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Critique Ciné : Black Coal, polar fou

Publié le 14 juin 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Black Coal // De Yi’nan Diao. Avec Fan Liao, Lun-mei Gwei et Xue-bing Wang.


Récompensé d’un Ours d’Or (ce n’est pas rien) lors de la dernière Berlinade, Black Coal avait donc déjà tout pour me séduire. Le résultat est un peu différent mais tout ce que l’on peut reprocher à l’histoire, on ne peut pas le reprocher à Yi’nan Diao qui n’a pas volé sa récompense. Le film suinte la réalisation léchée et réussie. Le problème dans Black Coal du coup c’est plutôt l’histoire qui n’offre pas grand chose de nouveau dans le genre. On retrouve donc tous les trucs et astuces du polar classique que l’on peut voir fleurir chez les américains par dizaines chaque année (avec plus ou moins de réussite). Le résultat c’est que l’enquête manque d’un peu de relief à mon humble avis, préférant alors se concentrer sur des choses peut-être un peu superflues par moment. Tout cela n’en est plus que dommageable dans le sens où la mise en scène est particulièrement inspirée et nous donne l’impression de vivre certains moments. On retrouve ici la violence de ce que l’on avait pu voir un beaucoup mieux dans A Touch of Sin plus tôt cette année par exemple (et dois je vous ai parlé récemment).
En 1999, un employé d’une carrière minière est assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie. L’inspecteur Zhang mène l’enquête, mais doit rapidement abandonner après avoir été blessé lors de l’interpellation des principaux suspects.
Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres sont commis dans la région, tous deux liés à l’épouse de la première victime. Devenu agent de sécurité, Zhang décide de reprendre du service. Son enquête l’amène à se rapprocher dangereusement de la mystérieuse jeune femme.
Du coup, la grande réussite de Black Coal tient de la mise en scène. L’utilisation des couleurs tout au long du film est particulièrement bonne. Je dirais même que cela permet à la fois de se rapprocher d’un certain genre cinématographique mais également de voir quelque chose d’autre et d’inspiré. Le film creuse tout spécialement l’utilisation du noir, des ombres, etc. Tout au long du film il y a des moments où la mise en scène gère à merveille les ombres des personnages. Ensuite, on passe la plupart de notre temps à suivre ces personnages, de dos. On a donc l’impression constante d’être dans une course poursuite (que cela soit quand notre héros file quelqu’un ou bien quand une voiture en suit une autre). Le rapport de Yi’nan Diao avec la filature est assez fascinant en son genre. En tout cas, je ne regrette rien puisque le résultat est au rendez-vous. Le but est aussi de nous plonger dans un univers très urbain. L’utilisation de la ville est donc assez étonnante et le metteur en scène que je ne connaissais pas du tout auparavant parvient à se servir des lieux pour créer une ambiance froide, glauque et finalement très proche de ce que font les américains avec beaucoup de leurs bons polars (le rapport avec le froid par exemple vu récemment dans l’excellent Prisonners).
Dans le constat social (et donc ce qui est travaillé dans le scénario), on est tout de même très loin de A Touch of Sin. La comparaison n’est pas étonnante et ce même si les deux films ne racontent pas la même histoire. Malgré tout, Black Coal démontre aussi le fait que la Chine est un moyen qui s’est modernisé très tardivement (notamment le rapport avec l’ADN, etc.). Finalement, je ne sais pas trop quoi penser de Black Coal. C’est à la fois un très bon film mais aussi un film qui, par son côté ultra classique et sa narration par moment forcé, ne parvient pas totalement à séduire le spectateur que je suis. Après tout, le cinéma ce ne sont que des expériences et si celle-ci ne m’a pas embarqué cela peut arriver mais je crois que j’aurais préféré voir A Touch of Sin au cinéma à la place de Black Coal qui n’avait peut-être pas la puissance de frappe nécessaire. Pourtant, d’un point de vue de la mise en scène c’est particulièrement réussi. On ne pouvait pas demander mieux de la part du réalisateur et du directeur de la photographie pour le coup. Le choix du rouge notamment est là aussi un très belle idée, sans compter sur le rapport au noir que je citais plus haut (et qui colle parfaitement au titre du film).
Note : 6/10. En bref, esthétiquement irréprochable mais le scénario manque un poil de folie.


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