Le rideau est tombé sur la 13ème édition du Festival MAWAZINE !
Ce fut une très bonne édition, peut-être pas aussi étincelante que certaines des précédentes mais très bien réussie.
Je ne fie pas aux déclarations des organisateurs, ni aux articles des journaux qui sont souvent payés pour encenser ceci ou pour monter aux nues celui-là. Je parlerai donc de ce que j’ai vu, de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai aimé, de ce que j’ai un peu moins ou peut-être pas du tout aimé, de ce que j’ai découvert et de ce que j’aurai voulu voir.
Je parlerai aussi de ce que j’aurai voulu voir ou entendre, mais Allah Ghallab, je n’ai plus l’âge de sortir tous les soirs!
Comme chaque année, j’ai essayé d’être éclectique dans le choix des spectacles que j’ai suivis..
Donc le premier soir, Justin Timberlake sur la scène de l’OLM. Ce n’est pas ma tasse de thé, je n’aime pas ce genre de musique qui ne me parle pas, question de génération, je suppose. Mais le spectacle était sympathique et le public enthousiaste. Mawazine 2014 s’annonçait bien.
Deuxième soir, ma scène préférée, la scène du Bouregreg, avec son public métissé, ses jeunes surfeurs aux cheveux rasta habitués de la plage de Rabat, ses africains venus de tous les coins du Continent - moins nombreux cette année, je ne sais pour quelle raison – , ses étrangers qui apprécient la musique authentique, ses effluves de joints et de marée montante, ses familles entières avec papa, maman, enfants et même bébés!
Spectacle de Ben L’Oncle Soul, chanteur français né à Tours, qui chante comme Otis Reading, un tourangeau qui a la soul dans le sang ! Qu’en dire? Sinon, que la soirée fut magnifique à tout point de vue!
Troisième spectacle que j’ n’aurais pas raté pour rien au monde : Bernard LAVILLIERS au Théâtre Mohamed V face à u public composé à 90 % de français. Cela m’a permis de me conforter dans mon idée que beaucoup de gens aiment à se donner des postures : les français du Maroc votent en majorité à droite quand ils ne votent pas F.N. et pourtant ils étaient des centaines à applaudir ce fils d’un résistant-syndicaliste et d’une institutrice stéphanois, cet insoumis de toujours, ancien pensionnaire d’une maison de correction. Lavilliers a dit lui-même qu’à une période de sa jeunesse “il ne savait s’il allait être gangster, boxeur ou poète”. Il est devenu auteur-interprète-voyageur pour notre plaisir à tous!
Son concert fut une réussite totale, grâce à un ensemble musical phénoménal! Merci, Bernard!
Puis il y a eu STROMAE!
Mon petit-fils avait déjà réservé la soirée depuis un moment ; je ne pouvais lui refuser cà ; il connait par cœur les paroles de la plupart de ses chansons, à sa manière bien sûr, au premier degré que peut capter un gosse de cinq ans.
Et STROMAE apparut ….Il chanta….dansa….enflamma l’OLM…transporta plus de 150.000 personnes dans son monde à lui….les fit chanter tous, jeunes, vieux, enfants, femmes, des paroles que jamais ils n’auraient pensé ou osé chanter!
Je n’ai jamais vu autant de monde réuni à Rabat au même moment : pourtant j’ai assisté à des tas de spectacles, à des marches historiques!
Même Shakira n’a pas réuni autant de monde!
Mais il fallait bien une déception : elle fut grande, aussi grande que la sympathie et même l’empathie que j’éprouve pour Souad MASSI.
Dans un théâtre Mohamed V archi-comble, un public enthousiaste attendait la chanteuse algérienne. Finalement il a droit à l’excellente prestation du groupe qui l’accompagnait “Les chœurs de Cordoue“ avec notamment le guitariste hors norme Eric Fernandez. Il faut reconnaitre que le programme précisait bien qu’il s’agit de “Souad Massi et Eric Fernandes (Chœurs de Cordoue)”.
Le public attendait la chanteuse algérienne et il a eu une chanteuse qui se voulait “andalouse” on peut aimer ou non, mais en ce qui me concerne je suis resté sur ma faim.
La Souad Massi que j’aime est celle qui chante l’Algérie d’aujourd’hui, pas l’Andalousie de nos ancêtres. qui chante sa famille, son exil. Bref, qui chante la vie, pas la nostalgie!
Elle a changé de style et de répertoire : si elle s’y sent bien, pourquoi pas! Mais sans moi et surement sans une partie de son public de naguère.
MAWAZINE c’est aussi d’autres artistes, d’autres scènes, d’autres publics!
J’aurais bien évidemment voulu assister au concert de Kadem SAHER!
Avec beaucoup de nostalgie, j’aurais voulu aussi applaudir ZEBDA ou IAM. Ou bien retrouver Robert PLANT et me souvenir LED ZEPPELIN.
J’aurai aussi voulu découvrir sur scène l’algérien BILAL, qui a réuni une bonne centaine de milliers de fans, dont certains sont venus de très loin pour l’applaudir. Ce chanteur est une preuve que le vrai Maghreb Uni n’est pas celui des gouvernants mais celui des peuples!
J’aurai aussi assister à la prestation du rappeur tangérois MUSLIM, que j’ai découvert grâce à la télévision. Il montre et démontre que l’on peut être rappeur sans tomber dans le “gangsrap” ni dans le “rap nationaliste” décrié par les bobos et exprimer sa colère, ses espoirs et son désespoir, ses attentes et aussi ses émotions personnelles dans une langue percutante, sobre et efficace!
Pour finir, je préciserais que je ne me serai pas déplacé pour voir ni entendre le toujours jeune Ricky MARTIN, ni même le vieux Manu DIBANGO qui n’a plus rien à apporter à la musique africaine, ni la charmante et sympathique Nancy Ajram, ni l’inusable Mohamed ABDOU, pas plus que la pulpeuse et volcanique Alicia KEYS!
Chacun son trip, en musique comme en tout!
En clôture de mon “Mawazine” à moi, je me suis offert un plongeon dans la musique africaine, ghanéenne plus précisément, avec Ebo TAYLOR et son orchestre : un moment rare!
Un regret pourtant me culpabilise : je n’ai jamais trouver le temps d’assister à un spectacle donné dans les Jardins du CHELLAH. Lors de la prochaine édition, j’essaierai de remédier à cette lacune.
Bon vent au Festival Mawazine et à l’année prochaine!