C’est dans l’émission de Pascale Clark, « Comme on nous parle », sur France Inter, que j’ai remarqué les chroniques de Frédéric Pommier. Et c’est pour en retrouver le ton, la pertinence, l’humour, la justesse, que j’ai lu son livre L’assassin court toujours. Il y traque les tics de langage des politiques et des journalistes, non pas par souci de dénigrer, comme le font certains, le travail politique ou journalistique, mais pour remettre les choses à leur place. Car les dérives sont nombreuses et faciles. Je vous ai signalé, par exemple, qu’on parle abusivement de « présumé coupable », alors que le droit français ne connaît que la présomption d’innocence. S’il joue parfois sur les mots, par exemple quand « retoquer un texte » lui fait penser aux « toques » des chefs ou aux « toqués » qui sont « timbrés », il y a bien souvent des expressions qui méritent son jugement pointilleux. Les émissions culinaires aujourd’hui proposent de « sublimer la courgette ». Qui éloigne les enfants de la télé quand on nous annonce des « images insoutenables » ? La droite accuse régulièrement la gauche de « dérive laxiste », la gauche accuse la droite de « dérive sécuritaire ». On ne parle plus de la voix d’un chanteur ou d’une chanteuse, mais de sa « signature vocale ». Il s’inquiète qu’on puisse dire que « la parole raciste se libère », et précise, arguments à l’appui, que « c’est tout simplement une aberration langagière ». Ce sont autant de gimmicks, repris à l’envi sur les ondes, dans la presse, dans l’hémicycle (la semaine dernière encore, à l’Assemblée nationale, un député disait au Premier Ministre : « Nous ne sommes pas dans un monde de Bisounours »), et qui visent à nous dire ce qu’il faut penser. Merci à Frédéric Pommier d’y être vigilant.