Il faudrait aller voir ce film sans rien en savoir. L’effet d’étrangeté serait plus fort encore que ce que l’on ressent : peu de texte, une musique lancinante, un personnage qui semble ne rien sentir, qui apprend petit à petit la chaleur ou le froid, qui observe et copie, sans assimiler immédiatement le sentiment, le désir. Qui ne s’intéresse qu’aux hommes seuls, sans famille, sans ami, et les emmène dans des lieux mystérieux dont nous ne connaîtrons pas le mode d’accès. Avec ce personnage, qui a l’apparence d’une femme (Scarlett Johansson), nous découvrons nos villes, nos bruyants centres commerciaux, nos maquillages et nos solitudes, les espaces anonymes où nous serrons nos corps dans des mouvements rythmés par des musiques sourdes, nos violences. Mais nous sommes des humains, et quelquefois nous éprouvons des sentiments, un besoin d’aide, et c’est tentant d’essayer ça aussi. Au risque de se perdre hors des villes, et de s’y brûler.
Jeu de briques
Snake
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