprendre à s'organiser. Le n'importe quoi de cette soirée est comme un passage obligé. Et l'après-bal vient ramener le naturel et chasser une large part d'anxiété mêlé à une bonne couche de testostérone croisée avec de l'oestrogène.
"Toutes mes amies y seront, je les verrai peut-être pour la dernière fois."
Pour ces deux seules phrases, alors que 5 années extraordinairement constructrices (ou l'inverse) à vivre en petite société fermée de la personne que vous serez plus tard, se terminent; pour ses deux seules phrases, dis-je bien, le bal des finissants est une pratique qui doit rester.
Une jeune fille des environs de Brossard s'est vue menacée d'être privée de participation au bal des finissants de son école parce que ses parents devaient encore 447$ de frais scolaire à cette école. La jeune fille, qui travaille à temps partiel, a proposé d'assumer ses frais elle-même, ce que l'école a refusé. Il voulait régler avec le père, ce qui était aussi la chose à faire. Celui-ci, sans emploi, ne pouvait pas régler la dette. Le ton a monté, la menace est tombée: elle sera privée de bal.
Le pauvre, dans tous les sens de l'adjectif, s'est tourné vers sa méthode de chantage à lui et a alerté les médias qui en ont fait un plat. C'est la cuisine des médias. L'histoire a fait le tour du pays. La tête du piteux papa aussi.
De généreux donateurs se sont portés volontaires pour éponger la dette. Ce que le père, à qui il restait une once de dignité, a refusé. C'était aussi la chose à faire. L'école et lui se sont encore brouillés. "Non mais christ! paye!" n'a pas été dit mais pensé.
Finalement une entente a été prise pour que les délais de paiement soient exceptionnellement étirés pour les parents en question. Jeunesse au Soleil a aussi mis sur pied une bourse spéciale pour ce genre de situation spéciale.
Chantage pour chantage, l'ado et les parents de celle-ci auront ce qu'ils voulaient.
Malgré une étrange lumière éclairant la première le soir du bal et du plomb dans l'aile (le réalise-t-il?) pour les chances que cet homme sans emploi s'en déniche un rapidement (avec une réputation de potentiel fouille-merde doublée de celle de mauvais payeur).
Chantage pour chantage, l'école aura (peut-être) ce qu'elle voulait.
C'est l'adverbe exceptionnellement qui s'est écrit sur quelques jours et dans tous les médias du pays cette semaine dans le 450.
C'était aussi un cours de négociation 101.
Donc l'issue n'est en rien garantie pour l'école au final.