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Le voyageur

Publié le 05 juillet 2014 par Lorraine De Chezlo
LE VOYAGEURde James Smythe
Science Fiction - 340 pages
Editions Bragelonne - avril 2014
Cormac Easton est journaliste. Il a été recruté pour faire partie de l'équipe qu ia la chance de participer à ce grand projet spatial financé par les plus grandes multinationales : de parvenir plus loin qu'aucun humain n'a jamais été de la Terre, à bord du vaisseau Ishiguro. Cormac est dissimulé dans la double paroi du vaisseau spatial. De là, il observe son double. Et ce qu'il observe, il l'a déjà vécu : la mort de Wanda, la mort de tous les autres membres de l'équipage d'ailleurs, l'impossibilité d'accéder à la commande permettant au vaisseau de faire demi-tour, sa blessure au bras... Le vaisseau spatial file à travers l'espace, le néant, le silence, et Cormac est seul, mais en vie. Son double est bien là.
La lecture de ce roman est déroutante. Par le prétexte de la science fiction et de l'épopée spatiale futuriste, l'auteur nous plonge dans un huis clos au milieu du néant, en brouillant tous nos repère spatiaux temporels. Et en brouillant aussi nos repère scientifiques et philosophiques. Qui est le narrateur ? Quelle est réellement sa situation ? Rêve, Souvenir ? Anticipation ? Omniscience ? Tout se mêle. Si le temps s'étire à bord du vaisseau, on a hâte d'y voir plus clair, de palper une explication concrète, d'envisager autre chose que le néant intersidéral.
Extrait :"Une de mes premières réactions quand j’ai compris que je ne reviendrais pas – une fois les autres membres d’équipage rangés dans leur caisson comme des jouets figés par le vide – a été de rédiger une liste de tous les gens que je ne reverrais plus. Pour me noyer, me vautrer dans la perte. Je m’appelle Cormac Easton. Journaliste et, a priori, astronaute. J’étais chargé de la communication du vaisseau avec la Terre ; je produisais des vidéos et des articles que j’expédiais ensuite à qui de droit. Impossible de savoir au bout de combien de temps les informations arrivaient à bon port – si elles y arrivaient vu la distance et les interférences –, mais le boulot était fait. J’ai envoyé la liste comme les autres rapports, partant du principe qu’ils sauraient quoi en faire là-bas, qu’ils accepteraient une touche plus personnelle. La liste était longue. Elena occupait la première place : elle me manquait déjà avant le lancement. Les derniers jours, j’avais tenté de la joindre en vain, lui laissant quantité de messages pour lui décrire mes sentiments, parce que c’était ça, mon travail, cette mission, qui avait détruit notre couple. Je voulais savoir si elle m’accorderait une deuxième chance à mon retour. Il ne faut jamais perdre espoir, pas vrai ? Quand j’ai compris qu’il n’y aurait pas de deuxième chance, c’est devenu très différent. Elle ne me manquait plus ; je suppose que j’étais désespéré, ou tout autre adjectif servant à décrire ces moments où l’on voit sa vie partir en lambeaux. Je n’en ai pas parlé au reste de l’équipage, pour ne pas les mettre mal à l’aise ni leur gâcher le lancement. Ma douleur circulait dans mes messages." 
Alors on se raccroche aux souvenirs du narrateur, homme mystérieux, mais qui, à travers le récit de sa période pré-expédition, lorsque sur Terre, il a postulé, lorsqu'il a fait face à la tristesse et la déception d'Elena, lorsqu'elle a disparu... Si le quotidien à bord est un peu évoqué, c'est la double situation de narrateur et d'acteur double qui vraiment n'est pas aisée à maîtriser. Ni de comprendre ce qui a conduit le narrateur à cette situation, le phénomène qui l'enferme dans une boucle de temps qui se répète inlassablement. Difficile d'admettre avoir été déçue par ce livre, tout en reconnaissant indéniablement l'intérêt de cette histoire dramatique, cette réflexion sur la vie, le vécu, le clonage, la manipulation. Et ces passages qu'on a presque l'impression de relire, mais qui petit à petit nous distillent de nouveaux indices, nous présentent de nouvelles pièces du puzzle.Un roman de fiction atypique, insaisissable, à l'écriture agréable mais au scenario alambiqué._____[merci à Babélio !]
L'avis de Sandrine - Mes imaginaires
Lire la première trentaine de pages - Issuu

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