La présentation de cette exceptionnelle soirée./Photo DDM R.C
Quelle belle idée de programmer la musique du chevalier Saint-George, surnommé le Mozart noir, pour accompagner le festival Afriqu'à Muret, qui œuvre à changer le regard porté sur l'Afrique et les Africains. Quelle plus belle illustration de la créativité déniée aux Noirs que ces concertos et symphonies composés sous le règne de Louis XVI par cet élégant métis guadeloupéen, fils d'un colon picard et d'une esclave. Ils se coulent dans les canons de la musique baroque, en y apportant une touche de langueur créole et de rythmes africains. «Cette musique est joyeuse» commente Jean-Marc Andrieu, le directeur musical des Passions de Montauban qui, avec l'appui de la Maison de l'Afrique de Toulouse, s'évertue à faire connaître les œuvres de ce «Nègre des Lumières» adulé pour ses talents de musicien et d'escrimeur sous l'Ancien régime. Son engagement à défendre les idées de la Révolution lui a valu d'être ostracisé lorsque Napoléon rétablit l'esclavage en 1802. Le public, parmi lequel on notait la présence du sous-préfet de Muret, a longuement applaudi la prestation des musiciens, à la hauteur de la virtuosité du violon du chevalier.