Après avoir réalisé « Toy Boy » ou encore « Perfect Sense », le réalisateur britannique, David Mackenzie, livre « Les poings contre les murs ». C’est le jeune Jack O’ Connell, connu pour son rôle dans la série « Skins », qui tient le rôle principal. Rupert Friend et Ben Mendelsohn complètent le casting. Le long-métrage fût présenté au Festival International du Film Policier de Beaune 2014 où il remporta le prix du jury. « Les poings contre les murs » sortait dans nos salles françaises le 4 juin 2014.
Synopsis : Eric est un jeune délinquant violent prématurément jeté dans le monde sinistre d’une prison pour adultes. Alors qu’il lutte pour s’affirmer face aux surveillants et aux autres détenus, il doit également se mesurer à son propre père, Nev, un homme qui a passé la majeure partie de sa vie derrière les barreaux. Eric, avec d’autres prisonniers, apprend à vaincre sa rage et découvre de nouvelles règles de survie, mais certaines forces sont l’œuvre et menacent de le détruire …
« Les poings contre les murs » n’est pas un énième long-métrage sur la difficulté des milieux carcéraux. Même s’il s’agit d’un huis-clos dans une prison, le long-métrage se sert de cet espace comme un environnement à part entière, créant quartier, voisinage et autres chefs hiérarchiques. Puisque ce qui est au cœur même de ce récit, ce sont les différents personnages. La prison n’est qu’une excuse afin de les isoler sous un même toit où nul échappatoire n’est permis. Si le long-métrage insiste visuellement sur les blessures physiques, c’est bien de blessures psychologiques dont il est question. Sans jamais être moralisateur ou même moqueur, le scénario de Jonathan Asser, dont c’est le premier travail cinématographique, ne prend jamais position sur les actes et choix des personnages. Il livre ces personnages au spectateur de manière brut et sans filtre, ce qui peut expliquer cette sensation durant le visionnage entre coup de cœur et claque.
Alors qu’il s’est fait très discret dans « 300 : la naissance d’un empire », Jack O’Connell sublime et brutalise l’écran de manière extraordinaire. Son visage, son jeu d’acteur, ses poussées de folies ou bien encore son rire un poil sadique resteront dans les mémoires des spectateurs. Il est sans conteste la révélation et le pilier de « Les poings contre les murs ». Pour interpréter son père, on retrouve Ben Mendelsohn, aperçu récemment dans « The place beyond the pines ». L’acteur installe une force tranquille dès plus perturbante chez son personnage, qui le caractérisera très vite. Un véritable combat va s’imposer entre ce père et ce fils aux physiques et caractères bien différents. Là où la prison devrait séparer, elle rassemble. Piégé sous le même toit, les deux personnages se confronteront afin de chercher désespérément une réconciliation. La prison devient alors un espace de rédemption pour les conflits familiaux que nul tribunal ne peut résoudre.
Avec ce nouveau long-métrage, David Mackenzie livre un drame à la fois très brut et très doux dans sa réalisation. Certaines séquences se trouvent être très esthétiques, mettant souvent en scène un seul personnage comme dans une bulle qui n’appartiendrait qu’à lui, puis à côté de cela, des scènes plus tendues sont assurées par des choix d’angles et un montage offrant une véritable tension à l’ensemble. Les différents cadres lui permettent d’en dire beaucoup plus qu’avec de simple mot, usant de regard ou d’autres actions discrètes mais bien mis en avant par la réalisation de David Mackenzie. De même, la photographie de Michael McDonough apporte ce teint si particulier au long-métrage, filtrant la lumière naturelle et jouant énormément avec les couleurs jaunes et oranges, confirmant ce confinement si envoûtant. C’est ainsi que « Les poings contre les murs » se retrouve dans la position de ce long-métrage à la justesse impressionnante entre claque et coup de cœur.
« Les poings contre les murs », grâce à un scénario et une réalisation très soignés, offre au spectateur un drame carcéral où la question d’une possible réconciliation entre soi et autrui est au cœur de tout. Jack O’Connelle s’impose comme une révélation évidente.
Les poings contre les murs. De David Mackenzie. Avec Jack O’Connell, Ben Mendelsohn, Rupert Friend, David Ajala, David Avery, Sam Spruell, …
Sortie le 4 juin 2014.