Broché: 206 pages
Editeur : XO (7 mai 2014)
Langue : Français
ISBN-10: 2845637160
ISBN-13: 978-2845637160Disponible sur liseuse: Oui
Résumé:
En cet été 1763, Renée Pélagie de Montreuil est depuis quelques mois la Marquise de Sade. Une Marquise très éprise mais très chaste qui reçoit une mystérieuse lettre l’informant de l’inconduite de son époux et l’invitant à assister à ses frasques. Un premier billet anonyme qui ouvre à la belle Marquise des horizons délicieusement interdits… Un roman piquant et sensuel dans le Paris des Lumières et du libertinage.
Mon avis:
Après quelques déboires avec la littérature érotique de notre époque, je pense avoir trouvé le style qui me convenait. J’avais déjà été agréablement surprise par Hôtel-Chambre 1 d’Emma Mars, je l’ai été tout autant avec ce récit historique de Mireille Calmel. Je n’ai jamais lu les récits sulfureux du Marquis de Sade ( je ne suis pas certaine d’apprécier ce genre d’extrême, même si tôt ou tard ma curiosité l’emportera fatalement :p ) mais quelques avis des plus positifs glanés ici et là, m’ont convaincue de céder à la tentation de ce roman historique et érotique.
Renée Pélagie de Montreuil se retrouve l’année de ses vingt-trois ans mariée au Marquis de Sade après un contrat de mariage des plus lucratifs pour ce dernier. En échange d’une dot confortable, Pélagie pourra entrer à la cour de Versailles ou règne vice et débauche au cœur des alcôves, mais également érudition et esprits éclairés. Au premier regard, la jeune femme, élevée dans les principes strictes de la religion, tombe sous le charme et l’assurance de son futur époux. Mais la morale que lui impose son éducation lui interdit de concevoir le sexe comme autre chose qu’un moyen de procréer. Lorsqu’une lettre anonyme l’invite à ouvrir les yeux sur les mœurs dissolues de son mari, le monde de Pélagie s’ouvre à de nouveaux horizons, pleins de sensualité mais aussi pure débauche quant aux pratiques extra-conjugales du Marquis.
Une troublante correspondance
Troublée par ce qu’elle voit et apprend de lui par les langues de vipères de la cour, la jeune femme se confie sans détour à son mystérieux informateur. Une grande partie du roman se compose de cette correspondance, d’abord tout à fait chaste, entre cet inconnu et la Marquise, rappelant ainsi ce classique de la littérature épistolaire du XVIIIème siècle: Les Liaisons dangereuses ( On croise d’ailleurs, au détours d’une allée de Versailles le comte de Valmont dont se méfie ironiquement le Marquis). Au fil des missives échangées, la jeune femme, séduite, se prend au jeu des confidences et se laisse guider dans un jeu plus sensuel. Les barrières de sa morale tombent les unes après les autres. Les principes rigides de la religion ne font décidément pas le poids face à l’éveil des sens de la Marquise et à l’identité de son mystérieux mentor.
Liberté d’aimer mais aussi de penser
Ce qui est particulièrement appréciable dans ce roman, outre le style agréable de l’auteur, c’est la dimension donnée au personnage du Marquis. Il apparaît ici bien sûr comme un pur libertin mais également comme un homme torturé et meurtri. Meurtri par son passé mais également par ce fossé entre ses convictions et le carcan encore étroit imposé par une morale religieuse qui fait de Versailles et de sa cour une vaste supercherie où les apparences masquent les mœurs libérées des courtisans.
Dans ce court roman, sous-titré "Chroniques libertines", le libertinage est décliné dans tous les sens du terme. La liberté des mœurs côtoie la liberté de l’esprit. On y cite Voltaire, Diderot, Rousseau, ces chefs de fil des Lumières. Pélagie apprend à aimer librement autant qu’elle cultive son esprit à ce nouveau courant de pensée que sont les Lumières. Mais les derniers chapitres montrent à quel point se détacher de plusieurs siècles de croyance religieuse n’a pas été chose aisée même pour quelqu’un comme le Marquis.
Une agréable découverte donc autant en ce qui concerne l’histoire que le style de l’auteur: fluide, élégant mais surtout jamais vulgaire même lorsqu’il s’agit de décrire les frasques extra-conjugales du Marquis. Un bémol, toutefois, concernant le prix trop excessif à mon goût pour un roman de 200 pages.
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