Combat Shock

genre: inclassable, drame (interdit aux - 16 ans)
année: 1984
durée: 1h35

l'histoire: Franckie, vétéran du Vietnam, essaye de refaire surface dans une vie où il n'a plus sa place. Il voit son monde s'écrouler et parcourt les rues à la recherche d'un travail. Mais la ville est une jungle où Franckie ne tarde pas à perdre complètement pied.  

la critique d'Alice In Oliver:

Pour ceux qui ne connaissent pas Troma, il s'agit d'une société de production surtout spécialisée dans les séries B et les séries Z horrifiques, fantastiques et de science fiction. Les thématiques sont presque toujours les mêmes avec un grand intérêt pour le nucléaire, les ploucs, les bouseux et les personnages un peu loufoques qui se retrouvent transformés en monstres ou en zombies.
Troma s'est notamment fait connaître grâce à la saga Toxic Avenger, réalisée et produite par Lloyd Kaufman. Selon l'aveu du cinéaste lui-même, Combat Shock fait partie des rares bons films produits sous l'étiquette Troma, qualifiant carrément le long-métrage de petit chef d'oeuvre.

En l'occurrence, Combat Shock est réalisé par Buddy Giovinazzo en 1984. Il est vrai que le film se démarque des productions habituelles réalisées par Troma. Dans Combat Shock, il n'y a pas de zombies ni de mutants avariés et déformés par des radiations toxiques.
Pourtant, il s'agit bien d'une série Z, donc d'un film fauché, produit et réalisé avec les moyens du bord, soit trois francs six sous. D'ailleurs, difficile de classer Combat Shock dans une catégorie particulière. Il s'agit avant tout d'une oeuvre totalement inclassable, parfois expérimentale, qui prend surtout les allures d'un drame urbain.

Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS ! Franckie, vétéran du Vietnam, essaye de refaire surface dans une vie où il n'a plus sa place. Il voit son monde s'écrouler et parcourt les rues à la recherche d'un travail.
Mais la ville est une jungle où Franckie ne tarde pas à perdre complètement pied. A la lecture de ce scénario, la principale référence de Combat Shock se nomme Taxi Driver. Il est vrai que le film de Buddy Giovinazzo partage de nombreux points en commun avec celui de Martin Scorsese. Combat Shock suit aussi le quotidien d'un ancien vétéran du Vietnam, Franckie, qui erre désormais tel un fantôme dans les rues sordides de New York.

Certes, présenté comme cela, le scénario de Combat Shock n'a pas l'air très original. Pourtant, c'est le traitement opéré par le réalisateur qui fait toute la différence. Au niveau du style et de la mise en scène, Combat Shock ressemble à un film Underground, qui n'est pas sans rappeler la vague des Midnight Movies. Clairement, Combat Shock a un vrai côté "Lynchien".
On pense souvent à Eraserhead. C'est par exemple le cas lorsque Franckie rentre chez lui, en l'occurrence dans un appartement sordide qu'il doit partager avec sa femme et son très jeune gosse à la grosse tête déformée.

Mais Combat Shock possède d'autres influences, notamment Street Trash, Elmer le remue-méninges et Basket Case. Bref, Combat Shock oscille entre plusieurs styles, registres et genres, qui en font aussi un film unique et qui possède un univers qui lui est propre.
Il s'agit avant tout de présenter le quotidien d'un personnage sombrant peu à peu dans la folie et la schizophrénie. Certes, Franckie a quitté la jungle du Vietnam. Mais une fois de retour chez lui, il doit affronter un nouvel enfer: la jungle new yorkaise avec son lot de petites frappes, de drogués, de voyous et une famille pathologique.

A partir de là, Combat Shock aborde de nombreuses thématiques, entre autres, la drogue, le désespoir, la souffrance, l'incompréhension, la pauvreté, l'oubli et la mort. Derrière tous ces sujets, c'est bien l'existentialisme qui est en cause. Rien ne sert de vivre dans une société américaine rongée par les remords et la douleur. Les marginaux et les vétérans de la guerre n'ont pas de place dans cette même société. L'air de rien, le message de Combat Shock est courageux et presque révolutionnaire. Le film se distingue par une atmosphère désespérée, sombre et poisseuse.
En résumé, ne vous attendez pas à rire ou à regarder une production fun et déjantée comme Troma a l'habitude de réaliser. Bien qu'imparfait, Combat Shock reste une petite bombe et la fin (tout sauf un happy-end) risque de marquer pendant longtemps vos rétines.

note: 15.5/20