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Malena - 7/10

Par Aelezig

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Un film de Giuseppe Tornatore (2001 - Italie, USA) avec Monica Bellucci, Giuseppe Sulfaro, Luciano Federico

Fantasmes masculins, mais pas que.

L'histoire : Seconde guerre mondiale, une petite ville de Sicile. Le jeune Renato, treize ans, tombe passionnément amoureux de Malena. La jeune femme, extrêmement belle, est l'objet de tous les fantasmes des hommes du quartier. Lorsqu'elle passe, ils la dévisagent, la couvent du regard, et plus si affinités... Mais Malena baisse les yeux, pudiquement. Son mari est parti au front ; elle l'attend, elle l'aime, elle ne demande rien à personne. Tandis que les hommes imaginent  à voix haute tout ce qu'ils pourraient bien lui faire, et que les femmes se déchaînent contre le péché qu'elle incarne... Renato la suit, l'espionne, mouille ses draps et prie les saints de la protéger jusqu'à ce qu'il devienne grand. En attendant, il la venge des médisances en jetant un caillou dans une vitrine, en pissant dans un sac de dame... Jusqu'au jour où, contre l'escalade de la cruauté, il ne pourra plus rien...

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Mon avis : Au début on rit, à la fin on pleure. C'est un bien joli film, très italien, très bavard ; chronique douce et drôle, et en même temps tragédie sans concession ; entre ombre et lumière donc, comme ce village où les ruelles sombres vous protègent des ardeurs du soleil.

On croit d'abord qu'il s'agit d'une simple comédie sur les premiers émois amoureux et sexuels d'un jeune garçon, fasciné par une jolie femme. Trop jolie. On assiste peu à peu à quelque chose qu'on n'avait pas vu venir : une mise à mort et une réflexion très ironique sur la beauté. La beauté qui fascine, la beauté qui dérange, tellement qu'elle peut exacerber les instincts les plus vils. Malena est si belle qu'elle attire tous les désirs masculins, exprimés avec la candeur de l'adolescence, mais aussi les plus vulgaires manifestations. A force de la vouloir dans leur lit, ils passent tous leur temps à l'imaginer dans celui des autres : Malena ne peut qu'aimer le sexe, Malena est une pute. Les femmes la détestent, la méprisent... Peu à peu, les événements et les non événements s'enchaînent, entraînant Malena dans une spirale vertigineuse et inexorable. C'est assez magnifique.

La mise en scène est parfois un peu maladroite. Les petites séquences en noir et blanc où Renato s'imagine dans des situations héroïques avec Malena sont inutiles et nuisent à la fluidité du film ; il suffisait des autres artifices utilisés pour symboliser ses fantasmes : des scènes rêvées qu'il vit éveillé, aux côtés de la belle. Et puis je n'ai pas bien compris les réflexions des élèves à leur professeur de latin, père de Malena. Par exemple, un élève lui demande s'il "peut aller b... sa fille" et le vieil homme répond "Oui, mais dépêche toi..." et tout le monde éclate de rire ; il y en une ou deux autres comme ça. Je n'ai pas bien compris si cela entrait dans les fantasmes divers et variés du film ou si ces scènes étaient bien réelles ; si c'est le cas, ça m'a choquée ! Et de la part des élèves, et encore plus de la part du père ! Surtout pour l'époque dans laquelle se situe le film. Bizarre et limite obscène.

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Mais dans l'ensemble, c'est une belle et triste histoire en parallèle : celle d'un jeune garçon amoureux ; celle d'une jeune femme si belle qu'on ne lui accorde pas le droit d'exister. Un point de vue original sur la "différence".

Monica est sublime... Dans un rôle où elle parle très peu. Tout est dans son visage et son corps. Sensualité, séduction naïve, gêne, crainte, tristesse, incompréhension, peur, désespoir...

Ambiance sicilienne, avec des ruelles pleines de linge, de vieux palais baroques et des palmiers sous le soleil, avec un poil de filtre sepia de temps à autres pour un côté nostalgique. De très belles images et des cadrages intéressants.

L'histoire est censée se passer dans un petit village, mais on reconnaît la belle et majestueuse Syracuse.


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