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Un thé à İstanbul, par Sébastien de Courtois

Publié le 27 juin 2014 par Romuald Le Peru @SwedishParrot

Un thé à IstanbulVoici une belle lecture comme on en trouve trop peu souvent. Un thé à İstanbul n’est pas réellement un récit de voyage, car on ne voyage que dans les villes dans lesquelles on n’habite pas (tout dépend de ce que l’on entend par habiter). En l’occurrence, l’auteur de ce livre, Sébastien de Courtois, ne voyage pas à İstanbul car il s’y est installé. Journaliste sur France Culture, spécialiste des Chrétiens d’Orient, l’auteur ne cache pas que son amour pour la ville tient à sa passion personnelle, ainsi qu’à sa foi. Ce récit de ville, tel que l’indique le sous-titre, est une virée dans une ville qu’il connaît bien et dans lequel on le sent vibrer au rythme des rencontres qu’il y a fait, de l’amour qu’il y a trouvé et certainement perdu, et de toutes ces petites choses qui racontent le chant d’une terre traversée par une histoire aussi douloureuse que riche.
C’est à ces rencontres qu’il nous convie, jusque dans son appartement dont il n’est pas vraiment le propriétaire, puisque les étrangers ne peuvent l’être. Son histoire, c’est aussi l’histoire d’une navigation à vue dans cette ville fascinante et qui appelle celui qui vient la découvrir à s’engouffrer dans ses petites rues, dans ses petites histoires aussi bien que dans la grande, à habiter sa langue et à devenir stambouliote.

Je me dois à une certaine franchise. Lecteur, je t’écris d’une île. Oh, pas une de ces îles que l’on imagine en fermant les yeux et dont les reflets s’en vont avec la rosée. Non, une île bien réelle, la plus grande, la plus belle, l’avant-dernière de ce chapelet d’îlots qui se trouve à une heure et demie à l’est de la pointe du vieux sérail. Par temps clair, ils apparaissent dans le paysage d’Istanbul, comme s’il était possible de les toucher. Dès les premières brumes, ils s’effacent, avant de disparaître complètement. Je précise bien : l’avant-dernière des îles, car il y en a plusieurs et l’une d’elles, la plus petite, s’appelle Sedef Adası, l’« île de la nacre », avant le rocher de Léandre, repos des cormorans. Un mystère, une île aux rares maisons où l’on ne se rend que sur invitation. Certaines cartes ne la mentionnent même pas. Aucune ligne régulière de vapur ne la dessert. Comme si elle n’existait pas.

Sébastien de Courtois, Un thé à İstanbul, récit d’une ville
Le Passeur éditions, coll. Chemins d’étoiles, 2014


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