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La Maison Rouge: monument pour un commissaire inconnu.

Publié le 25 juin 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

C'est un moment jubilatoire que cette visite à l'exposition "Le mur – collection Antoine de Galbert" à La Maison rouge à Paris. Le collectionneur et maître des lieux a, en effet, décidé de présenter sa collection constituée depuis une trentaine d'années. Pourquoi jubilatoire ? Parce que la conception de cette exposition a pris à contrepied les procédures connues dans ce domaine.

La Maison Rouge: monument pour un commissaire inconnu.

Le mur La maison Rouge 2014

Commissaire : G=E(g(X)) = fg(x)fx(x)dx

" Délaissant l’idée déjà explorée par certains commissaires d’expositions, d’un accrochage par ordre alphabétique, j’ai choisi de  présenter l’essentiel des œuvres de ma collection, s’accrochant au mur, à l’aide d’un logiciel renseigné seulement par leurs formats (encadrées) et leurs numéros d’inventaires. Ce travail a été confié à un informaticien qui a utilisé la méthode dite de Monte Carlo, bien connue des mathématiciens, qui vise à calculer une valeur numérique en utilisant des procédés aléatoires, c’est-à-dire des techniques probabilistes. L’appellation de cette formule fait allusion aux jeux de hasard pratiqués dans les casinos. "

Le visiteur découvre des œuvres accrochées sans distinctions de forme, de taille, de médium, d’histoire, de valeur commerciale ou de notoriété des artistes. Ont donc disparu dans ce protocole unique deux paramètres habituellement présents dans les expositions : le choix d'une partie des œuvres dans un ensemble (Pour garder un minimum de cohérence, seules les œuvres d’art moderne et contemporain de la collection y figurent), la conception réfléchie et soupesée d'un accrochage. Voilà certainement l'aspect le plus remarquable de cette exposition qui , pour autant, laisse sans voix pour la richesse quantitative. et qualitative des œuvres.

Accrochages sans accrochages

mur2

"Le mur- œuvres de la collection Antoine de Galbert" 2014

Avec une telle stratégie, fini le temps des accrochages tumultueux  où peuvent s'opposer, même avec courtoise tension, le commissaire d'exposition et les artistes, fini le conflit larvé entre les artistes eux-mêmes. Fini le temps où l'épouse d'un artiste exige la modification d'un accrochage pour les tableaux... des autres que son mari. Fini le temps des coups de sang des collectionneurs "Enlevez -moi çà !" Avec le commissaire inconnu, né des talents d'un ingénieur en informatique, les lieux d'exposition retrouvent une paix méritée.
Dans le cas de la collection Antoine de Galbert , le résultat impressionne. La mise en place des œuvres dans le joyeux désordre des tailles, des dates, des courants, des valeurs, des nationalités, pour ne citer que ces critères, a permis de constituer un mur où sont visibles plus de 1200 œuvres de 500 artistes forment un long ruban d’environ 3 mètres de haut et 278 mètres de long sur toutes les cimaises de la fondation. Le télescopage de ces découvertes ajoute à la surprise et nous oblige à accepter le contrepied permanent auquel  nous sommes soumis.
Faut-il, pour autant, réclamer la suppression définitive  de la fonction de commissaire d'exposition ? Le cahier des charges pour l'exposition d'une collection aussi riche et dense ne pouvait que contrarier la démarche d'un commissaire  qui se voit quasiment interdire de faire des choix. Ce que nous montre le "Mur" de la Maison Rouge est une somme très habilement organisée par le cerveau d'un ordinateur.  La contrepartie a été d'abandonner la présence de cartels pour réserver cette information à des présentoirs à tablettes tactiles incorporées. Une application i phone ou Androïd permet également sur place de suivre le parcours et ses informations.

"Le mur – collection Antoine de Galbert" mérite plus d'une visite pour apprécier un tel monument. Au pied du mur, le collectionneur a construit un rêve : celui du "désordre sinueux de sa tête".

Photos La Maison Rouge Marc Domage

"Le mur- œuvres de la collection Antoine de Galbert"
avec une intervention de Claude Rutault
exposition du 14 juin au 21 septembre 2014
La maison rouge
Fondation antoine de galbert
10 boulevard de la bastille
75012 paris


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