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Comme un père, Laurence Tardieu

Par Laurielit @bloglaurielit

comme un pereCe livre est le premier roman de Laurence Tardieu. Elle y aborde déjà des thèmes qui lui sont chers, la relation parent-enfant, la mort, la difficulté de communiquer... et encore une fois, elle frappe fort et juste. Pour ma part je l'ai découvert avec Rêve d'amour, puis la confusion des peines, tous les deux simplement bouleversants. Je n'ai pas été déçue avec cette 3e découverte.

Louise a 25 ans. Elle est sculpteur, en couple, timide, refermée sur elle-même, pleines d'émotions, de cris, de douleurs. Louise a perdu sa mère dans un accident de voiture et son père est emprisonné depuis vingt ans. Elle reçoit une lettre de cet homme, ce père qu'elle n'a pas connu et n'a jamais considéré comme tel. Cette lettre est un appel à résidence lui demandant de l'héberger quelques jours à sa sortie de prison. Le roman est donc basé sur le retour (non voulu) de ce père (non considéré) dans la vie de Louise. Ce roman est proche de l'histoire personnelle de l'auteure qu'elle dévoile dans la confusion des peines, le décès de sa mère et un père emprisonné.

A travers son écriture concise et incisive, Laurence Tardieu m'a encore une fois embarquée dans la tête & le corps de Louise. Louise est perdue, elle n'a plus de mère, n'arrive pas à parler à son ami et des émotions et sentiments se bousculent dans son corps et dans son coeur à l'arrivée de ce père. Ce père m'a touché dans sa volonté de découvrir sa fille et dans cet appel silencieux (trop silencieux et sûrement aussi trop tard) à l'amour. En toile de fond, l'univers de la prison est évoqué, ce non-lieu où l'être n'est plus humain, réduit à rien, où même la liberté ne signifie rien. Cet homme est perdu, il cherche sa fille...mais sa fille a évolué sans lui, a mis son souvenir dans une boîte et sait que le raviver, c'est lui faire mal. Alors Louise est abrupte avec cet homme, en a parfois peur, se surprend à l'aimer aussi. Louise a peur de ses sentiments, navigue entre de nombreuses émotions contradictoires et son amie Ana l'aide avec beaucoup de douceur. J'ai également aimé le rapport au métier de sculpteur de Louise et la manière dont elle en parle, moi qui dans mon quotidien en est très loin.

L'alternance de la première personne du singulier, le "je" quand Louise raconte et de la 3e personne du singulier "Elle"  joue sur le rapport que le lecteur entretient avec la narratrice, un coup très proche d'elle, en elle, une autre fois plus éloigné, comme amené à prendre du recul...Cela m'a parfois perturbé dans ma lecture mais j'ai aimé être bousculé et devoir jouer avec ce rôle là. Et enfin la fin...quelle fin...que je ne vous dévoilerai pas bien entendu mais une fin coup de poing que manie si bien Laurence Tardieu.

Une auteure délicate et juste, à découvrir d'urgence et dont j'attends le prochain titre avec impatience! (et même que mon gentil libraire m'a proposé de le présenter devant le réseau des médiathèques et clients de la librairie en Août, gniiiiiiiiii)

Quelques phrases :

"Et le temps, le temps, jamais je n'en ai assez, je cours après lui, il se dérobe, j'essaie de prendre de l'avance, mais de l'avance sur le temps quoi de plus absurde."

"C'est comme les enfants. Ma grand-mère le répétait sans cesse. Un jour ils s'en vont, et tout redevient silence. les larmes, les couches, le caca, les berceuses, on se demande, tout cela a-t-il vraiment existé? La création, l'amour, même destinée : des hôtes de passage. Au bout, la solitude. Le rien."

"Comprendre, pas comprendre. C'est difficile de comprendre les autres, la tentation est parfois forte de les vouloir comme nous."

Et retrouvez une interview (oui oui) de mon auteur chouchou sur le blog de charlotte, l'insatiable (chanceuse!) en cliquant ici


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