Tant de blogs et d’articles de journaux encensent ce premier roman de Julia Kerninon que c’est avec curiosité, envie d’ un coup de cœur et crainte d’une grosse déception que j’ai commencé ce livre.
Conclusion: je n’ai pas été déçue (j’ai aimé ce récit frémissant et tendu) - Pas totalement éblouie non plus (je ne me suis pas sentie assez proche des personnages) mais admirative certainement, devant une telle maîtrise de la composition et un style aussi précis qu’imagé, sec et nerveux à la fois. Ce que j’ai préféré plus que tout dans ce roman? Que la lecture et l’écriture soit si intensément au centre du récit.
De quoi s’agit-il ? D’un rencontre entre deux êtres à l’enfance malmenée et misérable qui s’en sortent par l’écriture, la lecture, l’imagination, la création et qui passent deux mois d’été ensemble, seuls dans la propriété anglaise de Caroline N. Spacek, écrivaine célèbre de 39 ans qui vit là en recluse et qui, contrairement à son habitude, a accepté d’être interviewée parLou, un jeune étudiant de 24 ans qui vient de lire son œuvre intégrale. Elle aura besoin de neuf semaines pour terminer le récit de sa vie qu’elle enregistre au dictaphone, en présence d’un Lou ébloui et reconnaissant.
J’étais en train de finir mon dernier (roman) quand mon amant, Piet, m’avait pris dans ses bras pour me demander ce qui m’arrivait – et c’était tellement difficile à expliquer que j’avais commencé à penser qu’il faudrait que je trouve un moyen de parler à Caroline N. Spacek. Lui faire ouvrir les doigts. Savoir ce qu’elle dissimulait au creux de sa paume.
Il ne s’attendait pas à trouver une personnalité aussi forte et fragile à la fois, si proche de lui par certains côtés mais si meurtrie, si entière et si mystérieuse. Le dernier paragraphe est révélateur de ce qui lui arrive peut-être par la suite mais que faut-il comprendre exactement? [Suite blanchie pour ne pas spoiler] (Ces fils barbelé électrifiés, ces chiens affamés?) Qui veut bien m’en donner sa version?
Ce livre a reçu le Prix Françoise Sagan.
Buvard. Une biographie de Caroline N. Spacek. Julia Kerninon, (La brune au Rouergue, 2014, 200 pages)
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