La carrière musicale de Ricardo Tobar commence au milieu des années 2000, à Viña del Mar, sur le littoral pacifique chilien. Loin des préoccupations de l’industrie musicale, et de la cadence machinique des grandes métropoles européennes, Ricardo profite du calme de « La Ciudad Jardín » pour bricoler ses mélodies à l’instinct sur Audio Mulch et Cubase. A l’époque, il avoue lui-même ne rien connaître aux synthétiseurs, et s’efforce simplement de produire et d’assembler les sons qui l’attirent. Sans professeur ni véritable accès à internet, Ricardo triture ses fréquences avec une naïveté troublante. En 2007, il envoie quelques démos chez Border Community, le label de James Holden, qui décide de sortir son premier EP, El Sunset. L’accueil est favorable mais l’assimilation rapide des productions du musicien chilien aux représentants de la house progressive, dont il n’apprécie pas particulièrement la musique, pousse Ricardo à changer de cap. Au cours de ces six dernières années, obsédé par le besoin de créer librement et ne supportant ni les étiquettes ni les commandes, il partage l’ensemble de ses sorties entre des labels aussi différents qu’In Paradisum, Traum Schallplatten, ou encore Natura Sonoris. En octobre 2013, Treillis, son premier album, sort chez Desire, label français indépendant, sur lequel sont signés entre autres Egyptology et Ike Yard.
Quoiqu’en dise Ricardo, les onze morceaux de Treillis tiennent plus de l’aboutissement que de la rupture radicale avec ses travaux antérieurs. Flottant quelque part entre les nappes synthétiques de Boards of Canada, les riffs distordus de My Bloody Valentine, et les cadences frottantes d’un Rezzett, Treillis sillonne dans les eaux troubles d’une electronica-shoegaze qui constitue désormais la griffe du producteur. Souvent rapproché du noise rock, les productions de Ricardo broient pourtant sans doute plus qu’elles ne bruissent. On est loin des performances d’un Ron Morelli ou de la violence de Low Jack (dont il a par ailleurs déjà remixé les morceaux). L’atmosphère générale balance entre boucles psychédéliques, mélodies lointaines et rêveuses, et lignes de basse tassées dans le grain. Un onirisme façon Cité d’Or, ambiance mécanico-chamanique et graviers. Des textures synthétiques qui absorbent et transportent comme les couleurs d’un dessin animé des années 80. Un rêve terreux et profondément incarné. Une musique introspective marquée par des expériences universelles, selon les mots de Josh Hall.
Si vous avez manqué l’album en octobre dernier, la séance de rattrapage est fixée au 9 juin, à l’occasion de la sortie d’un EP reprenant deux titres phares de l’album (Hundreds et Garden) – respectivement remixés par Daniel Avery et Bass Clef.
Ricardo Tobar, l’entretien
Photos © Helene Perruzaro
Depuis 2007, tu as sorti sept EP’s & singles et un album, sur sept labels différents. Comment expliques-tu cette fréquence de changement ? C’est volontaire de ne pas être vouloir être affilié à un label ?
Since 2007, you’ve released 7 EPs & singles and one album, on 7 different record labels. How do you explain this turnover? Is it something intentional, not to be affiliated with one label?
Quand j’ai commencé, je pense que je n’étais pas vraiment conscient de tout ça. J’aimais quelques labels et je leur ai envoyé plusieurs démos. Mais les labels veulent, ou ont déjà, leur propre pâte, et attendent quelque chose de précis. En tant qu’artiste, le besoin d’évoluer, de chercher quelques chose de nouveau, est primordial. J’essaie de travailler avec des gens qui sont intéressés par mes morceaux au moment où je les produis. Il n’y a aucun intérêt à se répéter – pour le meilleur ou pour le pire.
I think when I started I wasn’t conscious about all this label stuff. I just liked a few record labels and I sent them some demos, but labels want or have their own sound and they expect something from you… As an artist you always need to evolve and search for something new or different so I try to work with people that are interested in my songs and in the phase I’m going through in the present. There’s no point on repeating yourself, for better or for worse.
Treillis est ton premier album, comment as-tu abordé ce changement de format ? Penses-tu que cette expérience va influencer tes productions à venir ?
Treillis is your first album, how did you approach this new format? Do you think this experience will affect your future releases?
J’essayais de travailler sur un album depuis une éternité mais au début j’étais complètement perdu. Je n’avais pas de concept, rien… la musique était cette chose abstraite que je faisais parce que j’aimais ça. Je savais que c’était de la techno et je savais que je ne voulais pas servir de matériel pour DJ mais ça s’arrêtait là. Donc l’idée de faire un album était géniale mais ça m’a pris un temps fou de comprendre ce que je voulais. En fait, c’est le mot “art” qui m’a sauvé. J’ai découvert que c’était plus important que ce que j’imaginais avant, même si ça sonne prétentieux.
Je crois que ça m’a vraiment influencé et je serai heureux de faire un nouvel album aussi vite que possible.
I was trying to work on an album since ages really but at the beginning I was completely lost. I didn’t have a concept or anything… music was this abstract thing that I was doing because I just liked it. I knew it was techno and I knew I didn’t want to be dj material but that was it. So the idea of doing an album was great but it took me ages to realise what I wanted. In fact the word « art » saved me. I discovered it was more important than anything else I was thinking before, even if that sounds pompous.
I think it really influenced me and i would be happy to do another album as soon as i can.
Lorsque tu as commencé à tourner, tu évoquais souvent les difficultés liées au passage de la production au live. Est-ce un problème que tu as réussi à maîtriser avec le temps ? Comment la perspective de jouer en live a-t-elle influencé ta manière de produire ?
When you started to tour, you often mentioned the difficulties you had going from the studio to live music. Do you still have this problem? How did the prospect of playing live affect your compositions?
Je pense avoir toujours quelques problèmes avec ça. Je joue toujours dans des clubs et les gens, même s’ils aiment ta musique, ils veulent avoir une expérience physique, ou au moins danser un minimum. Quand j’ai commencé à jouer en live c’était très difficile pour moi. J’étais souvent très frustré donc je me suis mis à produire des morceaux en ayant en tête l’idée des clubs mais je pense que c’était affreux. C’était une phase d’apprentissage et je suis heureux d’être passé par là.
I think I still have some problems with that. I’m always playing in clubs and people, even though they like your music, they want to have a physical experience or at least dance a little bit. When I started to play live it was really difficult for me. I was often really frustrated so I started to do some songs with clubs in mind but I think it was awful. It was a learning curve and I’m happy I went through that.
Dans le prolongement de ma question précédente, tu as déclaré, dans une interview avec Ibiza Voice, que tu ne savais pas faire de hit et que tu ne serais pas capable de composer spécialement pour le dancefloor. Pourtant, comme la plupart des artistes issus de la scène électronique, tu joues majoritairement en club. Comment parviens-tu à gérer cette tension entre le souci de garder ta ligne musicale et la « nécessité » de faire danser le public ?
You said in an interview with Ibiza Voice that you didn’t know how to make a hit and that you wouldn’t be able to compose a song especially for the dancefloor. And yet, as many electronic artists, you play mostly in club. How do you get to handle that tension between keeping your musical orientation and the need of making people dance?
Il y a toujours cette pression en concert parce que ça peut très bien se passer ou très mal. Tout dépend de mon humeur et des gens présents. Mais en général, le public des premiers rangs est déçu parce qu’ils veulent toujours quelque chose de différent. je crois que je fais l’exact opposé de ce qui fonctionne dans un club. J’essaie de continuer à peaufiner ça, c’est le secret !
There’s always this tension when I play live because it can go really well or really bad. It all depends on my mood and the people there with me. But usually people in the front are not happy because they always want something different. I think I just do the whole opposite of what works in a club. I try to keep refining that, that’s the secret !
Tu as commencé à composer avec peu d’équipement, un logiciel téléchargé sur internet et quelques machines, ce qui a conditionné ton esthétique lo-fi, brute. Pourtant, sept ans plus tard, tu es toujours animé par la volonté de « salir » tes productions, de les traîner dans la terre, de distiller ça et là des imperfections, des cahots dans la rythmique et de fissurer tes lignes de basses. L’omniprésence de la distorsion est l’une de tes marques de fabrique, et ce souci ce raffinement dans le sabotage donne un aspect très vivant, presque animal, à ta musique. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce choix esthétique ?
You started to compose songs with very few equipments, a hacked software and some electronic musical instruments, which determined your lo-fi, rough aesthetic. However, seven years later, there’s still a desire to mess with your songs, get them dirty, to spread some imperfections here and there, some irregularities in the rhythm section and cracks in your bass lines. The distorsion’s omnipresence is one of your trademarks, and your refinement in sabotaging give a very lively, almost bestial aspect to your music. Could you tell us a little more about this aesthetic choice?
Ce n’était vraiment pas conscient. J’imagine que c’était parce que j’étais tellement plongé dans le noise rock. Tout ce que j’aime est toujours un peu noisy donc ça me paraissait naturel de produire des morceaux comme ça. J’ai toujours pensé que je n’étais pas assez extrême cela dit. Je veux aller encore plus loin.
It wasn’t conscious really. I guess it was because I was so into noise rock. Everything I like it’s always a bit noisy so it just feels natural for me to do songs like that. I always thought I wasn’t extreme enough though. I want to go further.
Un autre aspect caractéristique de tes productions, c’est leur force visuelle et leur faculté à engendrer des visions chez celui qui les écoute – une musique hallucinogène en un certain sens. On a souvent évoqué l’influence du mysticisme sur ton travail. Comment lies-tu la spiritualité à la musique ?
Another distinctive aspect of your productions is their visual impact and their capacity of creating visions in the listener’s mind – a kind of mind-expanding music. The influence of mysticism on your work has often been mentioned. How do spirituality and music connect in your work?
La spiritualité est quelque chose de très important dans la vie, du moins c’est ce que je pense. Si tu creuses un peu et que tu vas au plus simple, tout est spirituel. La créativité en est un aspect important et la musique est une petite partie de cet ensemble. Chaque manisfestation est d’égale importance, donc la photo, la peinture, la musique, la poésie ou n’importe quoi d’autre, tout est connecté. Il ne devrait pas y avoir de différence entre tous ces éléments.
Spirituality is something really important in life, I think, at least for me. Everything is spiritual if you go deeper and if you simplify things. Creativity is one important aspect of it and music is a tiny part of that circle. Any kind of manifestation is just as important, so pictures, paintings, music, poetry or everything you could think of is connected. There should be no distinction between all of them.
Une autre formation qui s’inscrit dans cette dynamique profondément visuelle, et à laquelle tu as souvent été comparé, c’est Boards of Canada. Pourtant, à ma connaissance, tu n’as jamais personnellement fait mention du duo écossais dans tes interviews. Est-ce une filiation que tu assumes ?
There’s another formation which fit into this really visual movement, and to which you’ve often been compared to, it’s Boards Of Canada. But to my knowledge, you’ve never mentioned the scottish duo personally durung your interviews. Do you agree with this affiliation ?
Je les aime beaucoup. Mais j’imagine qu’aujourd’hui, tout peut sonner comme du BoC, donc j’essaie de prendre mes distances avec eux. Et pour être honnête, ils sont trop bons pour que je puisse me comparer à eux. Mais je pense qu’on a la même influence : My Bloody Valentine.
I like them a lot. I guess everything can sound like BoC now so I try to keep my distance from them. And to be honest I can’t really compare to them, they are so good. But i guess we have the same influence : my bloody valentine.
Dans plusieurs interviews, tu mets l’accent sur le besoin de composer une musique qui a du sens, qui est riche de sens (meaningful). Qu’est-ce que ça signifie exactement pour toi une « musique qui a du sens » ?
During several interviews, you insisted upon the fact that you need to compose music which is meaningful. What do you mean by that exactly?
Quelque chose qui ne soit pas évident et qui puisse durer. J’ai souvent été comparé à d’autres artistes que je n’aimais pas particulièrement parce que j’étais sur le même label. J’ai eu envie de m’éloigner de tout ça et de dire “Fuck”, vraiment. Si je dois faire un disque de noise pour y parvenir, alors je le ferai.
Donc “faire de la musique qui a du sens”, pour moi, c’était de continuer à produire des morceaux, non pas pour l’argent ou pour la hype, mais qui me touchent ou me transforment. Si ça peut me toucher, alors peut-être que ça en touchera d’autres.
Something that’s not obvious and that can last. I was often compared to other artists that I don’t really like only because I released on the same label. I wanted to get far away from that and to say « fuck that » really… If I have to make a noise record to get there, i will. So meaningful was for me to stay making songs no for money or to be hyped, just to do something that can move me or change me. If this can affect me maybe it can affect others.
Treillis est un excellent album dont la richesse justifierait de longues heures de discussion. Malheureusement le temps nous manque, je me limiterai donc à une seule question formelle. Au trois quart de « Garden » (présent sur l’EP), tu injectes une coupure brutale en pleine mesure, puis repars tranquillement comme si de rien était. Tu mets souvent l’accent sur l’importance de la liberté créative. Est-ce que c’était ta manière de reprendre le contrôle sur la forme et l’aspect sclérosant de nos habitudes d’écoute ? Une sorte de fuck you musical pour manifester ton côté punk ?
Treillis is an amazing record we could talk about for jours. Unfortunately we don’t have the time so I’ll just ask you one formal question. At some point in the song “Garden” (from the EP) you make a sudden break in the middle of the rhythm then start again as if nothing happened. You often insist on the importance of the freedom of the creativity. Was this your way to take over our listening habits? Some sort of punk musical “Fuck You”?
C’est gentil, merci mec ! Je fais généralement ce genre de choses afin de dissimuler toutes les erreurs faites lors de l’enregistrement, mais j’aime mettre une coupure dans un morceau à chaque fois que ça semble opportun. J’ai toujours aimé Nine Inch Nails et Trent Reznor détruisait ses morceaux de cette manière. Je lui ai piqué ça. C’est très important de garder une attitude punk face à la musique, tu dois faire ce que tu as envie de faire, toujours.
That’s nice, thanks man. I usually do everything like that to cover all the mistakes i did during the recording, but I like to break a song whenever it feels right. I was always into Nine Inch Nails and Trent Reznor was destroying his songs like that. I grabbed that from him. To have a punk attitude towards music is really important, you have to do whatever you want to do always.
L’autre extrait de l’album présent sur l’EP, c’est « Hundreds » – rien d’étonnant diront ceux qui l’ont découvert via l’album, tant il était impossible de rester insensible à la puissance mélodique dégagée par le morceau. Pourtant, tu sembles entretenir des rapports ambigus avec cette track. Dans une interview avec Electronic Beats, tu déclarais qu’elle s’intitulait « Hundreds » parce que tu avais facilement composé des centaines de morceaux de ce genre, que tu avais décidé de « put something like that on the album just for the sake of it », “pour la forme, par principe”. Etait-ce une forme de concession pour ton public ? Est-ce que tu peux nous parler un peu plus de ton rapport avec ce morceau ?
The other song present on the album which was also on the EP is “Hundreds”. But you seem to have an unclear relationship with this track. During an interview with Electronic Beats, you said that it was called “Hunderd” in reference of the fact that you’ve composed hundreds of songs just like that one and that you decided to « put something like that on the album just for the sake of it ». Was it some sort of concession for your audience? Could you tell us a little more about this song?
J’ai des sentiments mitigés pour tous les morceaux que j’ai composés ! Je n’en suis jamais satisfait, j’ai dit ça parce que je fais généralement ce genre de morceaux très rapidement pour les effacer au final parce qu’ils sont… je ne sais pas comment l’expliquer mais la plupart du temps, quand quelque chose est facile à faire, tu ne lui accordes pas une très grande valeur. J’aime beaucoup la distorsion sur “Hundreds” cela dit.
I have mixed feelings with every song i’ve made ! I’m never satisfied with them, I said that because I usually do songs like that really fast but at the end of the day I end up erasing them because they feel… I don’t how to explain it, but usually when something is easy to do you think it’s not worth it. I like the tape distortion on hundreds a lot though.
Les deux autres artistes présents sur l’EP sont Daniel Avery et Bass Clef. Comment le projet de cet EP a-t-il été conçu ? Qu’est-ce qui a déterminé votre volonté de travailler ensemble ?
Daniel Avery and Bass Clef also play on the EP. How did you come up with this project? What made you want to work together?
Avec Daniel, on parlait de faire un truc ensemble depuis un moment. On aime beaucoup ce que fait l’autre donc c’était génial de collaborer. Je ne connais pas Bass Clef personnellement mais j’ai toujours aimé sa musique et Jérôme (Mestre) de Desire le connaissait donc tout s’est fait simplement et de manière spéciale. Je suis très content de l’EP pour être honnête.
We were talking with Daniel to do something together since some time, we are really fan of each other so it was amazing to do the collaboration. I don’t know Bass Clef personally but I always liked his music and Jerome from desire knew him so everything was really special and easy to handle. I’m really happy with the EP to be honest.
Tu vis en France depuis quelques années maintenant, mais tu es né et a grandi au Chili. Quels rapports (musicaux) entretiens-tu avec ton pays d’origine ? As-tu eu l’occasion de jouer au Chili ? Existe-t-il une scène électronique là-bas ?
You’ve been living in France for some years now but you (were born and) grew up in Chile. What musical relationships do you have with your country of origin? Did you have the chance to play there? Is there an electronic scene?
Il y a une petite scène électronique là bas mais je n’ai aucun rapport avec eux. Je me sens tellement loin de ça. Les Djs s’intéressent à quelque chose que Luciano ou Villalobos ont déjà fait. Ils sont plus intéressée par les à-côtés de la vie de Dj : porter des lunettes de soleil en boîte, mettre une écharpe quand il fait super chaud, et se complaire dans cette ambiance superficielle. C’est comme s’ils avaient 10 ans de retard… Mais je suppose que c’est normal, on entend encore des morceaux identiques à ce que faisait la communauté indie dix ans auparavant même si tout le monde est passé à autre chose.
There’s a little scene there but I’m not related to all that at all. I just feel so different to them. Dj’s there are focused on something that luciano or villalobos already did. They are more interested in the life of a Dj : wearing glasses inside a club, using a scarf when it’s really sweaty and stay in this uninteresting constant groove. It’s like they are 10 years away… but I suppose is normal, you still hear songs copying what Border Community did ten years ago even though everybody moved on.
Dernière question, est-ce que tu peux nous parler un peu de tes projets à venir ? Lives, nouvel EP, etc. ?
Last question, could you tell us about your future projects ? Lives, EPs, etc?
Je joue au Social Club à Paris le 19 juin et j’ai quelques dates après ça. Je ne souhaite pas parler des prochaines sorties mais des choses sont prévues !!
I’m playing in paris at the Social Club on june 19th and I have a few dates after that. I don’t want to talk about releases yet, but there’s some stuff coming out !!
Traduction : Marie-Eva Marcouyeux