Considérée comme un tremplin vers le reste de l’Afrique, l’Afrique du Sud est très tournée vers les Affaires. Pour encourager la culture d’entreprise, l’Etat a créé une structure de type incubateur pour promouvoir les jeunes entrepreneurs locaux.
Entretien dans le cadre de l’émission L'Atelier numérique sur BFM Business avec Stefan Sakoschek, président de la chambre de commerce Franco-sud-africaine mais aussi fondateur d’une société, GIG, spécialisée dans la certification et le contrôle.
L’Atelier: L’Afrique du Sud est-elle dotée d’une culture entrepreneuriale très ancrée?
Stefan Sakoschek : La culture de l’entrepreneuriat en Afrique du Sud est émergente, au même titre que l’Afrique du Sud elle-même. Rappelons que le pays sort tout doucement, péniblement de 40 ans d’Apartheid et de 20 ans de post-Apartheid. Si bien qu’il existe une véritable classe moyenne noire avide d’ouverture, avide de faire des affaires et donc d’entrepreneuriat.
Ce vent entrepreneurial est-il stimulé d’une façon ou d’une autre, qu’il s’agisse de l’Etat ou de structures privées?
Par ailleurs, le nouveau gouvernement comme l’ancien d’ailleurs, issu de l’ANC [African National Congress, ndlr], d’origine communiste, est néanmoins plus orienté vers les affaires. Si bien qu’on a une économie très étatique mais gérée par des businessmans. L’actuel président, Jacob Zuma, et tous les Ministres ont été hommes d’affaires, de près ou de loin. La culture d’entreprise est donc très forte. Le fait d’appartenir aux clubs des BRICS, pays émergents, témoigne cet élan.
Comment se manifeste cette émulation? Des incubateurs ont-ils été créés? Des "success stories" ont-elle émergé?
Le Ministère du commerce et de l’industrie a un département qui s’appelle le DTI, Department of Trade and Industry, qui a véritablement vocation d’incubateur. Depuis le boom de l’Internet aux États-Unis il y a une quinzaine d’années, la recherche d’investissement est forte. En Afrique du Sud, les investissements sont très présents dans les innovations liées au secteur de l’énergie renouvelable. Donc en réalité, le DTI permet de promouvoir localement les jeunes entrepreneurs qui font de l’incubation. Par ailleurs, des enveloppes budgétaires sont aussi prévues. Puis en parallèle, il y a un appel aux investisseurs étrangers ; européens notamment pour tout ce qui est high-tech.
Le sommet Franco-sud-africain qui s’est déroulé en octobre l’année dernière a justement évoqué cette problématique. Jacob Zuma a ainsi exprimé l’importance pour l’Afrique du Sud de se tourner vers des investisseurs étrangers.
Puisque la high-tech est l’un des secteurs propices que l’Afrique du Sud veut porter, cela veut-il dire que les usages liés aux nouvelles technologies ( smartphone, applications, Internet,…) Sont très répandus, quelles que soient les couches de la population?
Oui, c'est un petit peu comme au Nigéria. La grande majorité de la population est équipée de smartphones, y compris dans les zones rurales. Ils sont un outil essentiel pour communiquer et pour travailler. Le réseau 4G est opérationnel partout. On trouve également beaucoup de développeurs d’applications locales. La population noire est très avide de moyens de communication et de réseaux cellulaires.
Les Sud-Africains cherchent-ils également à exporter leurs applications?
Absolument. L’exemple qui me vient immédiatement en tête est une application qui permet de réaliser des transferts d’argent sous un format électronique. Les transferts de fonds peuvent se faire via les mobiles. Cette application, concurrente de Western Union, a été développée en Afrique du Sud et s’exporte très bien en fait dans la sous-région et sur le Nigéria.
Comment se situe l’Afrique du Sud par rapport à ces pays voisins côté entrepreneuriat, innovation, nouvelles technologies ? Est-elle un moteur ?
L’Afrique du Sud est un tremplin vers le reste de l’Afrique : tant au niveau des infrastructures, de la population, que de l’éducation, etc. C'est le véritable moteur de la région Afrique Australe. Ainsi, les entreprises de la grande distribution ou des nouvelles technologies se réexportent très bien dans les pays limitrophes. Les success stories concernent plus le secteur de la grande distribution que la high-tech. Nous avons par exemple des supermarchés qui s’exportent bien en Namibie, au Botswana, au Zimbabwe, en Zambie. Tout ça, ça vient d’Afrique du Sud. Donc il y a une véritable force qui émane d’ici. Très riche en matière première, l’Afrique du Sud est un grand exportateur vers l’Asie et la Chine et les réimportent -malheureusement trop peut-être - sous forme de biens de consommation. Et ces biens de consommation sont également réexportés dans la sous-région. Donc ça crée un véritable flux export-import et une véritable effervescence autour de l’Afrique du Sud qui a elle les ports à la Durban bien sûr, port Elizabeth, Cape Town qui sont des infrastructures portuaires.