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Le Triomphe de la Volonté

Publié le 19 juin 2014 par Olivier Walmacq

triomphe de la volonté

genre: propagande
année: 1934
durée: 1h45

Synopsis: Un documentaire sur un congrès du parti national-socialiste à Nuremberg.      

la critique d'Alice In Oliver:

Attention, aujourd'hui, Naveton Cinéma aborde un "film" (je mets le mot volontairement entre guillemets...) pour le moins particulier. En effet, Le Triomphe de la Volonté, réalisé par Leni Riefenstahl en 1934, n'est rien d'autre qu'un film de propagande nazie, faisant l'éloge et la gloire d'Adolf Hitler et du IIIe Reich. Pourtant, au moment de sa sortie, Le Triomphe de la Volonté sera salué par de nombreuses critiques cinéma, considérant le film comme un chef d'oeuvre, voire même comme un futur grand classique du nobre Septième Art. Aujourd'hui, Le Triomphe de la Volonté continue à alimenter les débats et les polémiques.

Selon Jean-Pierre Delarge : « Chef d'œuvre de haine, de vanité provocante, d'orgueil démoniaque, mais chef-d'œuvre tout de même ». Certes, au niveau idéologique, Le Triomphe de la Volonté est un film qui pue profondément du derche. Pourtant, au niveau de la réalisation, de la mise en scène et d'un point de vue technique, le film est quasiment "irréprochable" (là aussi, je mets le terme entre guillemets...). Leni Riefenstahl utilise différentes techniques du langage cinématographique déjà éprouvées, notamment par Sergueï Eisenstein, mais aussi par le tout-venant des actualités.
L'usage des contre-plongées rendant héroïque le sujet cadré.

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Les contre-champ entre les dignitaires et les spectateurs (soldats, militants et civils) enthousiastes construisent un espace. Ensuite, par le passé, d'autres films de propagande ont triomphé eux aussi en leur temps. C'est par exemple le cas d'Intolérance, le film scandale et "raciste" (en tout cas, idéologiquement très douteux) de D.W. Griffith en 1916.
En l'occurrence, Le Triomphe de la Volonté est un film commandé par Hitler lui-même. D'ailleurs, le Führer est largement présent dans le film. D'autres personnalités bien connues et tristement célèbres du IIIe Reich sont elles aussi présentes: Joseph Goebbels, Hermann Göring, Rudolph Hess ou encore Heinrich Himmler. 

Pour le reste, Le Triomphe de la Volonté n'est pas vraiment un film dans la grande tradition du terme, mais plutôt et surtout un documentaire, encore une fois de propagande. Aujourd'hui, Le Triomphe de la Volonté fait partie des oeuvres "scandales". La raison ?
Encore une fois, beaucoup de critiques et d'intellectuels jugent les qualités esthétiques du film tout à fait brillantes. Pour l'anecdote, le documentaire propagandiste nazi à la grandeur Wagnerienne de Leni Riefenstahl a tant irrité le futur réalisateur George Steevens, qu'il a joint les rangs de l'armée dès le lendemain du visionnement en salle aux États-Unis. 

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Pourtant, trente ans après la sortie du film, Leni Riefenstahl a déclaré : « J'ai seulement montré ce dont tout le monde, alors, était témoin... À l'époque, on croyait encore à quelque chose de beau. Le pire était à venir, mais qui le savait ? ». Une telle déclaration pose à nouveau la question de l'Histoire, de la Mémoire et surtout de la Responsabilité, pas seulement du IIIe Reich, mais de tout un peuple. Ce qui confirme le travail de certains historiens sur le sujet douloureux des camps de la morts: tout le monde savait, contrairement à ce qu'affirme la réalisatrice du film.
A l'origine, Le Triomphe de la Volonté a deux objectifs. Le premier est de montrer la solidarité du Parti Nazi et d'identifier ses leaders.

Le second est tout simplement d'impressionner l'étranger via toute une série de défilés, de mouvements de foules et l'admiration portée sur la personnalité du chef, incarné ici par le Führer. La séquence d'ouverture fait d'Hitler un dieu descendu des cieux pour sauver le peuple allemand.
"Un dieu nouveau descendant du Walhalla", selon Mitry 
qui reprend l'analyse de Sadoul: ("L'avion du nouveau Messie se posait à Nuremberg.") qui, plus loin, parle de "pompeuse déification wagnérienne". Ferro évoque "l'avion du Führer qui descend du ciel tel le démiurge".
Bref, Adolf Hitler est considéré comme un Messie qui vient sauver le peuple allemand de la misère. 

nuremberg[1]

Déjà à l'époque, le film mise sur la jeunesse. A de nombreux moments, des enfants sont filmés de près. Le discours est déjà très clair: la jeunesse doit être forte. Elle doit porter l'Etat vers l'avant, quitte à prendre les armes pour se faire entendre. La seule solution est donc la marche en avant vers la domination. Pour la réalisation de La Triomphe de la Volonté, Hitler s’est réellement mis à la disposition de Leni Riefenstahl. A partir de là, le documentaire se concentre largement sur les discours du Führer, discours par ailleurs orchestrés comme de véritables pièces de théâtre.
Le ton, les mimiques et les gestuelles d'Hitler sont volontairement exagérés. Mais peu importe, l'image donne une vraie dimension (presque spirituelle) à ce dictateur en puissance. En résumé, Le Triomphe de la Volonté est la caricature même du film de propagande dans toute sa splendeur. Personnellement, je n'ose même pas qualifier ce film de "navet". Ce serait lui faire trop d'honneur.
En revanche, dans les tags, vous trouverez le tag "honte absolue". Paradoxalement, Le Triomphe de la Volonté a au moins un intérêt (c'est bien le seul): le film montre de quelle façon une dictature peut utiliser l'industrie cinématographique à des fins idéologiques douteuses et dangereuses. Pas de note pour ce film donc !


Le triomphe de la volonté 2 de Leni Riefenstahl... par SCHOUM1


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