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Jimmy’s Hall : de toute évidence, Ken Loach sait fabriquer des films !

Publié le 02 juillet 2014 par Tempscritiques @tournezcoupez

Ken Loach revient sur les écrans avec sa dernière oeuvre fictive, Jimmy’s Hall. Un film sur les convictions, la religion, et les idées progressistes, qui fait (un peu trop) écho aux autres films du cinéaste.

Jimmy's Hall Affiche Horizontale

Nous sommes dans les années 30, dans un petit village du comté de Leitrim, en Irlande. Après quelques années d’exil aux Etats-Unis, Jimmy Gralton revient en terre natale pour s’occuper de sa mère, et de la ferme familiale. C’est donc un nouveau film en costume pour Ken Loach, le cinéaste anglais qui s’est offert, dirait-on, une carte d’abonnement au Festival de Cannes. En effet, voilà des années que Loach présente chacun de ses films – presque tous – sur la Croisette. En 2006, il pouvait se vanter d’y glaner la tant convoitée palme d’or, avec son bouleversant drame, Le Vent se Lève.

Jimmy’s Hall aurait probablement été un grand film s’il n’avait pas déjà partiellement existé.

Et cette année, Ken Loach était donc de nouveau de passage au Festival pour y dévoiler ce qu’il présentait comme étant sa dernière œuvre fictive. Très attendu par la presse, Jimmy’s Hall repartait toutefois bredouille après la remise des prix, le 24 mai dernier. Même si Loach ne réalise que rarement de mauvais films, la puissance de ses films reste variable. A titre d’exemple, La part des anges, bien qu’imprégnée de bonne humeur et inspirant une forte sympathie, ne nous avait pas laissé pour autant la sensation d’une œuvre marquante dans la carrière du cinéaste. Avec Jimmy’s Hall, c’est un peu le même problème. Avec l’expérience qu’il a acquise de films en films, Ken Loach maîtrise encore une fois très habilement son sujet, sa caméra et ses comédiens. Du point de vue de la mise en scène, le film est presque irréprochable. La légèreté et la fluidité des récits du cinéaste sont devenues les marques de fabrique et la force du cinéaste, qui évitait ainsi tout pathos et rendait la vision de ses films d’autant plus agréable. Mais paradoxalement, c’est aussi ce que l’on reproche aujourd’hui à ce Jimmy’s Hall, qui n’est autre qu’un mélange des propos que Loach a tenu tout au long de sa filmographie : la promulgation des idées progressistes, la critique des étriques politiques et religieuses, et la ferveur des convictions. D’ailleurs un peu tout ce qui ornait déjà Le Vent se Lève, lui totalement dépourvu de légèreté. Le savoir-faire de Ken Loach n’est donc pas du tout remis en cause : de toute évidence, Ken Loach sait comment « fabriquer » ses films. Mais, malgré les qualités certaines de réalisation, on regrette l’absence d’un regard et d’un discours novateur. Jimmy’s Hall aurait probablement été un grand film s’il n’avait pas déjà partiellement existé, et si nous n’avions encore rien vu du cinéaste. Ce qui permet d’affirmer que, pris individuellement et sans connaissance du travail de réalisation de l’auteur, Jimmy’s Hall mérite bel et bien l’attention et les faveurs du public. Mais nous aurions juste tant aimé que le cinéaste britannique, surtout pour sa dernière œuvre, évite de trop faire écho à ses précédents films, clôture sa filmographie par un uppercut, et nous tienne une démonstration autre que celle que l’on connaît hélas déjà.


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